Traumatismes abdominaux liés aux accidents : l’appel de Zagora pour une réponse collective et coordonnée


Sûreté nationale : approche préventive et réponse rapide, des mots d’ordre
Face aux défis constants de la sécurité routière et de la lutte contre la criminalité, la Sûreté nationale déploie des efforts considérables pour assurer la protection des citoyens. Le commissaire Et-taieb Elalaoui, chef du deuxième arrondissement de police relevant du district provincial de Zagora, a dressé à cette occasion un bilan de l’action policière, détaillant les stratégies d’intervention et les résultats obtenus.
Au cœur de la stratégie de la police locale : une approche préventive et une réponse rapide et efficace aux accidents et aux incidents de violence, assurée par plusieurs entités, notamment la brigade centrale d’intervention et les brigades antigangs. Mais au-delà de l’action sur le terrain, la Sûreté nationale a mis en place des outils essentiels pour faciliter le signalement et la communication avec la population. La ligne d’urgence 19 et le site web «e-blagh.ma» servent ainsi de plateformes cruciales pour signaler tout incident et rester informé.Le commissaire Elalaoui a dévoilé des chiffres précis, permettant d’évaluer la situation de la sécurité routière dans la ville. Selon lui, celle-ci demeure sous contrôle avec 206 accidents comptabilisés en 2024, dont 1 mortel, 33 ayant causé des blessures graves, 159 des blessures légères et 13 des dégâts matériels. Durant les cinq premiers mois de 2025, quelque 94 accidents ont été enregistrés, dont 2 mortels, 15 ayant entraîné des blessures graves, 70 des blessures légères et 7 des dégâts matériels.
La lutte contre la violence est l’autre priorité de la Sûreté nationale. Les statistiques présentées par le commissaire Elalaoui témoignent de l’effort constant de la police pour maintenir l’ordre public. En 2024, la police de Zagora a comptabilisé 68 cas de violence en général, 31 cas de coups et blessures, et à peine 3 cas de coups et blessures par arme blanche.
Quant aux plateformes de signalement, la ligne 19 et le site e-blagh.ma se révèlent être des outils précieux pour la communication entre la population et la police. En 2024, la ligne d’urgence a enregistré un total de 814 interactions. Parmi celles-ci, 200 étaient «positives» (signalements d’incidents, demandes d’intervention), 421 correspondaient à des «demandes d’informations», tandis que 193 étaient «négatives» (faux signalements).
Sauver des vies : la Protection civile en première ligne
De son côté, la Protection civile se positionne comme le premier bouclier des citoyens face aux périls quotidiens et aux catastrophes. Sa vocation première est de protéger les vies des citoyens, leurs biens et l’environnement contre divers dangers, comme l’a expliqué le commandant provincial Elhoussaine Lakhzaz, qui a mis en lumière le rôle vital de ses équipes et l’ampleur de leurs interventions lors d’une présentation détaillée.«Qu’il s’agisse de phénomènes naturels comme les séismes et les inondations, ou d’incidents d’origine humaine tels que les accidents de la circulation, les incendies ou les explosions, les équipes sont en première ligne», relève-t-il. À ce titre, les premiers secours se présentent comme un pilier de l’intervention. Définis comme des soins immédiats, temporaires et ciblés, utilisant des techniques simples, rapides et efficaces, ces gestes ont un triple objectif : préserver la vie du blessé, empêcher la détérioration de son état et l’aider à tenir jusqu’à l’arrivée des équipes de secours.
Les statistiques présentées par le commandant Lakhzaz témoignent d’une sollicitation croissante des services de la Protection civile. Le nombre total d’interventions a connu une augmentation significative, passant de 1.151 en 2015 à 3.088 en 2024, soulignant la montée en puissance de leur rôle dans la société.
L’analyse des chiffres révèle une prédominance des interventions pour malaise ou maladie, avec 1.914 cas recensés en 2024, soit 66% du total. Les accidents de la circulation ne représentent que 16%, avec 461 interventions, comprenant 171 renversements et 290 collisions. Les chiffres de 2025 font état de 264 interventions liées à la circulation, dont 82 renversements et 182 collisions.
D’autres types d’incidents sont également gérés, tels que les blessures suite à une chute (174 en 2024 et 127 en 2025), les agressions ou disputes (50 en 2024 et 23 en 2025), les effondrements (4 en 2024 et 2 en 2025), les incidents liés à des faits psychiques ou psychiatriques (35 interventions), aux animaux (30 interventions), les fausses alertes (26 interventions) et les opérations de sauvetage (10 interventions).
