Sommet historique à l’ONU : l’État de Palestine enfin reconnu.
La France a reconnu « l’Etat de Palestine » lundi lors de la tribune de l’ONU, une décision qui a également été formellement prise par la Belgique, le Luxembourg, Malte et Monaco. Désormais, au moins 150 pays sur 193 Etats membres de l’ONU reconnaissent l’Etat de Palestine, selon le décompte de l’AFP.
La France, ainsi que plusieurs autres pays, a reconnu lundi « l’Etat de Palestine » depuis la tribune de l’ONU, dans une tentative de renforcer la pression sur Israël afin de mettre un terme à la guerre à Gaza. Cette décision, bien que symbolique, marque un mouvement historique. « La France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine », a déclaré le président français Emmanuel Macron, sous les applaudissements, lors de l’ouverture de l’assemblée annuelle des Nations Unies à New York, qui sera largement centrée sur la guerre à Gaza.
Macron a insisté sur le fait que « le temps est venu d’arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite. (…) Le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir ». Il a précisé que l’établissement d’une ambassade de France dans un futur Etat palestinien serait conditionné à la libération des otages retenus à Gaza. La Belgique, le Luxembourg, Malte et Monaco ont également franchi le cap de la reconnaissance ce lundi.
Israël, ainsi que d’autres pays qui s’opposent à cette décision, dont le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal, ont critiqué cette reconnaissance. Les Etats-Unis, principal allié du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, considèrent cela comme une « récompense pour le Hamas », comme l’a expliqué sa porte-parole, Karoline Leavitt.
Emmanuel Macron a été à l’initiative de ce sommet, coprésidé avec l’Arabie saoudite, axé sur l’avenir de la solution à deux Etats, après de longs mois de travail diplomatique pour rallier un maximum de pays et tenter de construire un plan de paix. Ce sommet a permis d’adopter, à la majorité écrasante de l’Assemblée générale de l’ONU, un texte soutenant un futur Etat palestinien, tout en excluant sans ambiguïté le mouvement islamiste Hamas, une condition posée par de nombreux pays occidentaux. Le président palestinien Mahmoud Abbas, empêché de voyager aux Etats-Unis et s’exprimant par vidéo, a également réaffirmé cet engagement.
Mahmoud Abbas a promis que « le Hamas n’aura aucun rôle dans le gouvernement, le Hamas et d’autres factions doivent rendre leurs armes à l’Autorité palestinienne », tout en condamnant les attaques du 7 octobre. Aujourd’hui, au moins 150 pays sur 193 Etats membres de l’ONU reconnaissent l’Etat de Palestine, selon un décompte de l’AFP.
Le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal ben Farhane, a appelé tous les autres pays à prendre une « mesure historique similaire », mais ce mouvement n’a pas changé le statut d’observateurs des Palestiniens à l’ONU, dont l’adhésion pleine et entière reste bloquée par les Etats-Unis.
L’Allemagne ne prévoit pas de reconnaissance à court terme, ni l’Italie, où des manifestations ont eu lieu lundi pour « dénoncer le génocide à Gaza ». En France, cette reconnaissance a été saluée par près d’une centaine de villes dirigées par la gauche, qui ont hissé le drapeau palestinien sur le fronton de leur mairie.
Certains diplomates redoutent des représailles israéliennes. Benjamin Netanyahu a réitéré dimanche qu’il n’y aurait pas d’Etat palestinien, menaçant d’étendre la colonisation en Cisjordanie, tandis que des ministres israéliens d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont appelé à l’annexion de ce territoire palestinien occupé.
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’il ne fallait pas se laisser intimider par le risque de représailles, en référence à la guerre à Gaza et à « l’annexion insidieuse de la Cisjordanie ». Dans ce contexte, le discours attendu du Premier ministre israélien à l’Assemblée générale de l’ONU vendredi, ainsi que celui de Donald Trump prévu mardi, suscitent de grandes attentes.
Pour Max Rodenbeck, de l’International Crisis Group, bien que tout effort pour soutenir les droits des Palestiniens soit « bienvenu », ces reconnaissances, sans « mesures concrètes », risquent de « détourner l’attention de la réalité, qui est l’effacement accéléré de la vie des Palestiniens sur leur terre natale ».
L’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël a causé la mort de 1 219 personnes du côté israélien, principalement des civils, selon des données officielles. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza a déclaré que les représailles israéliennes ont entraîné la mort de 65 344 Palestiniens, dont la majorité étaient également des civils, dans cette région sous le contrôle du Hamas depuis 2007.

