SEFARM Paris 2025 : l’artisanat féminin marocain à l’honneur dans la capitale mondiale de la mode

Placée sous le signe « Beau, exceptionnel, raffiné – le Maroc au féminin », cette édition réunira 100 artisanes dont 20 seront présentes à Paris. Bijouterie, art de la table, décoration, accessoires de mode et caftans seront exposés lors de deux grands rendez-vous : l’un destiné au grand public à la boutique 10sign artisanat, dans le Marais, et l’autre à la Chambre des Métiers de l’Artisanat d’Île-de-France, réservé aux professionnels.
Parmi les temps forts de la programmation figure une conférence thématique, organisée en partenariat avec l’UNESCO, intitulée : « Luxe parisien et savoirs traditionnels marocains : quelles synergies pour une revalorisation durable ? », qui rassemblera des personnalités politiques, artistiques et des acteurs du secteur du luxe.
« Ce programme d’échange Maroc-France célèbre la dextérité des femmes marocaines, gardiennes des joyaux des savoir-faire traditionnels. Il permet de faire rayonner la lumière du Maroc à Paris, le Maroc de la cohabitation, de l’amour et de la tolérance », souligne Fawzia Talout Meknassi, présidente du REFAM Dar Maalma.
L’association REFAM Dar Maalma encadre aujourd’hui plus de 5.000 artisanes dans les 12 régions du Maroc. Avec ses partenaires marocains et français, SEFARM Paris ambitionne de transformer les savoir-faire ancestraux en véritables leviers d’autonomisation économique et de rayonnement international.
Entretien avec Fawzia Talout Meknassi, présidente du REFAM Dar Maalma : « L’artisanat féminin marocain n’est pas un vestige du passé, mais une source d’inspiration pour l’avenir »
À quelques semaines de l’ouverture du SEFARM Paris 2025, Fawzia Talout Meknassi, présidente du REFAM Dar Maalma, détaille les ambitions de cette édition qui vise à conjuguer tradition et innovation. Elle revient sur le rôle des femmes artisanes marocaines dans la création contemporaine et sur les opportunités qu’offre ce rendez-vous parisien en matière de visibilité et de débouchés internationaux.
Comment le Sefarm Paris 25 contribue-t-il à préserver et transmettre les savoir-faire traditionnels marocains, en particulier ceux des femmes, tout en les inscrivant dans une démarche contemporaine et internationale ?
Fawzia Talout Meknassi : En effet, l’événement met en lumière la dextérité des femmes marocaines, détentrices des joyaux des savoirs traditionnels. Il se présente comme une véritable vitrine internationale, où les savoir-faire artisanaux du Maroc ne sont pas perçus comme de simples vestiges du passé, mais bien comme des sources d’inspiration précieuses pour la création contemporaine.
Les artisanes y exposent des pièces uniques, alliant techniques ancestrales (tissage, broderie, travail du bois, du cuir, du métal) et innovations en matière de design et de durabilité. Ce dialogue entre tradition et modernité permet non seulement de préserver la mémoire culturelle, mais aussi de l’inscrire dans une dynamique de création en phase avec les tendances actuelles du luxe et du design mondial.
Nos artisanes bénéficient de l’encadrement de la Maison de Haute Couture Éric Tibusch. Ainsi, la Semaine des Femmes Artisanes du Royaume du Maroc à Paris (Le Sefarm Paris 25) se tiendra du 15 au 21 septembre 2025, dans la capitale mondiale de la mode. Cet événement est organisé par le Réseau des Femmes Artisanes du Maroc (REFAM Dar Maalma) et l’Association Française des Artisans Formidables (APPAR).
Pour cette troisième édition, placée sous le signe de l’échange culturel entre le Maroc et la France, le slogan retenu est : « Beau, Exceptionnel, Raffiné – le Maroc au Féminin ». Il est important de rappeler que le REFAM Dar Maalma est une ONG de droit marocain, fondée le 30 mai 2008, sous la présidence effective de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meriem.
Dans ce cadre, nous œuvrons dans le respect absolu des orientations initiales données par Son Altesse Royale lors de la création du réseau.
Par ailleurs, l’approche adoptée par le REFAM Dar Maalma s’inscrit pleinement dans les orientations de S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu Le glorifie. Elle vise à promouvoir le développement social, économique et juridique des femmes marocaines, en valorisant les savoir-faire traditionnels qu’elles portent, comme un véritable levier économique pour le renforcement et l’amélioration de leur condition.
