Gérard Depardieu attaque le numéro de « Complément d’Enquête » qui a précipité sa chute
Gérard Depardieu attaque, jeudi 2 octobre 2025, devant le tribunal de Paris, l’émission Complément d’enquête qu’il accuse d’avoir réalisé un montage illicite et trompeur dans un reportage qui a accéléré sa chute. Au printemps 2025, le comédien a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour des agressions sexuelles lors d’un tournage et a fait appel.
Il passe à l’offensive : Gérard Depardieu a engagé des poursuites, le jeudi 2 octobre 2025, devant le tribunal de Paris, contre l’émission Complément d’enquête, qu’il accuse d’avoir réalisé un montage illicite et trompeur dans un reportage ayant contribué à sa déchéance, où il profère des propos graveleux et sexistes.
Lors des débats au tribunal correctionnel, une séquence de moins d’une minute dans l’enquête intitulée Gérard Depardieu : la chute de l’ogre, filmée dans un haras en Corée du Nord en 2018, lors d’un voyage pour le 70e anniversaire du régime local, est au centre des discussions.
Sur ces images, diffusées le 7 décembre 2023 sur France Télévisions, Gérard Depardieu tient des commentaires à caractère sexuel alors qu’une fillette à cheval apparaît à l’écran.
Des accusations contestées
Cependant, la défense de l’acteur et l’écrivain Yann Moix, à l’origine de ce voyage, affirment que ces propos visaient une femme adulte, hors du champ de la caméra, et étaient prononcés dans le cadre d’une oeuvre de fiction sur laquelle les deux hommes collaborent. Selon eux, la confusion résulterait d’une manipulation, un montage frauduleux destiné à donner l’impression que l’acteur sexualisait une enfant.
« Aucun trucage »
« France Télévisions conteste tout trucage et tout montage illicite par Complément d’Enquête » et « réserve (ses) observations pour le tribunal », a déclaré à l’AFP Juliette Félix, l’avocate du groupe. Les auteurs du reportage soutiennent que leur montage respecte la réalité, affirmant que les commentaires ciblaient bien la fillette et reposent sur d’autres enregistrements de la scène.
Ce Complément d’enquête avait provoqué une forte indignation. En plus de la séquence en question, l’acteur est entendu tenir de nombreux propos misogynes et dévalorisants envers les femmes durant ce voyage. La comédienne Charlotte Arnould l’y accuse également de l’avoir violée en 2018, tandis que d’autres femmes racontent des agressions sexuelles.
Macron « grand admirateur »
Alors que la ministre de la Culture de l’époque, Rima Abdul Malak, avait déclaré que Gérard Depardieu faisait « honte à la France », le président Emmanuel Macron s’était montré solidaire, se décrivant comme un « grand admirateur », condamnant les « chasses à l’homme » et laissant entendre que les images avaient pu être manipulées.
Jadis considéré comme un monument du cinéma français, l’acteur a été condamné à 18 mois de prison avec sursis au printemps 2025 pour des agressions sexuelles sur un tournage (il a interjeté appel) et a été renvoyé devant la cour criminelle de Paris pour les viols dénoncés par Charlotte Arnould.
Authentification validée
L’acteur conteste ces accusations depuis sa mise en examen en 2020 et a fait appel de l’ordonnance de renvoi. France Télévisions a demandé une procédure rare, en se faisant délivrer par huissier une authentification du passage contesté. « Il n’y a aucun doute et aucune ambiguïté sur le fait que c’est bien la jeune fille à l’image qui est ciblée par les propos de Gérard Depardieu », assure le groupe.
Expertise contre expertise
Mi-mai 2025, une expertise, dont l’AFP a eu connaissance grâce à Libération, a été versée à l’enquête pour viols, et « permet d’établir que des propos à connotation sexuelle ont été adressés à l’égard d’une fillette évoluant sur un poney ». Dans le cadre du débat sur les images de Complément d’Enquête, la justice a ordonné une autre expertise pour déterminer « avec précision toutes les opérations de montage intervenues » et indiquer, « dans la mesure du possible », à qui s’adressait Gérard Depardieu, selon un arrêt de la cour d’appel. Les résultats de celle-ci ne sont pas connus, mais Jérémie Assous, l’avocat de Gérard Depardieu, affirme qu’une note de l’expert « établit de manière ferme et définitive qu’il y a eu montage illicite ».
Les deux parties à l’offensive
Le tribunal examinera également les accusations d’abus de confiance et de travail dissimulé. Yann Moix soutient que les images de Gérard Depardieu en Corée du Nord ne montrent qu’un artiste jouant son propre rôle dans une fiction qui n’est finalement jamais sortie. Hikari a, de son côté, déposé une assignation pour dénonciation calomnieuse, fausse attestation et tentative d’escroquerie au jugement, des faits également examinés.

