Avec « With Love, Meghan » sur Netflix, la féministe Meghan Markle se mue en fée du logis des années 1950

«Bravo, tu t’es surpassée », complimente le prince Harry lorsqu’il découvre le buffet que Meghan Markle a préparé pour un brunch dominical dans la scène finale de With Love, Meghan. Dans cette émission en 10 épisodes, disponible ce mardi sur Netflix, la duchesse de Sussex prodigue tous ses conseils pour devenir la ménagère américaine parfaite – tablier en coton, brushing impeccable et ligne fine – et toujours aux fourneaux. Une manière de promouvoir sa marque lifestyle baptisée « As Ever » qui arrivera dans les prochains mois.
Il y a peu de temps encore, Meghan Markle était perçue comme la figure qui moderniserait la monarchie, celle qui ne se laisserait pas intimider et défierait l’institution britannique ainsi que le racisme des médias. Dans cette série, elle se révèle plutôt en fée du logis.
« L’amour se cache dans les détails »
Au cours des dix épisodes d’une trentaine de minutes, Meghan Markle nous apprend à composer un bouquet de fleurs, à fabriquer des sels de bain pour ses invités, à disposer un plat de crudités, ou encore à construire une arche de ballons… A côté de l’ex-princesse, Samantha Stevens dans Ma sorcière bien-aimée, qui pourtant renonce à ses pouvoirs de sorcière pour concocter les dîners d’affaire de son mari publicitaire, ferait presque figure de modèle d’émancipation féminine.
À la manière d’une Nadine de Rothschild californienne, elle distille toutes ses astuces de savoir-vivre pour bien recevoir ses convives comme son ancien maquilleur ou des vedettes de la télé comme Mindy Kaling ou Abigail Spencer. « L’amour se cache dans les détails », martèle la duchesse de Sussex.
« Se dire, c’est moi qui l’ai fait, c’est hypersatisfaisant »
Dans d’autres épisodes, Meghan Markle reçoit de célèbres chefs américains qui l’aident à concocter de bons petits plats maison. « J’ai grandi en mangeant dans des fast-foods et avec des plateaux télé tout prêts, c’était une autre époque. C’était normal de manger des plats au micro-ondes directement dans la barquette », confie-t-elle à son amie Mindy Kaling.
L’ex-actrice promeut aujourd’hui un mode de vie où les femmes auraient le temps de tout faire maison : le potager, les confitures, les petits plats, les serviettes pour se rafraîchir, et même les biscuits pour les chiens ! « J’adore cette idée que l’on puisse faire des choses chez nous de nos propres mains pour développer notre créativité. Pour moi, faire un truc soi-même, même un tout petit machin et pouvoir se dire, « c’est moi qui l’ai fait », c’est hypersatisfaisant. »
« Le majong nous rassemble »
A chaque épisode, cette femme au foyer des années 2020 s’encanaille en buvant « des bulles », un petit verre de vin ou un cocktail fait maison entre copines… Cela confère à la duchesse un faux air de Desperate Housewives, sans, hélas, les répliques acerbes et bien senties.
De la sororité – concept cher aux féministes –, il ne reste ainsi que des parties de majong et des déclarations fadasses. « Merci d’être mon amie, dit-elle à Abigail Spencer. On est toutes les quatre à des stades différents de nos vies, mais le majong nous rassemble. »
« Les fleurs les plus communes peuvent être des stars »
Dans sa biographie sur le site des Windsor, Meghan Markle était présentée comme « dédiée à la justice sociale et à l’empouvoirement des femmes ». Ici, la seule citation inspirante est involontaire. « Même les fleurs les plus communes peuvent être des stars », déclare-t-elle en composant un énième bouquet.
Avec With Love, Meghan, la duchesse de Sussex a enterré son personnage de féministe et se positionne comme une influenceuse cuisine et jardinage. Cinq ans après leur départ du Royaume-Uni et de la famille royale, la marque Harry et Meghan n’a pas pris. En Californie, ils ont lancé la fondation Archewell qui ambitionne de « faire le bien » et le podcast Archetypes, mais seuls les projets évoquant les Windsor ont eu du succès, comme la biographie du prince Harry et leur série documentaire sur leur version du « Megxit » Harry & Meghan.
« Bienvenue dans mon bureau »
Avec cette série, Meghan Markle se range donc définitivement du côté des « Trad Wife », ces influenceuses qui romantisent le travail domestique et la maternité et pullulent désormais les réseaux sociaux pour la plus grande satisfaction des MAGA et masculinistes. « Bienvenue dans mon bureau », lance-t-elle d’ailleurs à une de ses invités en la faisant rentrer… dans sa cuisine.
Si ce repli sur la sphère domestique est compréhensible en raison de la vague de haine et de harcèlement qu’elle a subi, il survient à l’heure où les droits les plus fondamentaux des femmes, comme celui d’avorter, sont menacés aux Etats-Unis. Ironie du sort, alors qu’elle s’est libérée des contraintes royales, Meghan Markle apparait sur Netflix aussi sage et lisse que sa belle-sœur Kate Middleton.