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Angleterre-France : Le XV de France version Dupont va-t-il « payer pour apprendre » jusqu’à la fin des temps ?

De notre envoyé spécial sur la terre maudite,

Peut-être qu’on porte avec nous une conviction pleine de suffisance et d’aveuglement sur « la meilleure génération du rugby français », celle qui vit tellement au-dessus de ses moyens qu’elle facture toujours un seul Grand Chelem après cinq ans d’expérience collective sur la flèche du temps chère à son sélectionneur. Cinq ans, et l’impression parfois, que cinq jours, ce serait du pareil au même. Les Bleus d’Antoine Dupont, qu’on regarde avec les yeux de Chimène avant chaque tournoi, continuent de répéter les mêmes erreurs avec une obstination qui frise le respect, franchement.

Une équipe qui aime se saborder

En y repensant, la boulette du même Dupont face aux Anglais qui avait coûté le tournoi 2020 à la France – Un dégagement en touche alors qu’il manquait dix secondes pour la fin du match, bonus défensif offert à l’adversaire – résonnait comme une forme d’avertissement sinistre : cette équipe, avec toutes ses qualités, se saborderait encore et encore, d’accord d’accord, quand elle devrait être au sommet de sa maîtrise collective, ou pas loin.

De ce point de vue là, le discours tricolore à la sortie de la déconvenue du jour laisse perplexe. Ainsi, François Cros, déplorait que les Bleus « aient payé pour apprendre », espérant que cette défaite leur serve « pour être plus tueurs dans le futur ». Rien contre le troisième ligne toulousain, mais comment peut-on parler d’une équipe de France en apprentissage face à une nation en plein doute, qui alignait un numéro 10 à zéro sélections, un banc de vieux grognards momifiés et aucun buteur digne de ce nom ?

Le pauvre Thomas Ramos, auteur de son pire match en sélection depuis un bail, a pris pour tout le monde, quand il a lui aussi regretté de « ne pas avoir su tuer l’adversaire ». Sérieusement, Thomas, cette équipe a ENCORE besoin d’apprendre ? « La preuve que oui, ce soir. Mais ça fait chier d’employer ces mots pour notre équipe, parce qu’on est une équipe qui mérite mieux que d’apprendre après des matchs comme ça. On apprend que quand tu affrontes une équipe de ce niveau, si tu ne marques pas les essais qui te tendent les bras, c’est difficile de gagner derrière. Malheureusement, ce soir, on a cette leçon à tirer ».

« On mérite mieux que de continuer à apprendre »

Leçon qu’on aurait déjà dû tirer après la défaite contre l’Afrique du Sud en Coupe du monde, nous semble-t-il, tant elle avait reposé sur les mêmes scories : incapacité à marquer assez au regard du nombre d’occasions créées, faiblesses identifiées sur le jeu aérien, et mauvaise gestion des fins de match.

Disons-le tout net, l’Irlande n’aurait JAMAIS perdu ce match après être repassée devant à cinq minutes de la fin, pendant qu’Auradou, sélectionné malgré le contexte que l’on sait, égarait non pas un, non pas deux, mais bien TROIS renvois successifs qui permettaient à chaque fois aux Anglais de planter. Ne nous acharnons pas sur le deuxième ligne palois, cela dit, puisqu’un copain se serait sans doute sacrifié à sa place pour commettre l’irréparable, tel un Sébastien Vahaamina des grands jours.

Croire encore à la victoire dans le tournoi

Bien sûr, il reste encore trois matchs, et comme Thomas Ramos, on va y retourner le poitrail en avant à Rome puis à Dublin, en s’accrochant à une hypothétique victoire le dernier jour face à l’Ecosse à la maison. « Si on arrive à remporter ce tournoi, se dire qu’on ne fait pas le Grand Chelem, honnêtement, on n’y pensera même pas. Ce qui est important et on le répète tous, c’est de gagner des titres, que ça soir un Grand Chelem ou un tournoi sans Grand Chelem, c’est quand même un titre, donc on va essayer d’aller jusque-là ».

En se nourrissant de la frustration de Twickenham, certainement, et en reproduisant les séquences « ambitieuses et intéressantes pour la suite », dixit Galthié, qui nous a brièvement ramenés au temps des fameuses défaites encourageantes qui jalonnaient le chemin de croix du XV de France dans les années 2010. Merci, mais on aimerait éviter, Fabien.