Tony Blair et le plan Trump pour Gaza, un bilan contesté.
L’ex-Premier ministre britannique Tony Blair, âgé de 72 ans, a été nommé membre du « comité de la paix » en charge de superviser le gouvernement transitoire du territoire palestinien, selon l’annonce faite par le président américain Donald Trump. Moustafa Barghouti, du groupe Palestinian National Initiative, a déclaré que l’idée d’un retour de Tony Blair dans la région est « absolument horrible » et « inacceptable » au regard de sa réputation depuis l’invasion de l’Irak en 2003.
L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, impliqué dans le plan pour Gaza proposé par Donald Trump, a précédemment exercé un rôle de médiateur au Proche-Orient, mais sa réputation a été ternie par son soutien à la guerre en Irak aux côtés des États-Unis en 2003. Lundi, en dévoilant son plan pour mettre fin à la guerre à Gaza, le président américain a annoncé que Tony Blair, âgé de 72 ans et ancien leader travailliste, ferait partie du « comité de la paix » chargé de superviser le gouvernement transitoire du territoire palestinien prévu par Washington.
En août, l’ex-dirigeant britannique s’était rendu à la Maison Blanche avec Jared Kushner, le gendre du président américain, pour présenter un projet visant à mettre fin au conflit meurtrier dans le territoire palestinien, comme l’a rappelé Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient au groupe de réflexion Chatham House, interrogée par l’AFP. D’après elle, le rôle de Tony Blair, qui a été Premier ministre de 1997 à 2007, a été central dans l’élaboration du plan de Donald Trump.
Tony Blair a travaillé à « obtenir le soutien des dirigeants arabes ». « Il bénéficie de la confiance des dirigeants des pays du Golfe », a-t-elle ajouté. Cet homme charismatique possède de nombreux contacts et une vaste expérience de la région. Après son départ de Downing Street jusqu’en 2015, il a été l’envoyé spécial du Quartet pour le Moyen-Orient, qui regroupait l’Union européenne, la Russie, les Nations unies et les États-Unis. Il a exercé un rôle de médiateur dans les négociations de paix et devait encourager le développement économique et institutionnel palestinien. Cependant, ce mandat n’a pas atteint ses objectifs, dans un contexte de gel du processus de paix.
« Il a toujours gardé une place dans son cœur pour ce projet inachevé visant à apaiser ce conflit », a déclaré samedi au Washington Post l’ancien Premier ministre israélien Ehud Barak, qui occupait le poste au début du premier mandat de Tony Blair.
Néanmoins, l’éventualité d’un retour de Tony Blair dans la région ne fait pas l’unanimité. « C’est une idée absolument horrible », a réagi Moustafa Barghouti, responsable palestinien du groupe Palestinian National Initiative. Il a qualifié d' »inacceptable » de faire appel à une personne étrangère pour gérer les affaires palestiniennes à Gaza, soulignant « la réputation » de Tony Blair depuis l’invasion de l’Irak en 2003.
La décision de cet ancien Premier ministre d’engager son pays dans la guerre en Irak avait suscité une forte opposition, des millions de manifestants étant descendus dans les rues de Londres, l’accusant d’avoir menti sur la présence d’armes de destruction massive en Irak, jamais avérée. Beaucoup, au Royaume-Uni comme au Moyen-Orient, ne lui ont pas pardonné et il n’a jamais présenté ses excuses. « Au moins, on peut reconnaître que l’on a écarté un despote (Saddam Hussein) du pouvoir (en Irak) pour tenter d’installer une démocratie », défendait Tony Blair dans une interview à l’AFP en 2023.
Dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, le nom de l’ancien Premier ministre britannique suscite méfiance, comme l’illustre Hani Saad, 41 ans, qui vit sous une tente à Gaza dans une école accueillant des déplacés à Choujaïya. « Blair est connu pour mentir et ne servir qu’Israël et ses propres intérêts », a-t-il déclaré. En revanche, Hiam Wafi, 30 ans, résidant près de l’hôpital Nasser à Khan Younès, a une opinion plus favorable : « Je crois qu’il aidera à la reconstruction à Gaza. Il a des relations avec d’autres pays et peut mobiliser un soutien politique et financier », estime-t-il.
Francesca Albanese, rapporteuse des Nations unies pour la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, est catégorique : « Tony Blair ? Pas question ». « Ne touchez pas à la Palestine. Peut-être pourrions-nous nous rencontrer à La Haye ? », a-t-elle écrit sur X, en référence à la Cour pénale internationale. Ses détracteurs estiment qu’il devrait être jugé pour crimes de guerre en raison de l’invasion de l’Irak.
Tony Blair avait pourtant été l’un des Premiers ministres britanniques les plus populaires, ayant été élu à trois reprises (1997, 2001 et 2005) dans un climat d’optimisme et de prospérité économique. En 1998, il a réussi à faire signer un accord instaurant la paix en Irlande du Nord après trois décennies de conflit.

