Prendre part à un vol suborbital, le pari ambitieux de Amina Belkhayat

Au-delà du cercle des puissances spatiales historiques, une initiative conjointe entend ouvrir l’accès au vol habité à de nouveaux publics. Annoncé en avril 2024, le partenariat SERA × Blue Origin prévoit, pour 2025, un vol suborbital à bord de New Shepard, lanceur réutilisable franchissant la ligne de Kármán. SERA, fondée en 2021 à San Francisco et se définissant comme une «agence spatiale pour tous», articule une plateforme publique et un mécanisme de sélection participatif. C’est dans ce cadre que s’inscrit la candidature d’Amina Belkhayat, étudiante marocaine en génie mécanique et fondatrice de @space_darija.
Un dispositif SERA × Blue Origin à accès élargi
«Candidater au programme SERA Space × Blue Origin participe de cette ambition que je caresse depuis fort longtemps», dit-elle, précisant que «la date exacte du vol n’a pas encore été confirmée par SERA Space, mais le processus de sélection a déjà commencé». Un cheminement «où chaque candidat doit mobiliser sa communauté et franchir plusieurs étapes de sélection jusqu’à la constitution de l’équipage final qui volera à bord du New Shepard». En tous cas, Amina Belkhayat est consciente de l’ampleur de la tâche, car «au total, seulement 6 candidats seront retenus dans le monde, ce qui rend chaque étape particulièrement exigeante.»
Parcours scientifique et finalités
Outre les études académiques et l’engagement dans la recherche en rapport avec l’espace, Amina Belkhayat relève que d’autre facteurs s’avèrent déterminants pour sa candidature : la mobilisation publique et la visibilité sur les réseaux sociaux. À ce titre, elle souligne qu’«en quelques jours, une de mes publications a dépassé les 150.000 vues sur X (Twitter), se félicitant par là même de l’amplification engendrée par les relais institutionnels. «Je suis actuellement classée 4ᵉ sur le leaderboard général, un classement qui évolue chaque jour selon la mobilisation.» Autrement dit, c’est un terrain vivant, où chaque partage et chaque inscription pèsent : la progression n’est pas abstraite, elle se lit au quotidien dans les indicateurs publics de la plateforme, précise-t-elle.
Modalités de soutien : mode d’emploi
• X : @space_darija
• Plateforme SERA (inscription via son lien) : https://t.me/sera_mission_control_bot/app?startapp=GZWDZYUA
Du cas individuel à l’écosystème national
Dans le même esprit, elle ouvre des perspectives concrètes et accessibles : «Notre pays dispose déjà d’un secteur aéronautique solide, qui pourrait naturellement s’élargir vers une industrie aérospatiale plus ambitieuse, de la fabrication de fusées à l’industrie alimentaire de l’espace.» Selon elle, «le Maroc gagnerait aussi à développer des cursus universitaires orientés vers l’aérospatial, afin de former une nouvelle génération d’ingénieurs capables de contribuer à cette industrie d’avenir. C’est pourquoi j’appelle de mes vœux la création d’une AGENCE spatiale marocaine, qui structurerait nos efforts et permettrait aux jeunes talents d’intégrer l’aventure spatiale mondiale.»
Native de Rabat, cette jeune de 23 ans a grandi à Casablanca jusqu’à 13 ans, avant de poursuivre sa scolarité à Marrakech, du collège au lycée, puis ses premières années universitaires à l’Université Cadi Ayyad. Très tôt, son intérêt pour l’espace et les sciences s’est nourri de soirées familiales consacrées aux documentaires, de visites de musées et de discussions où son père lui rappelait «l’importance de s’émerveiller dans la vie». Soutenue par ses parents, elle a fait du domaine spatial son objectif de carrière, choix qui l’a naturellement orientée vers l’ingénierie mécanique. Elle prépare aujourd’hui un master à l’Université Hassan II de Casablanca et effectue un stage chez Safran. Entre son parcours étudiant et ses ambitions personnelles, elle avance avec détermination et optimisme, mue par son rêve d’enfance d’aller dans l’espace.

