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Affaire des matchs truqués par des joueurs de tennis belges : voici ce que signifiaient les messages envoyés aux joueurs et ce qu’ils pouvaient gagner

L’affaire des matches de tennis truqués, impliquant 28 personnes dont sept joueurs belges, pourra bien être jugée, “malgré des failles dans le dossier”

Les joueurs étaient approchés pour perdre un match, un set ou un jeu, et se conformer moyennant paiement à un résultat fixé à l’avance. Dans le même temps, des paris étaient lancés sur ces matches par des “petites mains” recrutées par les organisateurs, pour des gains garantis.

Dans son réquisitoire, le représentant du parquet fédéral a réclamé cinq ans de prison ferme à l’encontre de Grigor Sargsyan, la peine la plus sévère. Surnommé “Maestro”, cet Arménien de 32 ans est considéré comme le chef d’orchestre de la fraude. Selon l’accusation, il était en contact avec “un réseau international de 181 joueurs” afin de “manipuler des matches”.

Jusqu’au bout, “Maestro” a gardé son droit au silence. Mais les quatre téléphones -un or, un argent, un blanc, un noir-, saisis en 2018, eux ont été bavards. ” C’est pas parce qu’ils ont été trouvés chez lui qu’ils lui appartiennent”, a tenté son avocat.

Les enquêteurs flamands n’ont pas eu besoin de chercher loin pour décrypter les messages de “Maestro”. ” 1er, + 3d égal 1,2+500” Soit “perdre le premier et le 3e, 1 200 euros et 500 euros”, rapporte L’Équipe qui a assisté aux audiences. Les joueurs avaient plusieurs propositions, à marier à leur guise. Ils choisissaient, comme dans un catalogue. C’est ce qu’étaye l’accusation. “Maestro” avait une prédilection pour les matches de doubles.

Une vaste affaire des matchs de tennis truqués, impliquant sept joueurs belges, sera jugée fin avril

Arthur De Greef, ex 113e joueur mondial, le meilleur des accusés et repéré sous le pseudo “La Griffe”, nie avoir reçu effectivement un message via un numéro hollandais lui proposant de perdre un obscur double non filmé” deux sets à zéro, 1-6 le dernier set” – ce qui fut bien le score en huitième de finale du challenger de Meerbusch, Allemagne, rapporte toujours L’Équipe. Un peu partout en Belgique, des petites mains, alertées par le réseau, parièrent de 10 à 25 euros, parfois en direct, parfois après avoir prêté leurs papiers.

Des peines allant jusqu’à trois ans ferme ont été requises contre les complices présumés chargés des paris ou des transports d’argent, a précisé à l’AFP un des avocats, Walter Van Steenbrugge. Un an ferme a été requis contre les sept joueurs poursuivis, tous Belges et qui clament leur innocence, selon cet avocat qui défend trois d’entre eux.

Pour mes clients, il n’y a jamais eu de preuves qu’ils ont perçu de l’argent”, a dit Me Van Steenbrugge, plaidant également le dépassement du délai raisonnable de jugement. “On doit s’expliquer sur des matches qui remontent à six ou sept ans, c’est difficile pour les joueurs de trouver des éléments à décharge”, a-t-il poursuivi.

La seule procédure judiciaire belge concerne “au moins 375 matches” présumés manipulés. En parallèle une enquête a été ouverte en France, en 2019, par le Parquet national financier, visant aussi une fraude en bande organisée. Les investigations ont conduit à l’interpellation de plusieurs joueurs français, dont Jules Okala et Mick Lescure, définitivement interdits de toute compétition fin 2022.