Stress hydrique : Opération reconquête de l’or bleu
Le Maroc est sur tous les fronts pour sécuriser ses réserves en eau. Alors que l’impact des changements climatiques est plus que jamais visible, le Royaume mène sous la conduite éclairée du Souverain une stratégie multiforme pour être au rendez vous. Eclairages.
Il y a quelques semaines, le Maroc était présent en force à Bali en Indonésie à l’occasion du Forum mondial de l’eau. Le chef de gouvernement Aziz Akhannouch, accompagné du ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a présidé la délégation officielle marocaine à la 10ème édition de Forum, placé sous le thème «L’eau pour une prospérité partagée». Depuis sa première édition à Marrakech en 1997, le Forum mondial de l’eau est une plateforme unique et distinguée d’échange d’expériences et de connaissances, et une opportunité majeure pour accroître la mobilisation internationale de haut niveau autour des questions sensibles liées à l’eau, à même de fédérer les visions pour relever les défis mondiaux de l’eau. La participation du Maroc reflète l’intérêt porté par le Royaume à la question de l’eau. Le Maroc a d’ailleurs décerné au cours de cet événement le 8ème Grand Prix Mondial Hassan II de l’Eau à la FAO lors de la cérémonie d’ouverture du Forum par le Chef de gouvernement. Retenue parmi 84 candidatures reçues par le secrétariat du Grand Prix Mondial Hassan II de l’eau, la FAO a reçu un chèque d’une valeur de 500.000 dollars américains, pour son engagement en faveur de « la sécurité des ressources en eau pour la souveraineté alimentaire et le partage de la prospérité ». Le Maroc demeure ainsi un acteur mondial engagé concernant la question de l’eau. « J’invite à réfléchir à la manière dont nos politiques publiques s’alignent pour garantir une gestion efficace, intégrée et cohérente des ressources en eau, tout en contribuant au développement durable de nos pays », avait dit M. Baraka, qui intervenait lors d’un panel de haut niveau organisé dans le cadre du programme du Forum. Conformément à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc met en œuvre des politiques intégrées qui favorisent une gestion durable de l’eau, une agriculture résiliente face aux changements climatiques, une production d’énergie de plus en plus propre et un accès équitable à l’eau potable pour tous les citoyens, avait-il affirmé. Le ministre a cité, dans ce sens, la station de dessalement de l’eau de mer de Dakhla, qui est entièrement alimentée par un parc éolien pour produire de l’eau à un prix abordable. Le Maroc mise ainsi sur le dessalement pour répondre à la demande de plus en plus importante. Le pays va même abrité la plus grande usine du continent. La station de dessalement de Casablanca, dont les travaux de réalisation ont été lancés par SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan, est un ouvrage extrêmement stratégique pour renforcer et sécuriser l’approvisionnement en eau potable de toute la région, avait souligné Tarik Hammane, directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Cette station, qui sera réalisée au niveau de la commune Lamharza Essahel (province d’El Jadida), est parmi les plus grandes à l’échelle mondiale et la plus grande en Afrique, avec une capacité de production annuelle de 300 millions de m3 par an, a précisé M. Hammane dans une déclaration à la presse à l’occasion du lancement de ce projet, notant qu’elle permettra l’alimentation des villes de Casablanca, de Settat et de Berrechid et des zones avoisinantes (Bir Jdid, Had Soualem). Et d’ajouter que la station de dessalement de Casablanca est un ouvrage aussi important d’un point de vue technique puisqu’elle sera dotée des meilleures technologies dans le domaine et sera alimentée avec de l’énergie renouvelable. L’ensemble de l’électricité requise pour le fonctionnement de la station émane d’énergies renouvelables non polluantes, a assuré M. Hammane, soulignant que toutes les actions en vue de respecter l’environnement ont été prises en considération.
Stratégie
La réalisation de la station de dessalement de Casablanca rentre dans le cadre d’une stratégie nationale globale. Le Maroc s’est doté d’un programme national. Face à un stress hydrique exacerbé par les effets du changement climatique, le Maroc prend des mesures avant-gardistes pour sécuriser durablement son approvisionnement en eau, notamment par la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027, la construction de nouveaux barrages et la mise en place de solutions innovantes dans le domaine du dessalement de l’eau de mer. L’enveloppe dédiée au programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027 s’élève à 150 milliards DH (MMDH) après sa révision. Le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation, élaboré sur Hautes Orientations Royales, constitue une réponse proactive à la question de la gestion de l’eau qui n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années, en particulier avec les changements climatiques. L’accent est notamment mis sur le milieu rural à travers un autre programme, en l’occurrence le programme national d’approvisionnement du monde rural en eau potable. Ainsi, quelque 119 centres ruraux et 2.400 douars du monde rural ont été approvisionnés en eau potable entre 2022 et 2024, avec un volume d’investissement de 4,3 milliards de dirhams (MMDH). Selon la tutelle, ce programme s’inscrit dans le cadre de la généralisation de l’accès à l’eau potable en faveur des douars non approvisionnés et vise à réhabiliter le système d’approvisionnement dans les douars disposant de systèmes hydriques non stables. Le budget du programme, qui s’étend jusqu’en 2027, a été revu à la hausse, atteignant les 143 MMDH, dont 29 MMDH destinés à garantir l’accès à l’eau potable au monde rural. Dans ce cadre, le ministère de l’Equipement et de l’eau a fait état de l’acquisition de 1.200 camions citernes durant les deux dernières années, afin d’assurer l’acheminement de l’eau à la population rurale, ainsi que de 200 stations mobiles de dessalement et de traitement des eaux minérales, distribuées dans toutes les provinces et zones rurales, outre la création de fontaines et de barrages collinaires.