Maroc

Viande ovine : la chute des prix divise consommateurs et bouchers

L’annonce de Sa Majesté le Roi concernant l’Aïd Al-Adha a eu un effet immédiat sur le marché de la viande au Maroc. En quelques heures, les prix des moutons ont chuté, et avec eux, ceux de la viande ovine. Une situation qui a pris de court aussi bien les consommateurs que les bouchers, entraînant des écarts de prix considérables entre différentes boucheries, notamment à Casablanca.

Dans certaines enseignes, le kilo de viande s’affiche désormais à 60 dirhams, une baisse notable qui attire de nombreux clients. Cette viande provient en grande partie des moutons importés qui étaient initialement destinés à être vendus pour le sacrifice de l’Aïd. « Nous avons décidé de baisser le prix pour la viande issue des moutons espagnols que les éleveurs avaient importés pour l’Aïd. Maintenant qu’on se dirige vers une annulation du sacrifice cette année, notre décision a été évidente. Nous souhaitons également offrir un prix bas aux consommateurs qui souffrent déjà de hausse des prix de plusieurs autres produits », indique un boucher d’un quartier à Casablanca. Il s’en cache pas d’ailleurs! Il a affiché sur la devanture de sa boutique : Viande espagnole à 60 DH/K. Mais cette baisse soudaine suscite aussi des interrogations et des réticences chez certains consommateurs alimentées par des rumeurs sur les réseaux sociaux concernant la qualité de cette viande.

Deux marchés, deux prix

Si certaines boucheries ont rapidement réajusté leurs prix, d’autres ont maintenu un tarif bien plus élevé, autour de 100 dirhams le kilo. Ces bouchers justifient leur choix en mettant en avant la qualité supérieure de leurs produits. « Nous proposons de la viande locale, issue de moutons élevés au Maroc, avec une alimentation contrôlée et une traçabilité garantie », explique un boucher du centre-ville de Casablanca. Pour lui, même à ce prix, la marge reste faible compte tenu des charges liées à l’élevage, au transport et à la conservation. « Avec l’augmentation du coût des aliments pour bétail et des frais d’exploitation, nous ne pouvons pas descendre plus bas sans vendre à perte », ajoute-t-il.

Les prix des viandes ovines chutent à Casablanca, les tomates en hausse

Face à ces différences de prix, les consommateurs sont divisés. D’un côté, certains se ruent sur la viande à 60 dirhams le kilo, profitant d’une opportunité rare d’acheter à moindre coût. Mais d’autres hésitent encore. « On entend des rumeurs sur la qualité des moutons importés… On se demande s’ils sont vraiment sains », confie un client indécis devant une boucherie.

Sur les réseaux sociaux, les débats font rage. Certains accusent les bouchers de profiter de la situation pour écouler rapidement leur stock de viande importée, tandis que d’autres saluent cette baisse qui permet à de nombreuses familles d’acheter de la viande à un prix plus abordable.

La question qui se pose désormais est de savoir si cette baisse des prix se maintiendra ou si elle est seulement conjoncturelle. Les experts du secteur restent prudents. « Cette situation est exceptionnelle, mais elle ne reflète pas forcément une tendance de fond. Après la fête, les prix pourraient remonter, surtout si la demande en viande locale reste forte », analyse un professionnel du secteur agroalimentaire.