TGV Casa-Marrakech : la Corée veut créer la surprise
Face à des géants de l’industrie ferroviaire en Chine et en Europe, la Corée du Sud fait office d’outsider dans le marché marocain qui s’apprête à sélectionner un candidat pour la fourniture de nouveaux trains pour plus d’un milliard de dollars.
Les détails.
Plus que quelques semaines avant de connaitre l’heureux gagnant du marché marocain pour l’acquisition de nouveaux trains. La concurrence bat son plein entre des constructeurs asiatiques et européens. Face à des géants de l’industrie ferroviaire comme le chinois CRRC ou l’européen Alstom, Hyundai Rotem, de la Corée du Sud, fait office d’outsider, décidé à bousculer ses concurrents, n’hésitant pas à déployer les moyens et arguments pour séduire. Au cours des derniers jours, l’ambassade de Séoul a été très active à Rabat. Dans ce sens, Mohammed Abdeljalil, ministre du transport et de la logistique a tenu, le vendredi 06 septembre 2024 au siège du ministère, une réunion de travail avec Yeonjean Yoon, ambassadeur de la République de Corée du Sud au Royaume du Maroc, qui a été accompagné par une délégation de haut niveau de son pays. Au début de cette réunion les deux parties ont loué l’excellence des relations de coopération entre le Maroc et la Corée du Sud et ont échangé autour des moyens de renforcement de ces liens dans le domaine du transport en général et le ferroviaire en particulier. A cette occasion, le responsable coréen a exprimé la volonté de son pays de participer à la mise en œuvre des projets ferroviaires du Maroc et d’apporter le savoir-faire et l’expertise coréen dans ce domaine. Les deux parties ont également échangé autour du processus d’homologation des véhicules coréens de transport public urbain. A cet effet, le ministère s’est engagé à accélérer et faciliter ce processus d’homologation. D’autre part, les deux parties ont discuté de la mobilité durable et de l’utilisation de l’hydrogène vert dans le secteur du transport. Quelques jours auparavant, le ministre de l’industrie et du commerce, Ryad Mezzour, avait également reçu à Rabat l’ambassadeur de la République de Corée au Maroc. La réunion a porté sur les moyens de renforcer la coopération économique et industrielle entre les deux pays, consolidant ainsi le partenariat stratégique entre le Royaume du Maroc et la République de Corée. Il faut préciser qu’en juillet dernier, le ministre de l’industrie et du commerce avait reçu à Casablanca Young-Bae Lee, PDG de Hyundai Rotem, société coréenne considérée comme un acteur majeur dans le domaine de la fabrication d’équipements mobiles pour les chemins de fer et les systèmes de défense. A quelques dizaines de kilomètres et un peu plus au nord, un autre responsable coréen était reçu par un autre ministre marocain. En effet, le renforcement de la coopération bilatérale dans le domaine du transport et de la sécurité routière a été au centre d’entretiens à Rabat, entre le ministre du transport et de la logistique et le ministre coréen du territoire, des infrastructures et des transports, Sangwoo Park. Face à la concurrence européenne et chinoise dans le domaine, Séoul joue la carte de l’expertise coréenne dans les domaines de l’industrie et de l’infrastructure ferroviaires, notamment le transfert de compétences en matière de maintenance et de construction ferroviaire, en plus de la formation des ressources humaines à travers une éventuelle implantation sur place.
Ambition
Le Maroc veut profiter du marché lancé par l’ONCF (Office national des chemins de fer) ayant pour objet la fourniture de rames automotrices et de prestations associées, pour la mise en place d’un projet industriel portant sur la production, au Maroc, de rames automotrices et le déploiement d’une «Ambition Export», le transfert de la technologie et des compétences est un argument qui peut faire mouche. Car en plus de l’acquisition d’un nouveau matériel ferroviaire, le Maroc est intéressé par un transfert de technologie dans le cadre du futur projet industriel. Dans ce sens, les entreprises soumissionnaires doivent définir le périmètre du projet de transfert technologique des activités et opérations à l’issue de la fourniture et réalisation de rames. Pour rappel, l’Office national des chemins de fer envisage de décomposer le marché en deux lots, sans préjudice de l’éventuelle attribution, à l’issue du dialogue compétitif, à un seul concurrent d’un marché unique portant sur l’intégralité des prestations. Le premier lot concerne l’acquisition de 18 rames grande vitesse (RGV) ainsi que 40 rames inter-villes. Ce premier lot est estimé à 8,3 milliards de dirhams. Le deuxième lot concerne de son côté les rames RER (Réseau express régional) avec une commande de 60 Trains navettes rapides (TNR) et 50 trains métropolitains pour un budget total de 7,6 milliards de dirhams, soit un total pour les deux lots de 16 milliards de dirhams hors taxes. Le délai global préliminaire de fourniture des rames automotrices est de quatre (4) ans (délai imparti pour la production non compris). Les prétendants devront fournir un planning qui comporte le montage et démarrage du projet industriel, la maîtrise d’ouvrage, construction et installation du site, le début du transfert technologique assemblage sur site, la fabrication et maintenance, les premières livraisons fournisseurs des composants sous contrat local, la montée en cadence usine, la montée en cadence fournisseurs ainsi que l’export de trains, sous-systèmes et composants. Il est question de définir également les capabilités métiers qui seront transférées dans le cadre du projet, précisant le niveau d’intégration et s’appuyant sur la cartographie ONCF des capabilités attendues et justificatifs correspondants. L’enjeu du pays est d’atteindre un taux d’intégration local important. Autrement, la sélection d’un futur partenaire prendra en compte les achats, auprès des fournisseurs implantés ou qui seront implantés au Maroc. Au-delà du taux d’intégration industriel, la contribution à l’export de l’écosystème ferroviaire constitué par les sous-traitants installés est considérée comme cruciale au développement local du réseau de sous-traitance.
Transports
Statistiques. Le nombre de voyageurs transportés par l’Office national des chemins de fer (ONCF) s’est élevé à 26,4 millions de personnes durant le premier semestre 2024, en hausse de 7% par rapport à la même période un an auparavant. Selon l’ONCF cette activité «Voyageurs» a généré un chiffre d’affaires (CA) de plus de 1,26 milliard de dirhams (MMDH), en progression de 8% comparativement à fin juin 2023, notant que le train «Al Boraq», qui continue à s’imposer en tant qu’icône de la mobilité durable et vecteur de changement, a transporté, au S1-2024, plus de 2,6 millions de voyageurs (+14% en glissement annuel). Pour ce qui est du transport de marchandises, il a connu une amélioration des volumes transportés de 32%, à 9 millions de tonnes (MT), soutenu principalement par la bonne performance du transport des phosphates qui a progressé de 68% par rapport au 1er semestre 2023. Le CA Fret et phosphates a, en effet, augmenté de 23%, à 815 millions de dirhams (MDH). Ainsi, le CA consolidé s’est accru de 16%, à plus de 2,55 MMDH à fin juin dernier. En social, le CA a affiché une hausse de 12%, à près de 2,18 MMDH. Concernant les CAPEX (Capital Expenditures – Dépenses d’investissement), qui ont porté principalement sur le maintien de la performance et l’amélioration de la qualité des services, elles ont atteint 811 MDH en comptes sociaux. En outre, l’Office fait état d’un repli de l’endettement de 4%, à 41,9 MMDH à fin juin 2024, et de l’amorçage du nouveau cycle de développement avec des projets de développement structurants à horizon 2030 (extension de la LGV – Ligne à grande vitesse, RER – Réseau express régional, nouvelles acquisitions de matériel roulant, etc.).