Le string Y ne fait pas son retour dans la mode.
Hailey Bieber a exhibé le string Gucci créé par Tom Ford lors de la soirée Men of the Year de GQ. D’après Vogue Business, sur les 9.038 looks présentés lors des défilés printemps-été 2026, 97,1 % étaient des silhouettes ultra-minces, à savoir des tailles comprises entre le 32 et le 36.
Notification mode : le string fait son retour. Il n’a fallu qu’une soirée – et une photo – pour raviver cette tendance des années 2000 que certains auraient préféré laisser de côté. Ce comeback est attribué à Hailey Bieber. Lors de la soirée Men of the Year de GQ, le mannequin a porté sous sa robe noire scintillante au dos plongeant le célèbre string Gucci conçu par Tom Ford à la fin des années 1990. Ce morceau de tissu avait provoqué un scandale à l’époque, devenant le symbole d’une esthétique « porno chic ».
Cette période était caractérisée par des campagnes de mode provocantes, une hypersexualisation du corps féminin et des collections en filet de pêche et en transparence. « Ces images très sexuées ont progressivement été évincées, mais on observe aujourd’hui un certain revival », analyse Thomas Zylberman, styliste et tendanceur chez Carlin Creative. Ce phénomène serait, selon l’expert, lié aux attentes autour de l’avenir de la maison Gucci, désormais sous la direction artistique de Demna. La tenue choisie par Hailey Bieber pourrait donc s’inscrire dans ce cadre, suscitant des questions sur le retour d’une mode plus suggestive.
La mort annoncée du quiet luxury
Hailey Bieber n’est pas la seule à faire renaître cette tendance. Les récents looks de Beyoncé, Tyla, Kylie Jenner, Emily Ratajkowski, ou Teyana Taylor témoignent également de ce renouveau. Ce retour de l’engouement est aussi associé à l’émergence, depuis plusieurs saisons, du style Y2K, marqué par les tailles basses, les robes nues et les coupes suggestives. Cette tendance a été observée sur les podiums de Philipp Plein, Dolce & Gabbana, Diesel, The Blonds, ou encore Versace. Deux ans après l’établissement du quiet luxury, certaines semblent ressentir le besoin de dynamiser leur garde-robe avec des pièces tout en contraste avec cette mode trop… policée.
« Nous avons été en mode quiet luxury pendant presque trois saisons, avec des cols roulés en cachemire beige et des jupes plissées en flanelle grise. Cela commençait à devenir un peu insipide, un peu ennuyeux pour tout dire », explique Thomas Zylberman. Il s’agit donc d’insuffler un nouveau souffle à la mode, avec des pièces plus sexy, provocantes et sulfureuses, qui mettent en avant des corps plutôt parfaits. En effet, le retour de cette tendance est directement lié à un autre phénomène, qui pourrait déplaire : le retour de la maigreur sur les podiums et des corps sveltes et musclés qui abondent sur les réseaux sociaux.

« Le body-positivisme a fait son chemin pendant plusieurs années, puis a été érodé, puisque l’on observe à présent un retour à la minceur. Cette tendance s’inscrit donc dans un contexte de réémergence d’un corps plus sexualisé, plus proche des canons de beauté de la fin des années 1990 », poursuit le tendanceur. Selon Vogue Business, sur les 9.038 looks présentés lors des défilés printemps-été 2026, 97,1 % étaient des silhouettes ultra-minces, soit des tailles comprises entre le 32 et le 36, confirmant cette tendance. Il est à noter cependant que ce sont aujourd’hui les femmes qui choisissent et s’approprient cette lingerie apparente, le string n’étant plus considéré comme « une pièce avilissante », mais comme « un geste de transgression ».
Montrer… sans trop en dévoiler
Sur les tapis rouges, le string est porté sous une tenue transparente ou se révèle au détour d’une robe très (très) échancrée dans le dos. Mais qu’en est-il dans la rue ? Aux États-Unis, ces excentricités sont acceptées et admises « dès lors que l’on est dans quelque chose de scénographié ou lié à l’entertainment », précise Thomas Zylberman. En revanche, c’est beaucoup moins le cas en France, où le string est davantage associé à l’intimité. Par conséquent, il est préférable d’opter pour la subtilité, le « montré-caché », le « dessus-dessous », ou le « habillé-déshabillé », tout en se trouvant dans une dynamique de contradiction.
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Dans la lignée du célèbre masculin-féminin popularisé par Yves Saint Laurent, l’idée est de porter une chemise oversize, un blazer surtaillé, ou un costume d’homme, sous lesquels pourrait se deviner un sous-vêtement plus sexy. « C’est finalement dans la contradiction et dans la superposition que la proposition devient intéressante. Le paradoxe entre sexy et décontracté, masculin et féminin, permet au sous-vêtement de revêtir une dimension d’expression d’une forme de re-empowerment », conclut l’expert.

