Maroc

Présidentielle au Chili : face-à-face entre deux candidats opposés

Le second tour de la présidentielle chilienne opposera dimanche Jeannette Jara, 51 ans, et José Antonio Kast, 59 ans. Jeannette Jara propose d’augmenter le salaire minimum à près de 800 dollars, soit environ 250 de plus que l’actuel.


Le second tour de l’élection présidentielle chilienne se tiendra dimanche, entre deux candidats aux visions totalement opposées : Jeannette Jara, représentant une large coalition de gauche issue de milieux modestes, et José Antonio Kast, un leader d’extrême droite, catholique ultraconservateur, déterminé à expulser massivement les migrants sans papiers.

Favori des sondages, José Antonio Kast, 59 ans, est le cadet d’une famille de dix enfants. Son père, ancien membre de l’armée allemande, a émigré au Chili après la Seconde Guerre mondiale, où il a fondé une entreprise de charcuterie prospère. Admirateur du dictateur Augusto Pinochet (1973-1990), M. Kast, avocat de profession, s’oppose à l’avortement, à la pilule du lendemain, au divorce et au mariage entre personnes de même sexe. Membre du mouvement Schönstatt, un courant catholique conservateur d’origine allemande, il est marié et père de neuf enfants. D’un tempérament calme, il évite les excès souvent associés à d’autres leaders d’extrême droite tels que le Brésilien Jair Bolsonaro ou l’Argentin Javier Milei. « Il est perçu comme très sobre, très pragmatique, très posé et calme », témoigne Amanda Marton, co-auteure du livre « Kast, l’extrême droite à la chilienne ». Toujours impeccablement habillé, il mène sa troisième campagne présidentielle. Son programme repose sur une seule promesse : lutter fermement contre la criminalité et les étrangers en situation irrégulière, qu’il considère responsables de l’augmentation de la délinquance. « Si cela ne se fait pas volontairement, nous irons les chercher » pour les expulser, prévient-il. Il a visité le Salvador de Nayib Bukele, l’Italie de Giorgia Meloni et la Hongrie de Viktor Orban. Député pendant 16 ans, il a quitté l’Union démocratique indépendante (UDI) en 2016, estimant que le parti auquel il avait appartenu depuis des décennies avait renoncé à ses principes conservateurs. En 2019, il a fondé le Parti républicain, qu’il dirige toujours. Mara Sedini, porte-parole de sa campagne, défend son caractère : « Sur les choses où il faut être têtu, il l’est, mais sur celles où il faut être flexible et apprendre, il ne l’est pas ».

Jeannette Jara, 51 ans, est née dans un quartier populaire du nord de Santiago, où elle a vécu avec ses grands-parents jusqu’à l’adolescence. Militante communiste depuis l’âge de 14 ans, elle représente l’aile social-démocrate de son parti et s’est éloignée des positions les plus orthodoxes, exprimant son désaccord avec les gouvernements de Cuba et du Venezuela, qu’elle ne considère pas comme démocratiques. « Elle se présente comme dissidente », note la journaliste Alejandra Carmona, auteur d’une biographie sur elle. L’origine modeste de Mme Jara contraste avec celle de l’élite politique chilienne. Elle a été cueilleuse de fruits et caissière avant de poursuivre des études supérieures et de prendre des responsabilités dans le syndicat étudiant. Elle est diplômée en administration publique et en droit. « Pour la première fois (…) une personne issue des milieux populaires peut accéder au pouvoir », a-t-elle déclaré avant le premier tour. Mariée à 19 ans alors qu’elle poursuivait ses études, elle est devenue veuve à 21 ans, après le suicide de son mari. Ancienne ministre du Travail sous le président de gauche sortant Gabriel Boric, elle s’est illustrée sur la scène nationale en réduisant la semaine de travail de 45 à 40 heures et en lançant une réforme du système de retraite privé. Ses partisans saluent son charisme et sa capacité de dialogue. « Elle comprend que pour parvenir à des accords, il faut aller au-delà de ses propres convictions », indique Dario Quiroga, un de ses proches conseillers. En couple et mère d’un fils, elle plaide pour un renforcement des contrôles migratoires et un programme de lutte contre la criminalité, des thèmes généralement associés à la droite. La candidate d’une large coalition de partis de gauche et de centre-gauche propose également d’augmenter le salaire minimum à près de 800 dollars, soit environ 250 dollars de plus que le montant actuel, et de promouvoir les droits des travailleurs.