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Tarcisio de Freitas, candidat à la succession de Bolsonaro à Sao Paulo

Tarcisio de Freitas, gouverneur de Sao Paulo depuis janvier 2023, est décrit comme le mieux coté selon les sondages pour se mesurer au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Selon les chiffres de l’ONG Forum brésilien de sécurité publique, le nombre de personnes tuées lors d’interventions policières a augmenté de 61% de 2023 à 2024 dans l’Etat de Sao Paulo.


Tarcisio de Freitas, gouverneur de Sao Paulo, affirme ne pas vouloir succéder à Jair Bolsonaro à la tête du camp conservateur au Brésil, mais il est au centre des attentions en vue de la présidentielle de 2026. « Si être pragmatique, c’est trouver des solutions immédiates aux problèmes des gens, je suis d’accord avec cette description », déclare Tarcisio de Freitas. À la tête de l’État le plus riche et le plus peuplé du pays (46 millions d’habitants) depuis janvier 2023, il est en bonne position selon les sondages pour s’opposer au président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, si ce dernier décide de se représenter.

Bien qu’il projette une image modérée par rapport à l’ancien président d’extrême droite, Tarcisio de Freitas, 50 ans, reste loyal envers celui qui l’a nommé ministre, qualifiant Jair Bolsonaro de « plus grand leader politique » de la droite brésilienne. Il estime que Bolsonaro devrait être candidat en octobre 2026, malgré sa récente condamnation à 27 ans de prison pour tentative de coup d’État.

L’ensemble de la classe politique anticipe que l’ex-chef d’État désignera un successeur. Parmi d’autres gouverneurs de droite potentiellement candidats, des proches de M. Bolsonaro sont également évoqués, tels que son épouse Michelle ou son fils aîné Flavio, sénateur actuel.

Apprécié des milieux d’affaires et critiqué par la gauche pour ses méthodes de sécurité, Tarcisio de Freitas est un ancien militaire et ingénieur qui a longtemps évolué en tant que technocrate discret. Il a remporté les élections pour devenir gouverneur de Sao Paulo en battant largement Fernando Haddad, actuel ministre des Finances de Lula. À la tête de l’État clé pour l’économie brésilienne, il revendique son pragmatisme.

« Si être pragmatique, c’est trouver des solutions immédiates aux problèmes des gens, je suis d’accord avec cette description », a-t-il déclaré à l’AFP. Avec une attitude affable et accessible, le gouverneur Freitas se montre plus mesuré que Jair Bolsonaro, connu pour ses dérapages.

Lors d’une manifestation pro-Bolsonaro, peu avant la condamnation de ce dernier le 11 septembre, il a cependant dénoncé la « tyrannie » d’Alexandre de Moraes, juge chargé du procès contre l’ex-président, promettant que sa « première mesure » en tant que président serait de lui accorder une grâce.

Né à Rio de Janeiro en 1975, fils d’une femme de ménage et d’un employé du commerce, Tarcisio de Freitas a intégré l’académie militaire avant d’obtenir son diplôme d’ingénieur. Marié et père de deux enfants, il a quitté l’armée à 33 ans, avec le grade de capitaine, pour devenir haut fonctionnaire. Paradoxalement, il a obtenu son premier poste important sous la présidence de Dilma Rousseff, proche de Lula, en tant que directeur national des Infrastructures et des Transports, avant de devenir ministre des Infrastructures dans le gouvernement Bolsonaro en 2019.

« Il est compétent et assez malin », estime un diplomate européen en poste au Brésil. « Mais le substrat du bolsonarisme n’a pas disparu, tout candidat de droite devra arrimer la frange la plus radicale et lui donner des gages », ajoute-t-il sous couvert d’anonymat. Pour le politologue Leonardo Paz, Tarcisio de Freitas est perçu par l’establishment comme un dirigeant « efficace, qui ne susciterait pas de polémiques inutiles comme Bolsonaro ».

Tout en continuant de nier toute intention de se porter candidat à la présidence en 2026, le gouverneur de Sao Paulo a critiqué le président Lula ces dernières semaines, affirmant que celui-ci avait « placé l’idéologie au-dessus de l’économie » avec ses « dépenses effrénées, faisant fuir les investisseurs ».

Tarcisio de Freitas fait face à des critiques concernant la sécurité, le nombre de personnes tuées lors d’interventions policières ayant augmenté de 61 % de 2023 à 2024 dans l’État de Sao Paulo, selon les chiffres de l’ONG Forum brésilien de sécurité publique, tandis que la moyenne nationale a diminué de 3 %. Lorsque des associations ont interpellé le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU au sujet de ces violences, il a répondu : « Je m’en fiche ».