Sahara : le président du MR belge prend fait et cause pour le Maroc

En déplacement au Maroc, Georges-Louis Bouchez, président du Mouvement réformateur (MR) et député fédéral belge, a annoncé le dépôt d’une proposition de loi qui vise à reconnaître la souveraineté du Royaume sur le Sahara ainsi que le soutien au plan d’autonomie proposé par Rabat. Un geste politique fort qui pourrait marquer un tournant dans les relations entre la Belgique et le Maroc.
Une déclaration filmée depuis Tétouan ce 14 mai 2025. Un mur de zellige bleu en arrière-plan. Un ton posé, mais ferme. Georges-Louis Bouchez, président du MR et député fédéral belge, ne fait pas dans la demi-mesure. Depuis la ville du nord marocain, où il participait à une conférence économique avec des entrepreneurs belges, le chef de file libéral a annoncé le dépôt imminent d’un texte de loi visant à « reconnaître la souveraineté internationale marocaine sur le Sahara». Un tournant, assumé, dans la position belge sur un dossier dans lequel la diplomatie du Plat Pays avait jusqu’ici évité de trancher frontalement. «Il est aujourd’hui évident que la souveraineté et l’administration du Sahara sont effectivement et légitimement entre les mains du Maroc», affirme-t-il dans sa déclaration filmée.
Une visite préparée, un message rodé
Mais derrière l’annonce, trois jours de terrain, de rencontres et de stratégie. À Rabat comme à Casablanca, Georges-Louis Bouchez a rencontré des responsables politiques, des chefs d’entreprise, des membres de partis marocains. Le tout dans une dynamique qu’il décrit comme «non seulement amicale, mais fondée sur des intérêts communs bien identifiés». «Nous sommes deux pays amis, mais aussi deux pays confrontés aux mêmes défis», insiste-t-il. Il énumère: sécurité, lutte contre le terrorisme, contre le trafic de drogue, radicalisation islamiste, mais aussi échanges d’information et coopération judiciaire. Des thèmes abordés notamment lors de son entretien avec le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qu’il partage sur son compte Instagram. L’objectif ? «Renforcer notre sécurité mutuelle», dit-il. Ce n’est pas qu’une formule. M. Bouchez appelle à un partenariat plus direct, plus fluide, «capable de garantir l’exécution des peines et un véritable suivi judiciaire transfrontalier».
Du Sahara à l’hydrogène
Mais le projet qu’il dessine va au-delà du sécuritaire. Le député belge parle aussi développement, économie, énergie – autant de domaines où le Maroc est aujourd’hui «en plein déploiement», selon ses mots. Il cite «les investissements massifs», la perspective de la Coupe du monde 2030, mais aussi les ambitions du Royaume dans les énergies renouvelables. «Le Maroc veut devenir une terre de production d’hydrogène vert. Il a le soleil, il a le vent. Ce sont des atouts pour nous aussi, dans le cadre du défi énergétique que traverse l’Europe.» Dans sa bouche, le Maroc devient un acteur stratégique, une sorte de carrefour entre l’Afrique, l’Europe et la Méditerranée, avec lequel la Belgique gagnerait à entretenir une relation stable, mais surtout explicite.
Une conviction forgée sur le terrain
Le président du MR ne se contente pas d’arguments techniques ou géopolitiques. Il insiste aussi sur son expérience personnelle, évoquant un précédent voyage à Laâyoune et Dakhla, il y a trois ans. Ce qu’il y a vu l’a marqué : «une terre de paix, de stabilité politique et de développement». Un contexte qui a contribué à transformer ce qui était une sympathie politique en projet législatif, visant à donner une traduction concrète à ce que beaucoup dans l’Union européenne soutiennent sans l’acter. Ainsi, la proposition de loi ne vise pas seulement à envoyer un message au Maroc. Elle est aussi un appel à ses homologues politiques belges. M. Bouchez dit vouloir rassembler une majorité au Parlement, pour faire de ce texte «non pas un geste isolé, mais un pas collectif». Il prend soin de préciser qu’il ne s’agit pas d’ignorer les revendications régionales, notamment celles de pays voisins, mais d’acter ce qui est, selon lui, une réalité observable : le Sahara est marocain. Et puis, il y a ce qu’il appelle «le ciment silencieux» de la relation entre les deux pays : la communauté belgo-marocaine. «Nous avons une communauté nationale en commun. À ce titre, nos liens doivent être plus que jamais renforcés.» Par cette phrase, M. Bouchez désigne autant un enjeu électoral qu’un levier de coopération et s’adresse autant à la diaspora marocaine qu’à ses collègues du Parlement : l’heure est à la reconnaissance, pas seulement symbolique, mais politique.