Maroc

Responsabilité et patriotisme : notre ligne refuse la surenchère.

Driss Lachguar a été fraîchement réélu à la tête de l’Union socialiste des forces populaires pour un quatrième mandat. « Les Marocains veulent le retour de l’USFP », a déclaré Lachguar, soulignant un sentiment national de demande pour le parti.


Les Marocains souhaitent le retour de l’USFP

Notre ligne est celle de la responsabilité et du patriotisme, jamais de la surenchère

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Dans un entretien accordé à nos confrères de Maroc Hebdo, Driss Lachguar, récemment réélu à la tête de l’Union socialiste des forces populaires pour un quatrième mandat, exprime une vision empreinte de lucidité, de sérénité et de fidélité à l’héritage de la gauche marocaine.

Treize ans après avoir pris les rênes du parti, il maintient cette même passion militante, cette même réflexion sur l’action politique et un sens aigu de la responsabilité. À travers ses paroles, se dégage l’assurance tranquille d’un leader qui ne recherche ni la gloire personnelle ni la rupture, mais qui s’inscrit dans la continuité d’un projet politique mûri par le temps et éprouvé par l’expérience.

«C’est un sentiment de joie et de grande reconnaissance, mais aussi marqué par une conscience lourde de la responsabilité que représente cette confiance renouvelée. Les militantes et militants ittihadis m’ont, une fois de plus, accordé leur confiance pour diriger notre parti et poursuivre ensemble le vaste projet politique mené par notre formation», déclare-t-il à Maroc Hebdo.

Pour Lachguar, cette confiance renouvelée est un geste significatif : elle témoigne de la maturité politique d’une base militante qui, après des années de luttes, a redémonté son attachement à la ligne socialiste démocratique. «Une confiance placée judicieusement, que je m’engage à honorer avec détermination et fidélité aux valeurs qui nous unissent», précise-t-il, conscient que cette mission va au-delà de sa propre personne.

Le Premier secrétaire souligne le caractère collectif de cette dynamique : «L’expression de notre base militante, aussi unie soit-elle, démontre clairement la maturité politique des Ittihadis, qui ont choisi de réaffirmer leur attachement à une ligne de conduite cohérente, axée sur la justice sociale, la solidarité, l’éthique de responsabilité et l’engagement citoyen.» Sous sa direction, l’USFP n’a jamais cherché la facilité. Son chemin est empreint de devoir, de constance et de fidélité à l’idéal de gauche, celui qui place la dignité humaine au cœur de toute action publique.

La nouveauté de ce quatrième mandat se cristallise autour d’un document central : le pacte socialiste. Pour Lachguar, il ne s’agit pas d’un simple texte de congrès, mais d’un engagement moral, d’une boussole stratégique et d’un plan d’action collective. «Ce projet est le contrat moral qui unit la direction du parti à sa base militante, car il oriente chaque action de modernisation et de renforcement au sein de l’USFP», explique-t-il. Dans cette déclaration, tout est dit : la direction n’impose pas, elle fédère. Elle ne gouverne pas du haut, elle agit au cœur du parti. «Assumer la responsabilité, c’est servir la cause ittihadie dans toute son ampleur humaine et nationale, avec la même rigueur et la même abnégation que celles dont nos militantes et militants font preuve chaque jour», souligne encore Lachguar, rappelant la nature profondément morale de l’engagement socialiste. Pour lui, la politique ne consiste pas à conquérir le pouvoir, mais à servir et transmettre. «Ce travail ne se limite pas à une simple dynamique de conquête du pouvoir. Il s’agit d’un effort collectif, né d’un long vécu, renforcé par l’expérience, et mis au service d’un Maroc moderne, social et démocratique», affirme-t-il, avant d’ajouter, pour résumer sa philosophie : «Il ne s’agit pas de changer pour changer, mais d’agir avec lucidité et ambition, en restant fidèle à nos principes, et en apportant nos réponses aux défis d’aujourd’hui.»
Au cours de cet entretien, le Premier secrétaire aborde également les tensions récentes avec le Parti de la justice et du développement (PJD), suite à des propos jugés déplacés de son secrétaire général. Sa réaction est mesurée, ferme et exemplaire : «Ce n’est pas la première fois que le secrétaire général du PJD se distingue par un langage grossier et vulgaire, indigne du débat politique.» Cependant, Lachguar refuse d’entrer dans un affrontement stérile : «L’USFP n’a jamais pratiqué la polémique ni le dénigrement ; nous faisons de la politique, pas du populisme.» Ce refus du tumulte politique exprime la stature d’un homme d’État pour qui la politique doit demeurer un art noble. «Sa réaction n’avait rien de politique, ni d’intellectuel, ni même de moral», soutient-il, avant de rappeler le sens de ses propres déclarations : «Mes propos, lors du congrès, concernaient la dérive autoritaire d’un régime et l’impératif, pour les forces progressistes, de défendre la liberté, la démocratie et la dignité humaine ; des valeurs universelles qui transcendent d’ailleurs les frontières et les appartenances partisanes.» C’est dans cette fidélité aux principes que l’USFP se distingue : par sa constance éthique, sa résistance au populisme et la prééminence de la raison sur la démagogie.

