PLF 2025 : social consolidé, cap sur l’emploi
Gouvernement. Le projet de loi de Finances 2025 (PLF) a été publié. Un budget qui vise tout d’abord la poursuite de la consolidation de l’Etat social et la mise en œuvre des grandes réformes structurelles traduisant les engagements du gouvernement. Tour d’horizon des principales nouveautés.
C’est parti pour le marathon législatif consacré à l’adoption de la loi de Finances 2025. Les travaux viennent de démarrer au Parlement suite à la présentation du PLF par la ministre de l’économie et des finances devant une séance commune pour les deux Chambres parlementaires. Le futur budget 2025 est destiné à répondre aux aspirations des ménages en termes de pouvoir d’achat notamment. L’une des principales mesures fiscales proposées par le projet de loi de Finances de l’année prochaine (PLF 2025) concerne l’impôt sur le revenu (IR). Il est tout d’abord question du réaménagement du barème progressif de l’IR. Concrètement, le gouvernement propose le relèvement de la 1ère tranche du barème relative au revenu net exonéré de 30.000 DH à 40.000 DH, ce qui va permettre d’exonérer tous les revenus salariaux inférieurs à 6.000 DH/mois ainsi que la révision des autres tranches du barème pour les élargir et réduire leur taux d’imposition, se traduisant par une diminution de ces taux allant à 50%. Il s’agit également d’instituer une réduction du taux marginal du barème précité de 38 à 37% en plus de l’augmentation du montant annuel de la réduction de l’IR au titre des charges de famille de 360 DH à 500 DH par personne à charge. S’agissant des mesures destinées à la lutte contre l’impact de l’inflation, le gouvernement prévoit une exonération temporaire de la TVA sur les opérations d’imposition de certains animaux vivants et produits agricoles. Le futur budget va poursuivre le renforcement des piliers de l’Etat social, à travers le parachèvement de la mise en œuvre du chantier de la généralisation de la protection sociale. Selon la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah, il est question du parachèvement du chantier de la protection sociale via la généralisation de l’AMO (Assurance-maladie obligatoire) au profit de toutes les catégories sociales et professionnelles, tout en continuant à payer, avec un budget annuel d’environ 10 milliards de dirhams (MMDH), les cotisations au titre du régime d’AMO des personnes ne pouvant s’acquitter des droits de cotisation.
Aide sociale directe
Pour ce qui est de l’aide sociale directe, la ministre a assuré que l’Exécutif œuvrera à poursuivre ce programme, avec une augmentation de l’aide à 250 dirhams pour chaque enfant parmi les trois premiers scolarisés, ou de moins de 6 ans, ou en situation de handicap (350 dirhams) et à 175 dirhams pour chaque enfant parmi les trois premiers non-scolarisés. Pour les enfants orphelins du côté paternel de moins de six ans ou ceux qui poursuivent leurs études, cette aide sera de 375 dirhams pour chaque enfant parmi les trois premiers, sans que le minimum pour chaque famille soit inférieur à 500 dirhams par mois, a-t-elle ajouté, précisant que le budget du programme augmentera à 26,5 MMDH en 2025. Concernant le chantier d’amélioration du système de santé, Nadia Fettah a fait état de la détermination du gouvernement, à travers le PLF de l’année prochaine, à poursuivre la mise en œuvre de la réforme globale de la santé dans ses différentes composantes, afin de réussir à généraliser l’AMO et de garantir aux citoyennes et citoyens l’accès aux soins dans de bonnes conditions. Dans ce sens, elle a indiqué qu’un budget de 32,6 MMDH a été alloué à la Santé et à la Protection sociale dans le projet de loi de Finances, avec une augmentation d’environ 1,9 MMDH comparativement à l’exercice 2024. Parmi les initiatives prévues dans le secteur de la santé, figure la poursuite de l’exécution du programme de mise à niveau d’environ 1.400 établissements de soins, considérés comme un élément fondamental pour rapprocher les services de santé des citoyens, a relevé la ministre, notant que le gouvernement a réussi à mettre à niveau 872 centres de santé et que 524 centres supplémentaires seront achevés en 2025.
Mme Fettah a, par ailleurs, rappelé que l’Exécutif accorde une attention particulière au secteur de l’éducation qui constitue une pièce maîtresse dans la qualification du capital humain et le renforcement des piliers de l’Etat social, faisant savoir qu’un budget supplémentaire de 11,7 MMDH est alloué à ce secteur, ce qui porte le budget total à près de 85,6 MMDH dans le PLF 2025.
Pouvoir d’achat
S’agissant du soutien au pouvoir d’achat des citoyens, la ministre a révélé que le gouvernement continuera, en 2025, à mettre en œuvre une série de mesures, dont le maintien des subventions sur les produits de base, tels que le gaz butane, le sucre raffiné et la farine de blé tendre, en allouant plus de 16,5 MMDH à la Caisse de compensation au titre de l’année prochaine. Et de poursuivre que dans le cadre de la consécration du processus démocratique et du renforcement de la paix sociale, et en application des Hautes Orientations de SM le Roi, le gouvernement veillera à honorer ses engagements dans le cadre du dialogue social, avec un budget de 20 MMDH consacré à cet effet dans le PLF 2025, ce qui portera le total des engagements à environ 45 MMDH d’ici 2026. Par ailleurs, la ministre a souligné que le gouvernement est mobilisé pour accélérer l’exécution des Hautes Instructions Royales concernant la réhabilitation des zones sinistrées par les inondations dans le sud-est du Royaume et ce, en fournissant une aide financière directe aux ménages affectés, qui s’élèvera à 80.000 dirhams pour les habitations partiellement endommagées et à 140.000 dirhams pour celles ayant subi un effondrement total. De plus, le gouvernement continue, selon Nadia Fettah, d’appliquer les Hautes Instructions Royales concernant les zones touchées par le séisme d’Al-Haouz, que ce soit par l’octroi d’une aide directe aux familles sinistrées ou par le financement de projets d’urgence réalisés par les départements ministériels concernés.