État et citoyens, une responsabilité partagée
La sécurité routière n’est pas une question marginale, mais bien une «cause nationale» qui engage tous les secteurs, institutions et citoyens. C’est ce qu’a souligné Ayoub Mhamdi, directeur provincial de l’Équipement, du transport et de la logistique, lors de son intervention, insistant sur le fait qu’il s’agit de l’un des «plus grands défis» auxquels le Maroc est confronté.
Le responsable a retracé l’évolution des stratégies nationales depuis 1977, soulignant la création de comités et l’adoption de plans successifs pour réduire les accidents de la route et leurs conséquences humaines et matérielles. Actuellement, une stratégie ambitieuse est déployée à l’horizon 2026, axée sur l’instauration d’un «comportement routier citoyen» et la mise en place d’un «système routier sûr». L’objectif est de diminuer de 50% le nombre de décès sur les routes d’ici 2026, en passant de 3.819 en 2023 à moins de 1.900.
La stratégie s’articule autour de cinq priorités : les piétons, les motos à deux et trois roues, les accidents impliquant un seul véhicule, les enfants de moins de 14 ans et le transport professionnel. Elle repose également sur plusieurs piliers : la gestion de la sécurité routière, l’amélioration de la sécurité des routes (signalisation, entretien, traitement des points noirs avec un budget annuel de 5 millions de dirhams), la sécurité des véhicules (contrôle des centres de visite technique par l’Agence nationale de la sécurité routière – Narsa), la sensibilisation et la formation des usagers, ainsi que l’assistance aux victimes.
Cependant, malgré ces efforts, la route vers l’objectif de 1.900 décès est encore longue. En 2023, le Maroc a enregistré un chiffre préoccupant de 3.819 décès sur les routes. Quelque 40,2% des décès, soit 1.537 victimes, concernent les usagers de motos à deux et trois roues. M. Mhamdi a souligné que cette proportion élevée est due en grande partie à la jeunesse des conducteurs, souvent des adolescents, et à leur moindre conscience des risques. Contrairement aux voitures équipées de multiples dispositifs de sécurité, les motos offrent une protection minimale, augmentant considérablement le danger. Cette tendance alarmante est également observée dans la province de Zagora. Les piétons, considérés comme une «catégorie sans protection», représentent également une part significative des victimes. Bien que protégés par la loi, leur vulnérabilité est accrue par l’imprudence de certains conducteurs.
Ayoub Mhamdi a conclu en rappelant que l’aménagement des infrastructures ne peut être dissocié de la sécurité de leurs usagers. La responsabilité est partagée : si l’État met en place des règles et des infrastructures, il est impératif que les citoyens adoptent un comportement responsable, respectent les signalisations et fassent preuve de civisme, pour que les efforts portent pleinement leurs fruits.
Traumatismes abdominaux : attention aux lésions cachées !
Alertant sur la gravité des lésions abdominales, le docteur Issam Hamrerras, spécialiste en chirurgie générale et chirurgie du tube digestif, a mis l’accent sur la nécessité d’une prise en charge optimale et l’importance d’une approche globale pour la protection du citoyen face à ces traumatismes. Il fait savoir que plus de 70% de ces blessures résultent d’accidents de la route et que le taux de mortalité atteint 20% si aucune intervention n’est réalisée dans les trois premières heures.
Dès l’ouverture de son exposé, le Dr Hamrerras s’est attaqué aux idées fausses courantes qui entourent ce type de lésions. Il a mis en garde contre la perception qu’une douleur légère équivaut à une blessure mineure, ou qu’il n’est pas nécessaire de consulter un médecin en l’absence de symptômes immédiats.
Le spécialiste a ensuite détaillé les deux catégories principales de lésions abdominales : les lésions ouvertes et les lésions fermées. Il a expliqué que les blessures internes (fermées) sont les plus fréquentes lors des accidents de la route. Elles résultent souvent d’un choc violent ou d’une chute, pouvant entraîner des hémorragies internes ou des ruptures d’organes sans signes externes visibles. Quant aux lésions ouvertes (pénétrantes), elles sont moins courantes, mais souvent plus spectaculaires, relève le médecin. Ces lésions surviennent typiquement lors d’agressions et représentent un danger direct pour la vie, nécessitant une intervention chirurgicale d’urgence.