En quoi la tenue de ce salon permet-elle d’ouvrir de nouveaux marchés pour l’artisanat marocain et de renforcer la visibilité des artisanes auprès des acteurs du luxe et du design ?
En rassemblant à Paris des acheteurs, créateurs, designers et maisons de luxe. Grâce à l’initiateur de l’événement, Franck Clère, président fondateur du Sefarm Paris, nous avons créé un espace de rencontre privilégié entre l’artisanat marocain et les acteurs internationaux de la mode et du design. Les artisanes y bénéficient d’une visibilité exceptionnelle, qui dépasse le marché local, et accèdent à des opportunités de collaboration avec des marques prestigieuses. Les exposantes marocaines disposent ainsi d’une vitrine stratégique auprès d’acheteurs, de maisons de luxe, de designers et de prescripteurs de tendances.
Deux expositions sont organisées à cette occasion : une exposition B2B, qui se tient à la CMA Île-de-France, et une seconde, destinée au grand public, se déroule à la boutique 10 SIGN Artisanat. Ces événements permettent aux créations marocaines de bénéficier d’une double visibilité : d’une part, une visibilité commerciale qui assure une ouverture sur de nouveaux marchés internationaux ; d’autre part, une reconnaissance institutionnelle et culturelle qui contribue à consacrer l’artisanat marocain comme un pilier de la création et du luxe éthique. Cette interaction directe contribue à l’élargissement des débouchés commerciaux, à la reconnaissance du savoir-faire comme patrimoine créatif mondial, et à la montée en gamme de l’artisanat marocain, notamment des savoirs détenus par les femmes.
Quels effets tangibles les éditions précédentes ont-elles eus sur l’autonomisation économique et la visibilité des femmes artisanes, et quels objectifs spécifiques vous fixez-vous pour 2025 ?
Les éditions précédentes ont permis à trois artisanes marocaines de décrocher des labels pour leurs produits. D’autres ont pu obtenir des commandes. Mais au-delà de l’aspect commercial, le Sefarm est un espace de formation qui permet d’améliorer la qualité des produits grâce à des échanges avec des designers, et de renforcer l’autonomie économique des femmes artisanes du Maroc. La rencontre contribue également à modifier le regard porté sur les artisanes. Lors du Sefarm, elles sont désormais perçues comme des créatrices à part entière, et non comme de simples exécutantes.
Pour 2025, nos objectifs sont clairs : nous souhaitons permettre à un plus grand nombre d’artisanes de participer. Nous visons aussi le renforcement des programmes de mentorat avec des designers internationaux.
Un autre point, qui constitue pour nous une priorité, est la mise en place d’outils permettant un suivi post-Sefarm, afin de transformer les opportunités en partenariats durables. Et bien sûr, l’élément le plus important, qui fonde même l’existence du REFAM Dar Maalma, est de positionner l’artisanat féminin marocain comme un acteur incontournable du luxe éthique.
À cet effet, nous avons prévu l’organisation, en partenariat avec l’UNESCO, d’une conférence thématique intitulée : « Luxe parisien et savoirs traditionnels marocains : quelles synergies pour une revalorisation durable ? »
Comment comptez-vous prolonger l’impact de cet événement au-delà de la semaine parisienne et transformer ces collaborations en projets durables pour les femmes artisanes au Maroc ?
Il va de soi qu’au-delà de la semaine parisienne, le Sefarm Paris prévoit un accompagnement structuré et durable, permettant la création d’un écosystème favorable. Ainsi, nous prévoyons la mise en place de plateformes digitales pour faciliter la mise en relation continue avec acheteurs et créateurs. En partenariat avec la Région Casablanca-Settat et la Région Île-de-France, nous travaillons au développement de programmes de formation pour renforcer la capacité des artisanes à répondre aux standards internationaux.
Un autre axe sur lequel nous collaborons avec nos deux partenaires institutionnels, l’Agence de l’Oriental et l’OCP, est la création d’ateliers collaboratifs au Maroc et d’écoles de design, afin de nourrir un dialogue permanent entre tradition artisanale et innovation créative. Cela passera notamment par un suivi rigoureux des collaborations initiées à Paris, afin de transformer les contrats commerciaux en engagements pérennes, débouchant sur des projets de co-création inscrits dans la durée. Notre finalité reste fidèle à la mission fondatrice du REFAM Dar Maalma : renforcer l’autonomisation des femmes, promouvoir leur leadership et leurs droits à travers les savoir-faire traditionnels, et faire rayonner le Maroc du Beau, de l’Exceptionnel et du Raffiné sur la scène internationale.


