Un Marocain dépense 24.092 DH par an, avec des écarts marqués selon les régions

Le dernier rapport sur les comptes régionaux pour l’année 2023, publié ce mardi par le HCP, met en lumière des écarts économiques qui persistent et parfois s’accentuent entre territoires. Si la croissance nationale se maintient, sa répartition reste inégale, dessinant une carte contrastée du développement au Maroc.
Des écarts régionaux tenaces
En 2023, plus de la moitié du PIB est générée par seulement trois régions : Casablanca-Settat (32,2 %), Rabat-Salé-Kénitra (14,6 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,4 %). À l’opposé, des territoires comme Drâa-Tafilalet ou Guelmim-Oued Noun n’apportent respectivement que 2,5 % et 2 % à la richesse nationale.
- Dakhla-Oued ed Dahab : Affichant un taux de 10,1 %, la région témoigne d’une dynamique économique soutenue, impulsée principalement par le développement des secteurs de la pêche maritime et du bâtiment et travaux publics (BTP) ;
- Fès-Meknès : avec une croissance de 8,9%, tirée par une bonne performance des secteurs de l’agriculture et des services ;
- Marrakech-Safi : Affichant une croissance de 6,3%, portée par la reprise notable du secteur d’hébergement et restauration ;
- Casablanca-Settat : Avec un taux de 5%, soutenu par la performance du secteur des industries manufacturières et des services ;
- Tanger-Tétouan-Al Hoceima : Avec un taux de 4,9%, résultant principalement de l’essor constant du secteur des industries manufacturières et des services.
Ces chiffres confirment une fracture territoriale persistante, avec des disparités qui ne se limitent pas à la production, mais touchent aussi l’accès aux infrastructures, aux services sociaux et à l’emploi.
La consommation, reflet des inégalités
Les dépenses de consommation finale des ménages (DCFM), indicateur clé du niveau de vie, se sont élevées à 891,9 milliards de dirhams en 2023. Mais là encore, la répartition est loin d’être équilibrée.
Cinq régions concentrent à elles seules près des trois quarts (74 %) de ces dépenses : Casablanca-Settat (25 %), Rabat-Salé-Kénitra (14,6 %), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,7 %), Fès-Meknès (11,5 %) et Marrakech-Safi (11,3 %). Les autres régions doivent se partager à peine 26 %, avec des parts allant de 0,8 % à Dakhla-Oued Ed-Dahab à 7,2 % pour Souss-Massa.
En 2023, l’écart absolu moyen entre les dépenses régionales et la moyenne nationale a atteint 48,2 milliards de dirhams, contre 44,2 milliards un an plus tôt. Ce creusement confirme une concentration accrue de la consommation dans les régions les plus dynamiques, accentuant ainsi le déséquilibre territorial.
Dépenses par habitant : Casablanca contre Drâa
Rapportées à la population, les DCFM atteignent 24 092 DH par habitant au niveau national. Mais six régions dépassent cette moyenne : Dakhla-Oued Ed-Dahab (32 700 DH), Casablanca-Settat (29 325 DH), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (26 245 DH), Rabat-Salé-Kénitra (25 743 DH), Laâyoune-Saguia al Hamra (24 493 DH) et l’Oriental (26 689 DH).
Dans d’autres régions, la consommation par tête reste nettement en retrait, comme à Drâa-Tafilalet (17 104 DH) ou Béni Mellal-Khénifra (18 347 DH). L’écart atteint ainsi près de 12 000 DH entre Casablanca et Drâa-Tafilalet, traduisant une fracture profonde dans le mode de vie des citoyens.
Ces données confirment que la croissance économique marocaine profite encore de manière inégale aux différentes régions. Les métropoles et les régions du Sud tirent vers le haut les indicateurs de richesse et de consommation, tandis que des territoires comme Drâa-Tafilalet, Marrakech-Safi ou Béni Mellal-Khénifra restent en retrait.
Le défi pour les pouvoirs publics est d’accélérer les politiques de convergence et de réduction des disparités, afin que la prospérité nationale ne soit pas l’apanage de quelques pôles, mais une réalité partagée par l’ensemble des citoyens.

