« J’ai travaillé fort pour revenir dans »Danse avec les stars » », assure Jean-Marc Généreux
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Il est connu pour ses « Oh la la chihuahua » ou encore ses « Et ça, j’achète ! » Volubile et friand de jeux de mots, il est aussi une pointure internationale de danse sportive et maîtrise les danses latines comme personne. Depuis plus de dix ans, le québécois Jean-Marc généreux enflamme le jury de « Danse avec les stars » et le dancefloor de l’émission de TF1.
Jeudi, il a publié Chaque pas est une leçon de vie (Leduc), un livre dans lequel il se confie sur ses carrières florissantes de danseur et d’animateur télé. Il évoque aussi sa longue et belle histoire d’amour avec sa femme, France, mais aussi les difficultés de vivre loin de sa famille et notamment de sa fille Francesca, en situation de handicap.
On apprend dans ce livre que vous avez commencé la danse non pas par vocation mais après un coup de foudre pour une camarade… qui est devenue votre épouse…
Oui, je voulais impressionner France Mousseau et passer du temps avec elle. Si elle avait fait du patinage artistique, je me serais lancé dedans. J’observais comment les autres bougeaient afin de devenir le meilleur pour la séduire et je me suis laissé prendre au jeu. La danse a été mon deuxième coup de foudre. Je ne peux plus la dissocier de mon ADN.
Votre père n’a jamais accepté que vous dansiez. Ça a été douloureux pour vous ?
Je me demandais pourquoi il ne comprenait pas. Il n’y a rien de mal à faire de la danse. Mais lui avait des stéréotypes en tête, on était encore dans les années 1960-1970. Depuis, les mentalités ont beaucoup évolué. Ma mère était une femme au foyer avec six enfants et mon père était comptable. Donc quand j’avais des sous pour prendre mes cours de danse, c’était parce que mon père donnait de l’argent à ma mère. Elle prenait dans ses économies pour me permettre de danser. Elle avait compris qu’intimement et profondément je le faisais pour une raison importante. Elle croyait déjà que je devais trouver l’amour de ma vie.
L’image de la danse a-t-elle évolué selon vous ?
La danse est devenue grand public. Aujourd’hui, les gens remarquent le danseur qui est à côté du chanteur. Quand ils voient une performance de danse dans un film, ils vont pouvoir l’évaluer grâce à « DALS ». J’espère, à mon humble niveau, avoir aidé à populariser cette discipline, avec Chris Marques, Fauve Hautot, Mel Charlot, Marie-Claude Pietragalla… Je pense que nous avons contribué à faire évoluer les choses sur le côté artistique de la danse.
Votre participation à « DALS », c’est une autre grande histoire d’amour dans votre vie ?
Carrément. Ça fait partie de mon parcours et de mes choix. Traverser l’Atlantique pour aller travailler dans un autre pays, ce n’est pas banal. Même si on parle la même langue, il y a des différences culturelles. Aller sur ce plateau c’était un peu être une tête brûlée. Mais s’ils étaient assez barjots pour me le demander, j’étais assez barjot pour le faire. Et si ça ne le faisait pas, je me disais que j’aurais au moins essayé. Est-ce de la naïveté ? Du courage ? Moi je suis là pour essayer des trucs.
Vous expliquez avoir eu des difficultés à vous canaliser, à trouver la bonne posture, le bon sens de l’humour. Il vous a fallu trouver le ton juste pour plaire au public français ?
Inconsciemment, tu veux te faire accepter. Mais ce n’était pas le but. Ma première motivation c’était d’aider les gens devant moi qui faisaient une performance de danse, de la décrypter et donner des outils et aussi de donner des explications aux téléspectateurs pour qu’ils puissent voter. Les tournures de phrase, les jeux de mots, l’humour ou l’émotion, c’était un plus.
Comment vous est venue cette fameuse phrase : « Ça, j’achète ! » ?
C’est quelque chose que je disais de façon récurrente dans la vie de tous les jours. Comme pour dire « Ah oui, j’achète ta façon de penser, c’est bon ça ! » Et ce soir-là, quand je l’ai dit à Matt Pokora pour la première fois dans « DALS », c’est entré dans la culture populaire. Si je l’avais prémédité j’aurais été un génie en marketing ! J’étais loin de penser que ce commentaire allait un peu changer mon parcours dans l’Hexagone.
Concernant votre vie privée, vous dévoilez les difficultés d’être loin de votre femme, de votre fils mais aussi de votre fille, atteinte du syndrome de Rett, une maladie rare. Comment garder le sourire dans ces conditions ?
