Un faux trader fortuné escroque 70 victimes dont l’actrice Véronique Jannot : « Ce type nous a volé nos vies »
Un quinquagénaire suisse est poursuivi pour abus de confiance et escroquerie depuis mai 2024. Il est suspecté d’être à la tête d’une vaste organisation à la Madoff, comme le rapporte Le Parisien à la suite des révélations parues le 24 janvier dans la Tribune de Genève et sur la RTS.
Un faux trader fortuné
Au total, l’homme aurait fait près de 70 victimes : des Français, des Suisses et des Belges, dont l’actrice Véronique Jannot. Le préjudice se situe entre 8 et 15 millions d’euros, selon les premières estimations. Le suspect aurait agi durant une dizaine d’années. « Certaines victimes ont tout perdu. L’un vit aujourd’hui dans sa voiture. Un Belge, traité pour son cancer, n’a plus les moyens de financer son traitement. Ce type nous a volé nos vies », s’est exclamé l’une des victimes.
L’homme, un financier qui aurait été patron du site de rencontres Swissflirt, se serait fait passer depuis 2014 pour un trader devenu riche en gérant parfaitement la fortune de sa femme grâce à un algorithme infaillible. Ses réseaux sociaux, remplis de photos dans les palaces et les restaurants étoilés, servaient de preuves de sa richesse.
Il copie Madoff
Mais en réalité, l’escroc présumé aurait fonctionné de la même manière que Madoff. Il aurait eu recours à une pyramide de Ponzi, un système dans lequel les rendements promis aux premiers investisseurs sont financés par l’argent apporté par les nouveaux.
L’homme aurait très bien travaillé son arnaque, proposant des rendements jugés réalistes autour de 6 à 12 %, communiquant avec assiduité via une newsletter et profitant du Covid pour exploiter les milieux antivax et ésotériques. De cette manière, avec son épouse, il aurait mené durant plusieurs années un train de vie estimé à 100.000 euros par mois. La perquisition a d’ailleurs permis de retrouver 215 paires de chaussures et 415 sacs à main.
Plaintes et dénégations
Cependant, le système du quinquagénaire a fini par s’effondrer. Dès 2019, une première victime n’ayant pas réussi à récupérer ses 300.000 euros investis a porté plainte à Genève. L’année suivante, c’est une seconde victime qui a porté plainte dénonçant la perte de 1,1 million d’euros. Si la police fédérale suisse s’était saisie du dossier, transmis ensuite au parquet de Genève, l’affaire aurait été retardée par des manquements de la première procureure puis par l’arrivée de nouveaux plaignants.
L’homme a finalement été arrêté et placé en détention provisoire à Genève, en raison « du risque de fuite ». Sa femme, qui serait nécessairement impliquée selon l’une des victimes, n’a pas été inquiétée judiciairement. « Elle a toujours été persuadée d’être mariée à un financier honnête et prospère », a d’ailleurs assuré Me Jamil Soussi, son avocat. Aujourd’hui, les victimes envisagent d’attaquer l’État suisse.