C’est le titre de la boite
Orientations. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a présidé, vendredi au Palais Royal à Rabat, un Conseil des ministres consacré à l’examen des orientations générales du projet de loi de Finances pour l’année 2025. Au début des travaux du Conseil, et conformément aux dispositions de l’article 49 de la Constitution, la ministre de l’économie et des finances a présenté devant Sa Majesté le Roi un exposé sur les grandes lignes du projet de loi de Finances pour l’année 2025. La ministre a souligné que la préparation de ce projet intervient dans un contexte international difficile, marqué par la poursuite des tensions géopolitiques et l’accentuation des crises climatiques. En dépit de cette conjoncture, le Maroc a été en mesure, sous la conduite clairvoyante de Sa Majesté le Roi, de poursuivre les réformes économiques et sociales, tout en préservant la soutenabilité des équilibres macroéconomiques, le taux de croissance devant s’établir à 3,3 % en 2024. La ministre a ajouté que le projet de loi de Finances s’articule autour de quatre priorités, chacune agissant comme un levier pour consolider la cohésion sociale, immuniser la souveraineté économique et réunir les conditions nécessaires à l’épanouissement des générations futures.
Emploi
Concernant la création d’emplois, la ministre de l’économie et des finances a souligné que la volonté du gouvernement de consacrer le parcours de développement ambitieux, qui traduit la vision sage et éclairée de SM le Roi Mohammed VI durant les 25 dernières années, ne se limite pas à tirer des leçons des expériences passées pour faire face aux crises et aux contraintes, mais constitue également une incitation à formuler des solutions alternatives «pour réaliser nos ambitions légitimes en matière de construction d’un modèle économique intégré et d’un projet sociétal durable». À cet égard, elle fait savoir que le gouvernement veillera à réaliser une étude approfondie des données du marché du travail et des problématiques liées à l’emploi en général, afin d’élaborer une feuille de route politique réaliste à même d’accélérer l’absorption du chômage chez les jeunes et de leur offrir la possibilité de contribuer au développement. Aussi, Nadia Fettah a indiqué que plusieurs mesures seront mises en place, réparties sur trois axes selon une approche intégrée et multidimensionnelle visant à soutenir l’emploi, grâce à la mobilisation d’un budget estimé à 14 MMDH en 2025. Et de détailler que le premier axe a pour but de stimuler la dynamique d’investissement, en particulier dans les secteurs pourvoyeurs d’emploi, tandis que le deuxième axe se focalisera sur l’augmentation de l’impact des programmes actifs de promotion de l’emploi et le renforcement du soutien pour améliorer le système de formation en alternance. Le troisième axe, lui, sera consacré aux mesures visant à atténuer les répercussions de la sécheresse sur l’emploi en milieu rural et à réduire la perte d’emplois agricoles.
C’est le titre de la boite
Priorités du PLF
Leviers. Le projet de loi de Finances s’articule autour de quatre priorités, chacune agissant comme un levier pour consolider la cohésion sociale, immuniser la souveraineté économique et réunir les conditions nécessaires à l’épanouissement des générations futures. Premièrement: la poursuite du renforcement des piliers de l’Etat social, à travers notamment une mise en œuvre harmonieuse et efficace du chantier de la généralisation de la protection sociale. En effet, après la généralisation de l’Assurance-maladie obligatoire de base, il sera procédé au parachèvement du chantier de l’aide sociale directe, dont le nombre de bénéficiaires a atteint environ 4 millions de ménages et ce, de pair avec la poursuite de la réforme du système de santé. Seront également poursuivis, la mise en œuvre de la feuille de route de la réforme du système éducatif ainsi que le soutien au dialogue social, en plus du parachèvement de la réalisation des différents chantiers du programme de reconstruction et de réhabilitation générale des zones sinistrées par le séisme d’Al Haouz et la réhabilitation des zones touchées par les inondations dans le sud-est du Royaume. Deuxièmement : la consolidation de la dynamique de l’investissement et de la création d’emplois, conformément aux Hautes Instructions Royales, à travers la stimulation de l’investissement privé et la mise en œuvre de la Charte de l’investissement, avec un accent particulier sur l’accélération du processus d’approbation des projets d’investissement et sur l’amélioration continue du climat des affaires. Troisièmement : la poursuite de la mise en œuvre des réformes structurelles, à leur tête la réforme du système de la justice, à travers le parachèvement des cadres législatif et réglementaire liés à la mise en œuvre de cette réforme, la poursuite des efforts pour la généralisation des tribunaux de famille et la modernisation de l’administration judiciaire ainsi que sa transformation digitale. Quatrièmement : la préservation de la soutenabilité des finances publiques, à travers la mise en place des mesures nécessaires pour assurer le rétablissement progressif des équilibres financiers et le financement nécessaire des chantiers programmés, tout en veillant à réduire le déficit budgétaire et à reconstituer les marges financières nécessaires à l’effet de faire face aux risques et aux crises éventuelles futures.