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Sarkozy dédicace son « Journal d’un prisonnier » à Paris

Les éditions Fayard ont publié mercredi « Le journal d’un prisonnier » de Nicolas Sarkozy, qui raconte les trois semaines de détention de l’ancien président de la République après sa condamnation dans le procès libyen. Nicolas Sarkozy sera jugé à nouveau dans ce dossier du 16 mars au 3 juin par la cour d’appel de Paris.


Les éditions Fayard ont publié mercredi « Le journal d’un prisonnier » de Nicolas Sarkozy, un récit des trois semaines de détention de l’ancien président de la République après sa condamnation dans le procès libyen. Ce livre, très médiatisé, a été accompagné d’une dédicace dans une grande librairie du 16e arrondissement de Paris. L’ouvrage de 216 pages, publié par une maison contrôlée par l’homme d’affaires conservateur Vincent Bolloré, sort exactement un mois après la remise en liberté sous contrôle judiciaire de l’ex-chef de l’État, le 10 novembre, après son incarcération le 21 octobre à la prison parisienne de la Santé.

« Si heureux de reprendre le chemin des routes de France pour aller à la rencontre de mes lecteurs », a écrit M. Sarkozy la semaine dernière sur son compte X, ajoutant: « Cela me réjouit tant ! » Le contenu du livre a été révélé dès le week-end dernier dans plusieurs médias et consulté par l’AFP.

Évoquant l' »enfer » carcéral, Nicolas Sarkozy décrit s’être agenouillé pour prier le premier jour de son incarcération, suite à sa condamnation le 25 septembre à cinq ans de prison avec mandat de dépôt assorti d’une exécution provisoire pour association de malfaiteurs. « Je priais pour avoir la force de porter la croix de cette injustice », dit-il, réaffirmant son innocence et partageant ses discussions dominicales avec l’aumônier de la prison.

Nicolas Sarkozy attribue des « bons points » et des critiques aiguisées à des personnalités politiques. Il relate un échange téléphonique avec Marine Le Pen après sa condamnation. À la cheffe de file des députés RN, qui lui demandait s’il envisagerait un éventuel « front républicain », il répond: « Non, et de surcroît je l’assumerai en prenant le moment venu une position publique sur le sujet. »

Il rend hommage à la fidélité de Sébastien Chenu, ancien élu UMP devenu député RN, soulignant qu' »il était résolu à m’adresser un courrier de soutien chaque semaine. » En revanche, il critique sa propre famille politique, pointant le manque d’engagement public du président du parti LR Bruno Retailleau, qui l' »appela régulièrement, mais n’en fit publiquement pas davantage. » Emmanuel Macron est également critiqué, son action étant qualifiée de « caprice qui faisait autant de mal à la France qu’à son auteur. » Il exprime encore des réserves sur Ségolène Royal, jugeant qu’elle ne comprend pas toujours « le sens de ce qu’elle dit. Cela la sauve de la honte. »

Sur le plan judiciaire, il fait une analyse critique peu habituelle de sa défense historique, écrivant: « Mon amitié avec Thierry Herzog (son ancien conseil, NDLR) m’avait aveuglé sur la possibilité qui était la sienne d’embrasser un dossier qui avait pris une telle ampleur. » Ces propos ont été vivement critiqués sur les réseaux sociaux par des avocats pénalistes.

Pour relativiser son sort, il évoque ses rencontres avec des enfants malades, notamment à l’institut de traitement du cancer Gustave-Roussy. « Si jeunes et si malades, c’était la définition même de l’injustice. Elle était bien pire que celle que je vivais », écrit-il.

Nicolas Sarkozy a été condamné pour avoir permis à ses deux plus proches collaborateurs, Brice Hortefeux et Claude Guéant, de démarcher un haut dignitaire libyen, Abdallah Senoussi, en vue d’un financement de sa campagne présidentielle de 2007, alors que celui-ci était sous le coup d’une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’attentat du DC-10 (170 personnes tuées le 19 septembre 1989). En contrepartie, ils lui auraient promis un examen de sa situation judiciaire.

Un passage du livre est consacré à l’audition des proches de victimes de l’attentat du DC-10, parties civiles au procès libyen. Sarkozy les qualifie de « moments les plus émouvants », tout en se déclarant « affecté par la violence de certains propos à (son) endroit. » Ces déclarations ont suscité l’indignation du collectif « Les Filles du DC-10 », qui a réagi par un communiqué, affirmant: « Une fois encore, Nicolas Sarkozy inverse les rôles, faisant croire qu’il serait la véritable victime, » exprimant leur « affliction. »

L’ancien chef de l’État sera jugé à nouveau dans ce dossier du 16 mars au 3 juin par la cour d’appel de Paris. Tous les prévenus comparaîtront libres, la cour d’appel ayant libéré mercredi sous contrôle judiciaire Alexandre Djouhri, dernier incarcéré dans ce dossier. Nicolas Sarkozy est par ailleurs définitivement condamné dans deux autres affaires, celles dites des écoutes de l’Élysée et Bygmalion.