Maroc

Sahara marocain : un consensus international élargi met la pression sur l’ONU

Depuis plus de cinquante ans, le Sahara marocain demeure l’un des dossiers les plus épineux et conflictuels à l’agenda des Nations unies. Entre revendications, contre-revendications et impasses diplomatiques, la région continue de nourrir tensions et incertitudes. Pourtant, en 2025, une nouvelle dynamique semble émerger, portée par une convergence internationale inédite en faveur du Plan d’autonomie proposé par le Maroc, considéré comme une solution pragmatique et réaliste.

La position américaine sur la souveraineté du Maroc sur le Sahara est «claire et sans équivoque» (Massad Boulos)

Un consensus international élargi

Selon un récent Policy Brief publié en avril 2025, la déclaration claire du soutien des États-Unis à l’initiative marocaine a marqué un tournant décisif, contribuant à élargir le consensus international en faveur d’une solution pragmatique au conflit. En effet, ce positionnement a déclenché un effet domino : la France et l’Espagne ont rapidement rejoint cette vision pour dessiner aux côtés de plusieurs pays du Golfe (Émirats arabes unis, Arabie saoudite, Qatar, Koweït…) une coalition internationale élargie en faveur de la solution marocaine. La solidarité grandissante ne se limite pas à la reconnaissance diplomatique : plusieurs États africains et latino-américains ont gelé ou retiré leur reconnaissance de la pseudo-république arabe sahraouie démocratique (Rasd), renforçant ainsi la légitimité du Maroc dans cette zone.

Aujourd’hui, souligne l’analyse, plus de 85% des membres des Nations unies ne reconnaissent pas la Rasd, un chiffre qui témoigne d’un changement profond dans la perception de la question sahraouie. Au sein même du système onusien, les positions évoluent : le Comité spécial de décolonisation (C24) privilégie de plus en plus une approche de compromis plutôt que la tenue d’un référendum, jugé difficilement applicable dans le contexte actuel. Au Conseil de sécurité, la majorité s’accorde désormais sur une «solution politique réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable», avec le soutien affirmé d’États africains et du Golfe, qui voient en la souveraineté marocaine une évidence.

Des obstacles persistants face au processus onusien

Mais cette dynamique positive masque une réalité complexe. Malgré ces avancées diplomatiques, le processus onusien reste figé dans une impasse. Selon Rida Lyammouri et Fadoua Ammari, auteurs du Policy Brief, plusieurs obstacles majeurs freinent toute avancée concrète. Le premier est la fragilité du cessez-le-feu, signé en 1991, qui a été mis à mal par les incidents à Guergarate. La situation sécuritaire reste précaire, et la méfiance entre parties empêche toute relance des négociations. Ensuite, la mission de l’ONU au Sahara, la Minurso, créée pour organiser un référendum, est aujourd’hui perçue comme obsolète. Après plus de trois décennies, elle n’a jamais rempli sa mission principale et se limite à un rôle d’observateur, incapable de faire évoluer la situation. La mission est souvent critiquée pour sa paralysie et son incapacité à dépasser le statu quo dans un contexte géopolitique en mutation.

Les divisions au sein du Conseil de sécurité constituent un autre frein : si une majorité d’États soutiennent la prolongation du mandat de la Minurso, la Russie, certains membres africains ou encore des membres permanents, adoptent des positions plus réservées ou abstentionnistes, révélant une fracture persistante. Enfin, le rôle de l’envoyé spécial du Secrétaire général, Staffan de Mistura, s’est marginalisé face à l’absence de négociations directes depuis 2019. La difficulté à relancer le mécanisme des tables rondes, conjuguée à l’attentisme de certains acteurs, contribue à alimenter l’impasse.

Une nouvelle doctrine pour sortir de l’impasse ?

Face à cette situation, le Policy Brief propose une révolution stratégique : l’adoption d’une «nouvelle doctrine» pour l’ONU. L’objectif ? Rompre avec l’attentisme et accompagner activement la recherche d’une solution politique, en s’appuyant sur une approche réaliste et pragmatique. Les pistes avancées sont claires :

1. Clarifier la voie du compromis : l’ONU, sous l’égide du Conseil de sécurité, pourrait entériner que la seule solution viable est celle de l’autonomie sous souveraineté marocaine. La perspective d’un référendum d’autodétermination, jugée inapplicable dans le contexte actuel, pourrait être définitivement abandonnée, permettant ainsi de recentrer le processus sur une négociation de compromis.

2. Passer d’un rôle d’observateur à un soutien actif : la mission de maintien de la paix pourrait évoluer vers une présence politique et institutionnelle, favorisant la mise en œuvre concrète d’accords et de projets de développement dans la région.

3. Reconnaître le rôle central du Maroc : la communauté internationale doit intégrer la stabilité, la sécurité et le développement économique du Sahara dans une vision à long terme, en valorisant le rôle constructif du Royaume et en encourageant des initiatives locales pour améliorer le quotidien des populations sahraouies.

Les deux analystes invitent l’ONU à sortir de sa réserve et à prendre acte de l’émergence d’un nouvel ordre régional et international. L’immobilisme ne peut plus durer. La clé réside dans une doctrine du réalisme qui transformerait l’élan diplomatique actuel en progrès tangibles vers une paix durable. Le Maroc, de son côté, reste prêt à coopérer pleinement dans ce cadre, convaincu que la reconnaissance de la réalité sur le terrain est la seule voie pour une solution pérenne.

Un enjeu stratégique pour la stabilité régionale

Ce tournant pourrait non seulement débloquer le conflit, mais aussi renforcer la stabilité stratégique de la région. La région du Maghreb, longtemps fragilisée par ce conflit, pourrait enfin tourner cette page pour ouvrir une ère nouvelle de coopération et de développement. La communauté internationale, en adoptant cette nouvelle approche, s’engagerait dans une voie plus réaliste, efficace et respectueuse des enjeux locaux et géopolitiques. La paix au Sahara est à portée de main, reste à l’ONU de faire preuve de courage et de vision pour accompagner cette transformation.