Fidèle à cette vision, Lachguar réaffirme que la lutte contre l’injustice sociale demeure la priorité du parti. «Pas seulement durant ce mandat, mais depuis que j’occupe la fonction de premier secrétaire, nous avons fait de cette lutte une priorité», confie-t-il. Ce combat, il le qualifie de devoir moral, non de stratégie électorale. «Avec ce nouveau projet politique, prenant en considération les défis actuels, notre engagement se renforce encore», poursuit-il, en soulignant la nécessité de replacer l’action publique au service de la cohésion nationale. Pour lui, la justice sociale ne se limite pas à une question technique : «La justice sociale n’est pas, pour nous, une mécanique administrative. C’est une conviction profonde, une culture politique portée avec constance au service de toutes les couches de la société.» Dans un Maroc en pleine mutation, où les fractures territoriales et sociales persistent, cette déclaration résonne comme une boussole morale. Lachguar précise : «Notre approche est donc claire : repenser les politiques publiques en misant sur la participation citoyenne, l’équité territoriale, la modernisation des filets sociaux et la défense des droits fondamentaux.»

Le leader du parti de la Rose ne se considère pas comme un théoricien éloigné du terrain. Depuis deux ans, il parcourt le pays, rencontrant militants, citoyens et acteurs locaux. «Partout, de Tanger à Lagouira, nous avons constaté un élan national qui va au-delà de la simple préparation électorale», déclare-t-il avec fierté. Cette tournée nationale, qui l’a amené dans 72 provinces du Royaume, a mobilisé plus de 80.000 citoyens et citoyennes autour du projet socialiste.

«Absolument. Nous avons mené, en tant que direction nationale, une tournée historique à travers les 72 provinces du Royaume, qui a mobilisé plus de 80.000 citoyens et citoyennes désireux de s’ouvrir au projet du parti», affirme-t-il, avant d’ajouter : «C’est un climat de joie, de respect et de confiance réciproque, et je le dis avec fierté, c’est une dynamique de reconquête du terrain par les valeurs du progrès et de la raison.»

À l’approche des prochaines élections législatives, l’ambition est claire et affirmée. «Notre objectif pour 2026 est de retrouver la place naturelle de l’USFP au premier plan, comme force de gauche crédible, démocratique et patriotique, capable de gouverner avec compétence et intégrité», déclare le Premier secrétaire. Dans ses propos, aucun triomphalisme, mais une conviction sereine : celle que l’histoire donne toujours raison aux forces de la raison, du progrès et de la justice. Et de conclure, dans une phrase qui résonne comme un manifeste : «Les Marocains souhaitent le retour de l’USFP.»

Cette phrase, simple et puissante, résume un sentiment national entier. Elle résonne comme un écho du passé et un appel vers l’avenir. Car si l’USFP a traversé des épreuves, c’est qu’il a toujours avancé, au cœur de la société, là où se dessinent les destins collectifs. Et dans les mots de Driss Lachguar, se lit une vérité claire : le Maroc d’aujourd’hui, confronté à des défis immenses, a plus que jamais besoin de la gauche socialiste, de sa rigueur, de son humanisme et de sa fidélité aux valeurs de justice et d’égalité. Ce retour n’est pas un sentiment nostalgique, mais une nécessité. Et si les Marocains le demandent, c’est parce qu’ils savent qu’avec l’USFP, le Maroc peut à nouveau se refléter dans le miroir de sa dignité.

Adam Ali