Maroc

Travail des enfants au Maroc : des chiffres en baisse continue depuis 2017 (HCP)

À l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, célébrée le 12 juin sous le thème évocateur « Les progrès sont visibles, mais il reste beaucoup à faire : accélérons nos efforts », le Haut-commissariat au Plan (HCP) lève le voile sur les chiffres-clés de sa dernière enquête sur l’emploi.

La création de l'Agence nationale pour la protection de l'enfance au menu du Conseil de gouvernement

En 2024, environ 101.000 enfants âgés de 7 à 17 ans ont été recensés comme actifs économiquement au Maroc. Cela représente 1,3% de l’ensemble des enfants de cette tranche d’âge. Bonne nouvelle : le phénomène est en recul ,-8,2% en un an et –59,1% depuis 2017.

« La majorité des enfants au travail sont des garçons (84,6%) âgés de 15 à 17 ans (89%) », précise le HCP. Le fléau touche surtout le monde rural : 78.000 enfants contre 23.000 en ville. Autre signal inquiétant : près de 9 enfants travailleurs sur 10 ont abandonné l’école, quand 1,6% n’y ont jamais mis les pieds.

L’agriculture, principal vivier du travail des enfants

La carte du travail des mineurs épouse celle des inégalités territoriales. À la campagne, l’agriculture, la forêt et la pêche absorbent plus de 70% des enfants travailleurs. À la ville, ce sont les services (58,8%) et l’industrie (26,1%) qui dominent.

Autre fait marquant : près de 6 enfants au travail sur 10 en milieu rural sont des aides familiales (57,4%) et 29,5% des salariés. En milieu urbain, 51,7% des enfants au travail sont des salariés, 28,3% des apprentis et 14,6% des aides familiales

Des métiers dangereux… dès l’adolescence

Selon le HCP, « près de 62,7% des enfants au travail sont exposés à des conditions dangereuses« , soit 62.000 mineurs concernés. Une majorité d’entre eux sont des garçons ruraux âgés de 15 à 17 ans.

Les secteurs à risque sont les BTP (74,4%), suivis de l’industrie (88,6%), des services (71,1%), et même de l’agriculture (51,7%), souvent à tort perçue comme plus « douce ».

Un phénomène lié à la pauvreté et à l’instruction des parents

Le travail des enfants reflète aussi la vulnérabilité des familles. Près de 73.000 ménages sont concernés, dont 70% en milieu rural. Et plus les foyers sont grands, plus le risque est élevé : 2,7% des ménages de 6 personnes ou plus ont au moins un enfant au travail.

Le niveau d’instruction du chef de ménage est également déterminant : 1,2% des foyers sans instruction comptent des enfants travailleurs, contre presque aucun chez les foyers dirigés par des diplômés du supérieur.

Le HCP pointe du doigt les profils professionnels des parents : « 38% des enfants au travail sont issus de familles d’agriculteurs, 24% de petits travailleurs indépendants ou artisans, 22,9% de manœuvres, et 15% de foyers inactifs ».