Les symptômes initiaux, souvent subtils, peuvent évoluer vers une douleur abdominale aiguë, un choc hypovolémique dû à une hémorragie, ou la présence de sang dans l’urine ou les selles. Les signes de choc hémorragique, comme une chute de la tension artérielle et une accélération du rythme cardiaque, nécessitent une attention immédiate.
«Le traitement varie d’une surveillance médicale étroite pour les cas simples à une chirurgie d’urgence en cas d’hémorragie interne ou de rupture d’organes. La chirurgie est indiquée en présence de saignement interne, de signes d’irritation péritonéale ou de détérioration de l’état du patient sous surveillance», explique le chirurgien. Parmi les procédures chirurgicales courantes, il a listé la laparotomie exploratrice, la suture des ruptures, l’ablation de la rate ou de parties de l’intestin, et la création d’une stomie.
Le Dr Hamrerras a également abordé les graves complications d’une absence de traitement adéquat, notamment les infections, les hémorragies persistantes et la défaillance des organes internes. Il a aussi alerté sur le choc psychologique et ses conséquences à long terme, insistant sur la nécessité d’un soutien psychologique après de tels incidents.
En conclusion de sa présentation, le Dr Hamrerras a émis plusieurs recommandations pour une meilleure prévention et une protection accrue des citoyens. Il a prôné l’intensification des campagnes de sensibilisation sur la dangerosité des accidents de la route, l’importance du port de la ceinture de sécurité et le respect du Code de la route, ainsi que la formation aux premiers secours. Il a également insisté sur le renforcement des programmes de prévention de la violence, la formation continue des intervenants, le soutien aux associations de médiation sociale et l’implication de la société civile. L’utilisation de systèmes de géolocalisation (GPS) pour une aide rapide a également été mentionnée.
Sur le plan sanitaire, le Dr Hamrerras a souligné la nécessité de renforcer le système de santé, d’améliorer le système de référence et le transport rapide des blessés, de fournir de premiers secours dans les rues, d’équiper les services d’urgence avec le matériel de diagnostic nécessaire, de former le personnel de santé à la gestion des traumatismes abdominaux et d’offrir un soutien psychologique et sanitaire aux victimes.Pour finir, le spécialiste a appelé à l’activation d’une stratégie nationale globale de prévention des blessures dues aux accidents et à la violence, impliquant tous les secteurs (santé, intérieur, éducation, société civile). Il a insisté sur le renforcement d’une culture de la prévention et de la responsabilité individuelle et collective, ainsi que sur la coopération avec les médias pour la diffusion de messages clairs aux citoyens.
Un fléau national aux coûts humains et économiques stratosphériques
La sécurité routière au Maroc n’est pas qu’une simple question de circulation. Elle représente un défi national d’une ampleur considérable, pesant lourdement sur les vies humaines et l’économie du pays. C’est le constat alarmant dressé par Mohammed Haitami, PDG du «Groupe Le Matin», qui a appelé à une refonte systémique de l’approche marocaine face à ce fléau.
Les statistiques sont implacables et témoignent d’une urgence permanente : chaque année, le Maroc enregistre pas moins de 85.000 accidents de la route impliquant au moins une personne blessée, ce qui équivaut à un accident toutes les dix minutes. Le coût humain est effroyable : on déplore en moyenne 4.000 décès par an sur les routes marocaines. À cela s’ajoutent 10.000 blessures graves et 2.000 cas d’invalidité permanente, transformant des vies à jamais et rendant les victimes dépendantes de leurs familles. En comparaison internationale, le Maroc enregistre 12 tués pour 100.000 habitants, alors que des pays comme la Suède n’en comptent que 2 pour 100.000, relève M. Haitami.
Au-delà des drames personnels, les accidents de la route pèsent lourdement sur l’économie nationale. Le coût total est estimé entre 25 et 30 milliards de dirhams par an, soit l’équivalent de 2,5% du Produit intérieur brut (PIB). Pour mettre ce chiffre en perspective, M. Haitami signale que chaque point de pourcentage du PIB perdu à cause des accidents correspond à environ 50.000 emplois qui ne sont pas créés.
Les pertes économiques se décomposent en plusieurs postes : 7 milliards de dirhams de pertes directes pour l’économie dues à la baisse de productivité (décès, incapacités permanentes), 15 milliards de dirhams en dommages matériels aux véhicules, camions et infrastructures routières (y compris la signalisation), et 8 milliards de dirhams couvrant d’autres impacts indirects, notamment les coûts sociaux, les traumatismes post-accident et la charge des familles endeuillées ou prenant en charge des personnes handicapées.
