Vincent Cerutti jugé pour avoir mordu une collègue : un « jeu potache »
Vincent Cerutti est jugé au tribunal correctionnel de Paris pour deux agressions sexuelles, ayant eu lieu en novembre 2015 et février 2016, concernant des morsures sur les fesses de l’ancienne collaboratrice Caroline B. La procureure a réclamé une peine de six mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende, estimant que les deux morsures avaient une « connotation sexuelle évidente ».

Au tribunal correctionnel de Paris,
« – Vous vous rappelez avoir mordu les fesses de Madame ?
– Oui, oui, je ne l’ai d’ailleurs jamais nié.
– Pourquoi l’avoir mordue ?
– C’était un jeu qui s’appelait – désolé, M. le président, pour mon langage – « tout cul tendu mérite son dû », mais qui n’avait aucune connotation sexuelle ni vocation à faire mal. »
Cette déclaration a ouvert, ce mardi après-midi, l’audition dans la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris de Vincent Cerutti, animateur de télévision. Agé d’une quarantaine d’années, vêtu d’une veste grise, d’une chemise blanche et avec une barbe de trois jours, il est jugé pour deux agressions sexuelles, portant sur des morsures infligées à une ancienne collaboratrice, Caroline B., en novembre 2015 et février 2016. Pour ces faits, le procureur a requis six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende.
« Inapproprié mais bon enfant »
Vincent Cerutti reconnaît avoir « mordu une ou deux fois », mais assure qu’il s’agissait d’un « jeu potache », « débile » au sein de son équipe, un « peu comme un chat bite ». Il qualifie ces actes d’« inappropriés mais bon enfant ». Celui qui était alors le présentateur phare de la matinale de Chérie FM évoque des témoignages de nombreuses femmes, y compris extérieures à son équipe, et d’un homme, affirmant tous avoir été mordus par lui. « C’est pulsionnel ? », demande le président. Vincent Cerutti, visiblement mal à l’aise et scrutant ses avocats du regard, rejette cette accusation. « Mais les fesses, ce n’est pas anodin », souligne le magistrat. Vincent Cerutti répond : « Je sais que ça peut paraître surprenant », tout en affirmant qu’il n’y avait jamais « la moindre connotation sexuelle ».
« C’est impensable, j’ai toujours été très proche des femmes […] et j’ai la modestie de dire que je suis féministe », se défend l’animateur. Il ajoute avoir lui-même été mordu par plusieurs membres de son équipe, y compris par Caroline B. Cette dernière dément cette affirmation. Elle admet avoir entendu, dans les couloirs de la radio, l’expression « tout cul tendu mérite son dû », mais précise que cela faisait référence à de légères « tapes » sur les fesses. « Je n’ai vu que M. Cerutti mordre l’équipe », maintient-elle, droite à la barre, avec un chignon strict et un gilet d’apparence classique.
Un hématome « très impressionnant »
Caroline B. raconte que la première agression s’est produite dans son bureau. Agacée par Vincent Cerutti qui avait mis ses pieds sur son bureau, elle lance une de ses chaussures à travers la pièce. Presque immédiatement, elle se retrouve au sol, les mains dans le dos, ressentant une douleur intense au niveau de la fesse gauche. La souffrance la pousse à crier, ce qui provoque l’intervention d’un collègue. Vincent Cerutti admet avoir mordu, mais conteste les circonstances. « La plaignante avait sûrement le fessier penché au moment des faits », avance-t-il.
Cependant, sa version est contestée par un élément probant : Caroline B. a photographié l’hématome, qualifié de « très impressionnant » par le président, mesurant entre 5 et 10 cm selon le juge d’instruction. Confronté aux images, Vincent Cerutti montre des signes de gêne. « Ces photos, elles existent mais je ne sais pas si j’en suis l’auteur, car nous participions tous à ce jeu », répète-t-il. Il nie également la seconde agression, qui se serait produite lors d’une photo de groupe. « Les témoins directs ne dénoncent pas une agression sexuelle », affirme Me Antoine Vey, l’avocat de l’animateur. Caroline B. attribue cette absence de réaction au statut de Vincent Cerutti en tant qu’animateur-vedette, qui lui conférait une certaine immunité.
Six mois de prison avec sursis requis
Tout au long de l’audience, Vincent Cerutti tente de suggérer que la plainte de Caroline B. serait une vengeance liée à son licenciement. « Il a fallu qu’elle invente une histoire pas possible », déplore-t-il, faisant état de la perte de tous ses contrats. Toutefois, Caroline B. souligne qu’elle a également vu sa carrière interrompue après avoir dénoncé ces faits, ce qui l’a plongée dans une profonde dépression.
« Ces deux morsures ont une connotation sexuelle évidente », a déclaré la procureure, réclamant une peine « lourde » pour « avertissement ». Elle a également souligné l’existence d’une « omerta » dans le milieu, notant les « déclarations constantes » de Caroline B. « corroborées » par des témoignages. Après près de huit heures d’audience, le jugement sera rendu le mercredi 4 février.

