Transformation du marché de l’emploi: le Maroc est-il prêt? (expert)
Le marché mondial de l’emploi traverse une période de transformation accélérée, marquée par l’impact des avancées technologiques, de la transition écologique et des changements démographiques. Dans ce contexte, des conditions indispencables s’imposent au Maroc pour rester dans la course de la performance et de la compétitivité.
Le Forum économique mondial (World Economic Forum-WEF) a récemment publiée son rapport sur le marché mondial du travail, intitulé « Future of Jobs Report 2025 ». En même temps qu’elle offre une vue d’ensemble des tendances mondiales à l’horizon 2030, cette étude met en équation leurs répercussions potentielles sur le marché de l’emploi marocain.
L’on apprend ainsi que d’ici 2030, près de 22% des emplois actuels subiront des transformations structurelles. Cette évolution entraînera la création de 170 millions de nouveaux postes, principalement dans les secteurs technologiques et environnementaux, tandis que 92 millions d’emplois deviendront obsolètes. Bien que ce solde positif de 78 millions d’emplois souligne une tendance globale de croissance, il masque des disparités entre les secteurs et les régions.
Ce que souligne le rapport du WEF, c’est qu’il y aura une explosion de la demande concernant les métiers liés à la technologie, notamment les spécialistes en big data, en intelligence artificielle (IA), en cybersécurité et les développeurs de logiciels.
La transition verte va de son côté créer une effervescence dans le domaine des énergies renouvelables et de la durabilité, stimulant la création d’emplois dans lesdits registres. En revanche, les professions administratives traditionnelles sont en déclin sous l’effet de l’automatisation et de la numérisation.
Pour clore, le Forum met le curseur sur l’évolution des compétences comme un enjeu central. Ainsi, les entreprises s’orienteront de plus en plus vers des profils faisant preuve de pensée analytique, de résilience, d’agilité. De même, les compétences numériques avancées, s’imposant comme essentielles, seront très prisées sur le marché de l’emploi.
Face à cette donne, environ 85% des entreprises prévoient d’intensifier les programmes de montée en compétences de leurs salariés.
Quid du Maroc? Youssef Guerraoui Filali, fondateur et président du Centre marocain de gouvernance et de management (CMGM), trouve que ce rapport est conforme à la trajectoire que suit l’évolution du marché de travail marocain. A l’en croire, ce marché évolue vers l’intelligence artificielle (IA) et les systèmes cyber-physiques.
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«Nous sommes passés de l’industrie 2.0 à l’industrie 4.0, et nous nous dirigeons maintenant vers l’industrie 5.0», l’expert en management et gouvernance. Il ne fait donc aucun doute, qu’on assistera, au Maroc, tout comme le dit le rapport du WEF, à la disparition de nombreux postes liés à la main-d’œuvre et au travail à la tâche, remplacés par des machines et des objets interconnectés.
Il est important et opportun de préparer dès maintenant la société marocaine et les entreprises à cette transformation digitale. «Le recrutement se fera principalement pour la partie back office, notamment pour des ingénieurs et des techniciens de maîtrise qui géreront des algorithmes et des programmes», observe notre expert, insistant sur la nécessité de développer les filières de formation et l’adéquation entre les profils et les besoins du marché.
Selon l’expert, les entreprises marocaines doivent sans tarder adopter l’IA et les technologies numériques pour rester compétitives. «Les entreprises qui n’adhèrent pas à cette transformation digitale disparaîtront, car elles continueront à produire avec des coûts de revient plus élevés», avertit Guerraoui Filali. La rationalisation des coûts, ajoute-t-il, passe par la réduction des temps de production et de l’intervention humaine, ce qui nécessite des investissements dans l’IA.
Guerraoui Filali recommande que le Maroc se penche davantage sur le développement des compétences en ingénierie, en transformation digitale et en IA. Par ailleurs, la formation continue et l’alignement des compétences avec les besoins du marché seront essentiels pour prospérer dans l’économie de demain.
Le règne technologique est imparable. Les entreprises marocaines gagneraient alors à intégrer ces nouvelles technologies et préparer leurs employés aux défis de l’industrie 5.0. Une condition sine qua non pour garantir leur compétitivité et leur survie à long terme.