Maroc

Une enquête met en lumière l’implication du polisario dans les massacres contre le peuple syrien

blank

Le conflit syrien n’a pas seulement attiré des milliers de combattants venus des quatre coins du monde, il a aussi donné naissance à des alliances insoupçonnées. Dans une enquête publiée le 14 août 2025 sur le site de Democracy for the Arab World Now (DAWN), la journaliste néerlandaise Rena Netjes dévoile un pan méconnu de cette guerre qui a mis la Syrie à feu et à sang : l’implication du front polisario aux côtés du régime de Bachar Al Assad dans sa répression féroce contre un peuple épris de liberté. Intitulée «Le polisario en Syrie : comment les combattants étrangers compliquent la justice transitionnelle», l’enquête dévoile plusieurs détails sur cette ingérence étrangère en Syrie, en s’appuyant sur des documents officiels syriens et plusieurs témoignages de terrain.

Selon la journaliste, plusieurs sources syriennes affirment que des éléments du polisario ont reçu une formation militaire au Liban (plaine de la Bekaa) par le Hezbollah, avec un bureau de relations politiques établi sur place. Leur présence et leur soutien s’inscrivait dans la stratégie de l’Iran de constituer un réseau de mandataires armés pour renforcer le régime Al Assad et créer un corridor terrestre vers la Méditerranée. La même source, qui cite des chercheurs syriens, précise que ces combattants ont été utilisés comme force supplétive au service du régime syrien et de ses alliés.

Effondrement du régime d’Al Assad

Un document officiel syrien, daté de 2012 et jugé authentique par des experts, a révélé la tenue de réunions entre des responsables du polisario et le Hezbollah dès janvier 2011 à Beyrouth (au début du Printemps arabe). Il fait aussi état de la présence de 120 combattants sahraouis du polisario en Syrie à cette date. Ces combattants, répartis en quatre brigades, étaient intégrés dans des unités de l’armée arabe syrienne, précise le document.

Selon des chercheurs, certains combattants du polisario ont fui vers le Liban après l’effondrement du régime d’Al Assad. «Ce retrait n’était pas organisé. Lorsque le régime s’est effondré le 8 décembre, des combattants du Hezbollah et des personnels militaires du régime se sont réfugiés au Liban, tandis que des milices appuyées par l’Iran, telles que les Fatemeyyoun et Zainabiyyoun, traversaient la frontière vers l’Irak avec de nombreux généraux d’Al Assad», lit-on dans l’article.

La même source cite également Wael Olwan, directeur du département de recherche à Jusoor Studies à Damas, qui a déclaré que le régime baathiste syrien, sous Hafed et Bachar Al Assad, a toujours soutenu des groupes séparatistes pour exercer une pression sur d’autres États. «Le Maroc était contre Bashar Al Assad, tandis que l’Algérie le soutenait pleinement. Il était donc prévisible que le régime accepte des combattants du front polisario, bien qu’il n’en retire que peu d’avantages en termes de sécurité ou sur le plan militaire. C’est avant tout une question politique», souligne-t-il.

Si certains polisariens ont pu fuir vers le Liban avec l’appui du Hezbollah, d’autres auraient été capturés par les nouvelles forces de sécurité syriennes. D’après plusieurs sources indépendantes citées par la journaliste néerlandaise, ceux-ci auraient été arrêtés au sud d’Alep lors d’une offensive militaire à la fin de l’année précédente.

70 combattants du polisario capturés

«En décembre, ils ont arrêté 70 combattants du polisario et du personnel militaire algérien au sud d’Alep, près de l’aéroport militaire d’Abou Douhour, dans l’est de la province d’Idlib», déclare l’une des sources de Rena Netjes. En février 2025, Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, a confirmé ces arrestations en présentant une demande de libération des combattants détenus. Mais les autorités syriennes ont opposé une fin de non-recevoir à cette requête.

Quant au polisario, il a tenté une nouvelle fois de dissimuler la vérité dans cette affaire. Une conseillère du président de cette entité autoproclamée a nié les informations, les attribuant à une «propagande marocaine» et affirmant que les relations diplomatiques de la Rasd avec Damas étaient rompues depuis longtemps. Pourtant, comme le souligne la journaliste, le bureau officiel du polisario à Damas n’a été fermé qu’en mai 2025.

La conseillère a également soutenu, à tort, que le «Washington Post» avait retiré son article qui citait des responsables régionaux et européens confirmant la présence de combattants du front polisario en Syrie, ainsi que leur entraînement par l’Iran. En réalité, le journal a seulement ajouté une correction, précisant qu’il n’avait pas sollicité le polisario pour obtenir ses commentaires avant la publication, précise Rena Netjes.