J’ai appris très jeune à compartimenter mes émotions. Dans le livre, j’évoque comment ma loge [dans les coulisses du programme] est importante pour moi. C’est un endroit à moi, mon pays au moment où j’en ai besoin. Je peux crier, être fâché, heureux ou triste. Quand je sors de ma loge, c’est comme quand Clark Kent enlève ses lunettes et devient Superman, je deviens la personne que les gens ont engagée. Parfois, il y a des musiques ou des chorégraphies qui vont faire jaillir en moi des choses, mais j’essaye le plus possible de mettre de côté cette culpabilité d’être là alors que ma femme est en train de gérer les crises d’épilepsie de notre fille. Je me dis que je ne peux pas faire ce que je fais si France ne tient pas le fort à la maison. Mais d’un autre côté, pour qu’elle tienne le fort, il faut que moi je fasse ce que je fais. Donc je me concentre sur mon travail et je me donne à 1.000 %. Le soir, je ne passe pas mon temps en boîte, je ne me fais pas de nouveaux amis, ce sont des collègues de travail. Je ne dis pas que « DALS » est plus important que ma famille mais ça fait partie de cet équilibre un peu déficient par moments, mais qui est essentiel pour que tienne tout ce qu’on a créé.
Vous sensibilisez le public sur la maladie de votre fille et vous plaidez aussi pour une plus grande inclusion dans la société. C’est un enjeu majeur selon vous ?
Célébrons les différences. J’ai toujours prôné le fait que nous sommes tous une équipe. Nous sommes tous uniques mais il y a des différences qui vont être plus compliquées à intégrer. Ma fille est en chaise roulante la plupart du temps, monter sur un trottoir est déjà un combat. A Paris par exemple, ce sont des bâtiments haussmanniens, on est vraiment dans un musée à ciel ouvert avec une architecture incroyable mais qui n’est pas adaptée à des personnes comme Francesca. Ou à des familles parce que je dis souvent que l’enfant est handicapé, mais c’est toute la famille qui l’est. Et c’est là qu’il faut changer les terminologies, est-ce handicapé ou différent ? Et comment pouvons-nous joindre nos différences et nos forces ? Il y a plein de choses à faire pour que l’inclusion soit plus présente.
Pendant la pandémie du Covid-19, vous avez annoncé votre départ de « DALS » puis votre arrivée chez France Télévisions afin de présenter une nouvelle émission, « Spectaculaire ». Avez-vous regretté ce choix qui n’a pas forcément été concluant ?
Je ne regrette pas du tout. Quand la pandémie est arrivée, j’ai réalisé à quel point j’étais dans les strass et les paillettes et que tous les métiers que je faisais étaient devenus radioactifs. Je ne faisais presque plus d’enseignement, j’étais à gauche à droite sur des plateaux télé qui se sont tous arrêtés avec la pandémie : « So You Think You Can Dance » en Californie, « Révolution » au Québec, « DALS » en France. Et d’un coup, Alexandra Redde-Amiel, la directrice des divertissements et jeux de France Télé m’appelle pour incarner un programme. Bien sûr que j’embarque ! Ça a été une opportunité énorme à ce moment-là. Entre-temps, « DALS » est reparti, mais moi j’avais annoncé publiquement que je ne le referais pas. J’ai travaillé fort après pour y revenir.
C’était important pour vous ?
C’est une leçon. J’ai été proactif. J’ai aussi réalisé que personne n’est irremplaçable dans la vie. Quelqu’un prend ta place et fait un très beau travail. A toi de t’adapter, de faire valoir tes atouts. J’ai fait un petit remplacement lors de la saison 12 de « DALS » et ça m’a plu, je me suis assis sur ma chaise de juge et l’empreinte de mes fesses était encore là. Mais ce n’est pas toi qui choisis, il y a des décideurs. J’ai eu un entretien avec Fabrice Bailly, le directeur des programmes et des acquisitions de TF1. Il m’a dit que j’étais dans les discussions mais qu’on ne pouvait pas me faire de promesse. Il faut croire que ça a fonctionné, je remercie les astres qui se sont alignés.
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Vous avez repris votre fauteuil lors de la saison marquée par l’affaire Inès Reg – Natasha St-Pier. Ce conflit a-t-il entaché cette édition selon vous ?
Premièrement, je pense que rien de tout ça n’était prémédité. Il y a eu des mots qui ont dépassé les pensées et beaucoup de maladresse, mais en réalité, je pense que personne ne l’a souhaité et que s’il était possible de revenir en arrière, personne ne ferait les mêmes actions. Est-ce que ça a entaché la saison ? Non, ça l’a rendue mémorable comme toutes les autres et ça va symboliser quelque chose. D’une certaine façon ça montre qu’on est tous humain. Est-ce que tout ça méritait ce côté théâtral et malheureusement téléréalité ? Non. Du côté des juges nous étions hyper protégés. Je ne l’ai appris qu’au prime 5. Je pense juste que cette saison a été unique et que ça humanise, les gens sont à fleur de peau, ce sont des artistes et eux aussi peuvent faire des faux pas.