Une nouvelle architecture nationale pour un Maroc des territoires.
L’Union socialiste des forces populaires engage une refondation organisationnelle majeure pour replacer la région au cœur de la décision politique, comme l’indique le Conseil national du 13 décembre 2025. Les plateformes régionales permettent de transformer la diversité des territoires en une intelligence politique nationale, en identifiant les urgences sociales et en construisant des diagnostics régionaux précis.
Au moment où le Maroc s’engage dans une phase cruciale de transformation sociale, institutionnelle et territoriale, l’Union socialiste des forces populaires (USFP) entreprend une refonte organisationnelle majeure visant à replacer la région au centre de la décision politique, tout en offrant une nouvelle signification à la participation militante au niveau local.
À travers les plateformes régionales, le parti ne se contente pas d’intégrer une innovation technique ou de moderniser son fonctionnement interne, il redéfinit la manière d’être un parti national dans un pays où les territoires prennent de plus en plus d’importance et deviennent des acteurs politiques à part entière.
Le Conseil national du 13 décembre 2025 constitue ainsi une étape fondamentale qui permet de consolider une architecture nationale en accord avec la géographie réelle du Maroc, orientée vers la proximité, l’écoute, l’égalité et la formation de nouvelles élites capables de porter le projet social-démocrate dans chaque région du pays.
Les plateformes régionales ont profondément transformé la structure interne du parti en mettant un terme à la centralisation silencieuse qui restreignait la participation politique à ceux qui disposaient des ressources matérielles ou géographiques nécessaires pour rejoindre le centre. Elles ont attribué aux régions leur rôle naturel, en tant que lieux de production du débat et de la décision, plutôt que de simples espaces d’exécution.
Elles ont déplacé le cœur de la vie partisane vers les territoires, permettant à chaque militante et militant de participer sans coûts de déplacement, sans obstacles temporels et sans hiérarchie invisible entre les centres urbains et les zones éloignées. Elles ont mis en avant des voix nouvelles, éclairé des compétences locales longtemps négligées, redonné une fonction stratégique aux réflexions menées aux niveaux provincial et local, et ouvert un espace où la jeunesse militante peut intervenir, proposer et décider.
Ces plateformes n’ont pas seulement résolu un problème organisationnel, elles ont établi un nouveau rapport entre le parti et le pays, en créant un modèle d’intelligence politique ascendante où la décision circule du local vers le national, chaque région devenant ainsi une source de propositions, un vivier d’élites et un laboratoire d’idées.
Cette transformation a mis fin à trois déséquilibres historiques : la fracture territoriale de la participation, le coût humain et matériel de l’engagement, et l’inégalité implicite entre les régions proches de Rabat et celles éloignées du centre. En permettant à chaque militant, de Figuig à Tétouan, de Tan-Tan à Oujda, de contribuer de manière équivalente, les plateformes ont instauré un modèle de démocratie interne qui reflète la géographie humaine du Maroc et inscrit le parti dans une logique de proximité continue.
Le Conseil national du 13 décembre 2025 n’est pas une simple étape statutaire, mais l’issue d’un processus élargissant la participation, renouvelant la base, modernisant le fonctionnement interne et établissant les bases d’une direction véritablement nationale.
L’élection de la Présidence du Conseil national, des différentes commissions et du Bureau politique prend tout son sens si elle s’inscrit dans la dynamique créée par les plateformes régionales, car c’est au croisement de la légitimité du centre et de la vitalité des régions que se construit aujourd’hui l’autorité politique du parti.
Les propositions du Premier secrétaire concernant les commissions ne s’inscrivent pas dans une logique administrative, mais d’un effort d’alignement stratégique entre la vision nationale et les diagnostics territoriaux, entre les priorités nationales et les urgences locales, entre l’expérience des cadres historiques et l’énergie nouvelle des plateformes. Le Conseil national devient ainsi l’espace de synthèse où la diversité des territoires se regroupe et où se dessine la direction nationale qui guidera l’Union vers les échéances de 2026 et 2027.
Cette nouvelle direction ne peut pas être verticale ni centralisée ; elle doit refléter la nouvelle cartographie politique du parti, où les voix régionales deviennent des composantes naturelles du débat, et où la stratégie nationale s’enrichit de la connaissance du terrain produite par les plateformes. Le parti n’est plus un centre entouré de périphéries, mais un ensemble national animé par un mouvement permanent entre le local et le national, entre les réalités vécues et les orientations politiques.
Dans un pays où les besoins et les priorités diffèrent d’une région à l’autre, où la jeunesse a des attentes distinctes selon qu’elle se trouve à Rabat, Al Hoceima ou Laâyoune, et où les défis de santé, d’éducation, de mobilité ou d’emploi se manifestent différemment selon les territoires, le parti ne peut plus se permettre de s’appuyer sur une stratégie centralisée.
Les plateformes régionales permettent de convertir la diversité des territoires en une intelligence politique nationale, en identifiant les urgences sociales, en élaborant des diagnostics régionaux précis, en comprenant les dynamiques économiques locales et en faisant émerger des solutions adaptées qui deviendront des composantes d’un projet national cohérent.
Elles constituent l’espace de préparation des candidatures crédibles pour les échéances de 2026, où se construisent les programmes régionaux qui alimenteront le programme national, et où se révèlent les figures politiques capables d’incarner la vision social-démocrate de manière enracinée et authentique. Elles permettent au parti d’aborder les élections de 2026 et 2027 avec un avantage stratégique décisif : un réseau territorial actif, une base militante mobilisée, une légitimité fondée sur la proximité et une cohérence nationale ancrée dans la réalité des régions.
Elles construisent un parti qui écoute avant de décider, qui consulte avant de choisir, qui transforme les attentes du terrain en orientations politiques nationales et qui inscrit son projet dans la logique d’un État social territorialisé, capable de réduire les fractures géographiques, de soutenir l’équilibre régional et de valoriser la diversité du pays. Elles ne préparent pas seulement des campagnes électorales, mais un avenir politique : un parti moderne, enraciné, national, dont l’organisation, la vision et les priorités épousent les contours d’un Maroc en mouvement, où les territoires deviennent les moteurs de la décision.
Par Abdessalam El Moussaoui