Le système d’assurance automobile, obligatoire, voit les Marocains verser environ 12,5 milliards de dirhams en primes annuelles, tandis que les compagnies d’assurance versent en moyenne 9 milliards de dirhams en indemnisations. Par ailleurs, environ 500 millions de dirhams sont collectés chaque année via les amendes routières. M. Haitami suggère que ces fonds pourraient être mieux alloués, notamment pour l’amélioration des infrastructures routières ou des services d’urgence.
Un coût moins évident, mais significatif, est celui des 3,5 milliards de dirhams de pertes dues aux retards et aux encombrements causés par les accidents.
L’analyse des accidents révèle des tendances préoccupantes. Plus de 50% des victimes sont des motocyclistes. Souvent jeunes et sujets à la vitesse et à la témérité, 30% d’entre eux ne portent pas de casque, un facteur aggravant. Les piétons représentent également 25% des victimes, 70% de ces accidents se produisant lors de traversées hors des passages protégés ou sur des routes non éclairées.
D’autres facteurs majeurs incluent la fatigue des conducteurs professionnels, souvent contraints à des trajets excessifs. Le surpoids des camions (souvent 20% au-delà de la charge maximale autorisée) affecte la distance de freinage et l’équilibre des véhicules, contribuant aux accidents. L’âge moyen du parc automobile marocain est de 15 ans, et 60% des accidents impliquent des véhicules de plus de 10 ans. De plus, 20% des voitures de plus de 5 ans échouent à la première visite technique, souvent pour des problèmes de pneus, freins ou systèmes ABS.
Pour faire face à la menace, M. Haitami plaide pour une refonte de la sécurité routière au Maroc. Il insiste sur la nécessité de repenser en profondeur l’approche étatique et sociétale des accidents de la route, et de mettre en place un «système global» pour les endiguer.
S’inspirant des meilleures pratiques internationales, M. Haitami propose une série de mesures concrètes : réduction des limitations de vitesse en zones urbaines, création de passages protégés spécifiques pour piétons et cyclistes, généralisation des systèmes anti-collision sur les véhicules, déploiement de caméras intelligentes utilisant l’IA pour détecter les comportements à risque, mise en place d’un éclairage dynamique pour minimiser les accidents nocturnes, entre autres.
Au-delà des aspects préventifs, le PDG souligne l’importance cruciale des «minutes d’or», ces 0 à 10 premières minutes suivant un accident, déterminantes pour la survie. Il rappelle que 80% des décès sont liés à des hémorragies internes ou des obstructions respiratoires. Face à cela, un retard de seulement 30 minutes réduit de moitié les chances de survie, alors que le temps moyen d’arrivée des secours est actuellement de 25 minutes à Rabat et de 40 minutes en zones rurales.
Pour pallier ces délais critiques, M. Haitami propose un plan ambitieux : équiper toutes les ambulances, y compris privées, de matériel de premiers secours et déployer un réseau national d’hélicoptères médicaux. Estimant le coût de 20 appareils à 100 millions de dirhams, il affirme que cette initiative pourrait sauver 500 vies par an et réduire le temps de réponse à 12 minutes.
D’autres pistes d’action sont également avancées : l’implantation d’hôpitaux d’urgence tous les 50 kilomètres le long des axes routiers, ces investissements pouvant être imposés à la société Autoroutes du Maroc (ADM) via un cahier des charges. Par ailleurs, il préconise l’utilisation de drones et de l’intelligence artificielle pour la détection rapide et le signalement des accidents.
La formation est également au cœur des préoccupations de M. Haitami. Il appelle à former les policiers et les chauffeurs de taxi (y compris inter-villes) aux premiers secours, et à intégrer cette formation obligatoire à l’obtention du permis de conduire. Il suggère également l’instauration d’une «prime à la casse» pour les véhicules de plus de 15 ans, assortie d’une taxe plus élevée pour ces mêmes véhicules.
Voyant dans la Coupe du Monde 2030 une formidable opportunité, M. Haitami appelle à accélérer les réformes et à atteindre les standards internationaux en matière d’infrastructures et de sécurité routière. Il conclut en soulignant la capacité du Maroc, sous la vision royale, à relever ces défis et à sauver de nombreuses vies. Il insiste à son tour sur l’importance d’un effort collectif, impliquant des investissements de l’État et l’adoption de comportements responsables par les citoyens, pour inverser la tendance des accidents et transformer ce défi en une réussite nationale.