Le réalisateur évincé du documentaire sur Prince dénonce l’attitude de Netflix et de l’héritage du chanteur

L’abandon de la sortie d’une série-documentaire de Netflix en six parties sur Prince a fait plus d’un déçu, à commencer par son réalisateur, Ezra Edelman. La plateforme de streaming a annoncé qu’un autre projet d’archives verrait le jour, en accord avec l’héritage du chanteur décédé en 2016. Or, Ezra Edelman, à qui l’on doit aussi le documentaire oscarisé O.J. Made In America (2016), a qualifié, cette semaine au micro du podcast Pablo Torre Finds Out, cette décision de véritable « plaisanterie ».
Le réalisateur a confié avoir encore du mal à « passer outre » les raisons de l’abandon de son projet, qu’il attribue aux craintes et au « manque de clairvoyance » des ayants droit du chanteur de Purple Rain, dont le nom complet était Prince Rogers Nelson. « Ils ont peur de son humanité », a-t-il lancé à leur sujet.
Et pour cause : le cinéaste avait l’intention d’exposer tout autant les défauts du chanteur que son mythe et son talent.
Peur d’un « préjudice »
« Tout ce que vous pensez qu’il est se trouve dans ce film », a expliqué Ezra Edelman. « On baigne dans son génie. Et pourtant, vous devez aussi faire face à son côté humain, qu’il a d’ailleurs – d’une certaine manière – été forcé de maintenir secret parce qu’il s’est retrouvé piégé dans son propre mythe mondial sur sa personne. »
Le réalisateur évoque même les « abus émotionnels » et « physiques » qui ont été reprochés à Prince, lui-même adepte de la notion de « contrôle » de son vivant. Mais pour l’héritage du chanteur, à qui Ezra Edelman a laissé la parole sur le contenu de son projet pour s’assurer qu’il était « factuel », c’en était trop. Ces derniers ont alors envoyé au cinéaste un « document de 17 pages soulevant des problématiques éditoriales, et non factuelles ».
« L’avocat qui gère cette succession a essentiellement déclaré qu’il pensait que cela causerait un préjudice générationnel à Prince », a précisé Ezra Edelman, supposant que les jeunes générations seraient plus réticentes à découvrir l’artiste après avoir visionné le documentaire. Or, pour Ezra Edelman, son travail était à l’inverse un véritable « cadeau » à la mémoire de Prince, qui ne verra malheureusement jamais le jour sur Netflix malgré son « dur labeur ».