Taghounja, une tradition et un patrimoine culturel et artistique
La cérémonie de «Taghounja», une tradition et un patrimoine artistique et culturel qui s’assigne pour objectif d’implorer le Tout Puissant de répandre ses bienfaits pluvieux chaque fois que les précipitations se font rares.
Dans le cadre des journées culturelles artistiques et sportives organisées à Beni Mellal, du 25 au 30 Juillet 2024, et sous le thème «La préservation et la valorisation des ressources hydriques, pilier essentiel du développement durable», l’Association Offres sans limites a organisé, le 29 juillet 2024, à Ain Tamegnount, à Beni Mellal, la cérémonie de «Taghounja», une tradition et un patrimoine artistique et culturel qui s’assigne pour objectif d’implorer le Tout Puissant de répandre ses bienfaits pluvieux chaque fois que les précipitations se font rares. Le mot «Taghounja» dérive de tamazighte, a fait savoir Latifa Gharrabou, présidente de l’Association offre sans limites. «C’est une grande cuillère en bois avec laquelle on préparait le couscous et un grand nombre de repas traditionnels. Taghounja a une dimension culturelle et sociale portant sur le bien, la richesse, les bienfaits.
Pour organiser la cérémonie de taghounja, nous fabriquons d’abord un mannequin, une sorte de mariée avec des roseaux, un foulard brodé en soie, des vêtements ornés de joyaux et d’or. Notons que tout ce que porte cette mariée date de plusieurs années et parfois on choisit un habit féminin de couleur verte symbolisant la verdure, la pluie, la vie…», a-t-elle ajouté. Et de poursuivre «Par la suite, une femme brandit la mariée et les femmes et les enfants sillonnent les quartiers en implorant Dieu de faire tomber de la pluie. En s’adressant à Dieu, tout le monde chante «Taghounja, que la pluie tombe à grands flots, donne nous la pluie mon Dieu pour que les javelles soient irriguées et que les récifs inondent». A ce moment, on frappe aux portes pour ramasser de la farine, de l’argent, du sucre. Une fille s’occupe du ramassage de tous ces ingrédients qu’on met dans un tissu blanc symbole de pureté. Au terme de ces tournées, on revient à la source de tamegnounte pour préparer «Barkoukch et ftat chatba», ce sont des repas auxquels on ajoute du lait et qu’on présente aux femmes et aux enfants. De temps en temps, tout le monde chante des chansons religieuses, fait des prières ou «tasabihs» pour implorer la miséricorde de Dieu.
Autrefois, a souligné Latifa, pour demander de la pluie, les hommes et les femmes recourent au tir à la corde. Chaque groupe tire la corde de l’autre extrémité et quand elle casse, tout le monde crie de joie car la pluie tombera. D’après une mythologie amazigh, poursuit Latifa, il y avait Dieu de la pluie qui se promenait autour d’un village, non loin d’une rivière. Un jour, le Dieu précité aperçut une fille très belle qu’il aima, elle s’appelait Taghounja. Alors, il la demanda en mariage mais elle refusa. A ce moment-là, il se mit en colère et quitta le village où habitait Taghounja. Depuis, la sécheresse prit possession de tous les villages et une malédiction s’abattit sur toute la population. Aucune goutte de pluie ne tomba des années durant. C’est à ce moment-là que les habitants du village décimé par le manque des précipitations conseillèrent à Taghounja d’accepter la demande en mariage du Dieu de la pluie. Alors, elle accepta. Le jour de leur mariage, Taghounja et son mari montent au ciel Un arc – en –ciel apparut et la pluie tomba.«Ainsi, l’organisation de Taghounja s’assigne pour objectif de redorer le blason d’une tradition qui est en voie de disparition. C’est un patrimoine artistique et culturel enraciné dans la nuit des temps que nous sommes tenus de protéger et de perpétuer au fil des siècles. En outre, notre association sensibilise les gens à une gestion rationnelle des ressources hydriques à cause des années de sécheresse qui se sont succédé», a-t-elle conclu.