Rabat: nouveau report du procès contre l’AMDH et son président Aziz Ghali
Le tribunal de première instance de Rabat a de nouveau reporté, ce mercredi, l’examen de l’action en justice déposée contre l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et son président, Aziz Ghali, au vendredi 17 janvier janvier.
La plainte, déposée par l’avocat Faiçal Oumerzoug, membre du barreau de Rabat, demande la dissolution de l’AMDH, sur la base des déclarations précédentes de son président Aziz Gali concernant la position de l’association sur la question du Sahara marocain.
Fin décembre dernier, Omerzoug a tenu une conférence de presse où il a révélé «les détails de l’action en justice intentée contre l’AMDH, ainsi que d’autres plaintes déposées auprès du procureur général».
Lors de la première audience, plus de cinquante avocats se sont constitués en défense pour soutenir la plus ancienne association de défense des droits de l’Homme au Maroc.
Deux plaintes
L’AMDH et Ghali sont également poursuivis par l’Association Al-Karama pour la défense des droits de l’Homme, basée à Tétouan, qui a déposé une plainte auprès du procureur du Roi près le tribunal de première instance de Tétouan. Cette plainte est motivée par ce que l’association considère comme une «atteinte à l’intégrité territoriale et une insulte envers le peuple marocain».
La plainte fait référence à des «déclarations graves portant atteinte à la cause nationale sacrée et à la dignité du peuple marocain, en diffusant un certain nombre de fausses informations et de calomnies, notamment en ce qui concerne les événements de Gdeim Izik et le dossier du Sahara marocain».
L’association estime que ces déclarations ne relèvent pas de la liberté d’opinion et d’expression, mais constituent plutôt une incitation et une menace à la sécurité et à la stabilité nationales, en cherchant à déstabiliser les faits établis judiciairement concernant les attaques auxquelles ont été confrontés des membres des forces de l’ordre, victimes des milices séparatistes. Elle demande également la dissolution de l’AMDH.
Ghali fâche
Interrogé récemment par l’animateur du podcast « Talks 21 » du site Arabi21 sur l’utilisation du terme «peuple sahraoui» dans les documents de l’AMDH, Ghali a rappelé que l’AMDH était favorable au droit à l’autodétermination pour le Sahara lors de son cinquième congrès. «Après l’engagement du Maroc dans les négociations avec le Front Polisario sous l’égide des Nations Unies, l’AMDH a pris la position de soutenir une solution négociée qui évite la guerre», a-t-il ajouté.
Lire aussi: Sahara: les déclarations hasardeuses d’Aziz Ghali créent une large controverse
Et de préciser que cette solution ne devait pas nécessairement être sous forme d’autonomie, s’interrogeant: «Pourquoi le Maroc devrait-il négocier si la seule solution était l’autonomie?». Pour lui, le processus de négociation devrait impliquer un dialogue continu, car l’objectif est d’arriver à un compromis respectant les intérêts de toutes les parties, sans qu’aucune en sorte perdante.
Il a également rejeté l’idée que les Nations unies soutiennent le plan d’autonomie proposé par le Maroc. «Si ce soutien existe, pourquoi les négociations continuent-elles alors?», s’est-il interrogé avant de nier que sa position soutient la thèse séparatiste de l’Algérie.
Les défenseurs des droits de l’Homme solidaires
Après ces déclarations, Ghali a été fortement critiqué par différents acteurs politiques et associatifs, mais il a également été au centre d’une vague de solidarité importante. Le Collectif marocain des organisations de défense des droits humains, notamment, a dénoncé l’attaque dont fait l’objet l’AMDH «en la personne de son président Aziz Ghali», la considérant comme une atteinte flagrante à la liberté d’opinion et d’expression et au travail des défenseurs des droits humains.
Pour sa part, l’Instance marocaine de soutien aux prisonniers politiques «Himam» a précédemment exprimé sa ferme dénonciation de ce qu’elle a qualifié de «campagne organisée contre le militant des droits humains Aziz Ghali, président de l’Association marocaine des droits humains», ainsi que les menaces et attaques accompagnant cette campagne, y compris l’activation de trolls électroniques et de «sites proches du pouvoir» pour mener des campagnes de diffamation et de menaces visant à nuire à son rôle militant et à sa sécurité.