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Pression sur les Américains au Conseil de sécurité de l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU devait se prononcer jeudi sur un texte réclamant un cessez-le-feu et l’accès humanitaire à Gaza. Le 22 août, l’ONU a officiellement déclaré la famine dans ce territoire palestinien et en a attribué la responsabilité à Israël, en se fondant sur un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).


Le Conseil de sécurité de l’ONU devait à nouveau se prononcer jeudi sur un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu et à un accès humanitaire à Gaza, porté par la majorité des membres cherchant à agir malgré les veto américains récurrents. Les dix membres élus du Conseil avaient engagé des discussions sur ce projet fin août en réaction à la déclaration officielle de l’ONU sur la famine dans le territoire palestinien, touché par la guerre menée par Israël depuis près de deux ans.

Une première version du texte exigeait principalement la levée immédiate des entraves à l’entrée de l’aide. Cependant, des sources diplomatiques ont rapporté que la France, le Royaume-Uni et la Russie doutaient de l’efficacité d’une résolution uniquement humanitaire émanant d’un organe destiné à maintenir la paix et la sécurité dans le monde, qui aurait aussi pu être bloquée par les États-Unis.

Le projet soumis au vote jeudi après-midi, tel que vu par l’AFP, réclame la fin des restrictions de l’aide humanitaire, mais exige également « un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza », ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle des otages.

Cette demande a déjà été rejetée à plusieurs reprises par les États-Unis, la dernière fois en juin, lorsqu’ils avaient utilisé un nouveau veto pour soutenir leur allié israélien. Pourquoi alors entreprendre cette nouvelle tentative, qui risque probablement d’aboutir au même résultat ?

« Ne rien essayer serait trop facile pour les Américains qui n’auraient pas à se justifier et à faire face aux 14 membres du Conseil et à l’opinion publique mondiale », a commenté un diplomate européen, qui a refusé de rester inactif par crainte d’un veto américain. « Cela n’aide pas beaucoup les Palestiniens sur le terrain, mais au moins nous continuons à montrer que nous essayons », a ajouté ce diplomate sous couvert d’anonymat.

Le précédent veto avait suscité une colère inhabituelle parmi les 14 autres membres du Conseil, qui expriment de plus en plus leur frustration face à l’incapacité à faire pression sur Israël pour mettre fin aux souffrances des habitants de Gaza.

Israël subit une pression internationale croissante pour mettre fin à cette guerre ravageant Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. Cette question sera centrale lors du sommet annuel de l’ONU la semaine prochaine à New York.

Après plus de deux mois et demi de blocage, Israël a de nouveau autorisé, depuis mi-mai, l’entrée à Gaza d’une quantité limitée de camions de l’ONU, qui évoque des quantités largement insuffisantes.

Le 22 août, l’ONU a officiellement déclaré la famine dans ce territoire palestinien, en attribuant la responsabilité à Israël, sur la base d’un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme mandaté par les Nations unies. Israël a rejeté ce rapport.

Pour la première fois, une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU, mais ne parlant pas au nom de celle-ci, a accusé Israël mardi de commettre un « génocide » à Gaza depuis octobre 2023, avec l’intention de « détruire » les Palestiniens.