Partenariat État-Associations : 13 milliards de dirhams de financement en 2022-2023


Le ministère délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des Relations avec le Parlement a dévoilé, mercredi 14 mai 2025, les résultats de deux années de partenariat entre l’État marocain et les associations de la société civile. L’événement, qui a réuni des représentants gouvernementaux et des organisations civiles, a mis en lumière l’importance croissante accordée par le gouvernement au rôle des associations dans le développement du pays. «Nous saluons la grande expérience accumulée par les associations de la société civile grâce à leurs importantes contributions, aux côtés de l’État, dans la mise en œuvre des différents chantiers de développement de notre pays», a déclaré à cette occasion Mustapha Baïtas, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, soulignant ainsi le ton résolument positif de cette rencontre.
Une croissance soutenue des financements publics
Les chiffres présentés lors de cette rencontre témoignent d’une évolution significative du soutien public aux associations. Selon les deux rapports couvrant les années 2022 et 2023, élaborés en coordination avec 33 départements gouvernementaux et 143 institutions et entreprises publiques, le montant total des subventions accordées aux associations s’élève à près de 13 milliards de dirhams, contre 12 milliards pour la période 2019-2021.
Cette progression n’est pas nouvelle mais s’inscrit dans une tendance à la hausse constante. Le ministère a en effet enregistré un taux de croissance de 23% de la valeur totale des subventions publiques destinées aux associations pour les années 2019-2020-2021 par rapport aux années précédentes. Cette augmentation s’est poursuivie avec une hausse supplémentaire de 10% pour 2022-2023 comparativement aux trois dernières années mentionnées.
«Ces diagnostics, réalisés par des institutions officielles et non officielles, mettent en avant l’importance du financement pour la réussite des associations de la société civile dans l’accomplissement de leurs rôles de plaidoyer et de développement stipulés par la Constitution», a précisé M. Baïtas, soulignant que cette prise de conscience a guidé l’élaboration de la stratégie ministérielle pour les relations avec le tissu de la société civile pour la période 2022-2026.
Diversification des sources de financement : un enjeu crucial
L’un des défis majeurs auxquels font face les associations marocaines reste l’accès à des financements diversifiés et durables. Conscient de cet enjeu, le ministre a annoncé le lancement cette année d’une étude importante, menée en partenariat avec l’Union européenne, sur les financements alternatifs. «Cette étude vise à diversifier les sources de financement des programmes et projets des associations», a expliqué M. Baïtas, ajoutant que «les résultats de cette étude devraient constituer une valeur ajoutée dans le domaine du soutien et du financement des associations, contribuant ainsi au renforcement de leurs rôles et de leurs contributions dans l’ensemble des domaines sociétaux». Cette initiative s’inscrit parfaitement dans une vision stratégique visant à renforcer l’autonomie financière des associations tout en préservant leur capacité d’action et d’innovation sociale.
Une approche digitale pour une meilleure gouvernance
Les deux rapports ont également mis en exergue les efforts de modernisation dans la collecte et le traitement des données relatives aux partenariats. Le ministère a développé une application spécifique pour la collecte des données concernant les rapports de partenariat, qui sera utilisée pour l’élaboration des rapports des années à venir. Cette avancée constitue, selon le ministre, «un investissement dans les possibilités offertes par la sphère numérique, dans l’optique de faciliter le travail, et reflète la compétence élevée de l’administration publique marocaine». Cette digitalisation devrait permettre un suivi plus précis et transparent des flux financiers et des partenariats entre l’État et les associations.
Les droits humains au cœur du partenariat État-associations
Pour sa part, le délégué interministériel aux droits de l’Homme, Mohammed El Habib Belkouch, a souligné lors de son intervention l’importance stratégique des associations dans la promotion des droits humains au Maroc. «L’option stratégique irréversible que notre pays a tracée dans le domaine des droits de l’Homme trouve sa traduction dans la poursuite d’un engagement volontaire et d’une interaction sérieuse avec le système international des droits de l’Homme», a-t-il affirmé, ajoutant que cela nécessitait «le renforcement des rôles centraux et vitaux des associations et organisations de la société civile et l’amélioration de leur performance et contribution à la promotion du processus des droits humains dans notre pays».
M. Belkouch a également souligné que «l’accumulation quantitative et qualitative réalisée dans le cadre des relations de partenariat et de coopération avec la société civile, et les enjeux croissants de sa contribution aux questions nationales et internationales, nous imposent la nécessité de poursuivre les chantiers de réforme ouverts afin que la société civile puisse jouer ses rôles efficacement».
Vers un nouveau cadre législatif pour la gestion déléguée
L’un des aspects les plus novateurs évoqués lors de cette rencontre concerne la nécessité d’établir un cadre législatif adapté pour régir la gestion déléguée des équipements et services publics par les associations. À ce propos, Othman Gayer, président de l’Observatoire national du développement humain (ONDH), a mis l’accent sur «la nécessité d’améliorer la qualité des services publics fournis par ces associations pour assurer le cadre contractuel d’un partenariat à long terme garantissant des financements durables, un investissement dans la qualité des ressources humaines et une vision stratégique fondée sur l’anticipation des objectifs et des résultats».
«Nous sommes face à un nouveau défi dans la relation de partenariat entre l’État et les associations de la société civile. Il s’agit de la coopération pour une expérience basée sur trois orientations centrales», a-t-il précisé, évoquant «un partenariat effectif permettant d’assurer l’efficacité des programmes sociaux, la contribution de la société civile à la mise en œuvre des grands programmes de réforme relatifs à l’État social et le développement d’une nouvelle génération d’approches pour la participation citoyenne à l’évaluation des programmes publics».
Un levier pour l’État social et la cohésion sociale
Le partenariat entre l’État et les associations s’inscrit également dans une vision plus large de construction de l’État social au Maroc. Comme l’a souligné Abdelouadoud Kharbouch, directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme, «le partenariat avec les associations de la société civile n’est pas seulement un mécanisme technique ou exécutif, mais un levier pour mettre en place un modèle de développement basé sur une approche participative, l’incarnation de l’État social et la promotion de la cohésion sociale». Cette vision fait écho aux Hautes Orientations Royales qui placent la participation citoyenne et la solidarité au cœur du modèle de développement marocain. La coïncidence de la publication de ces rapports avec le lancement de la deuxième version du programme «Awrach» n’est d’ailleurs pas anodine, ce qui souligne la complémentarité entre les programmes gouvernementaux et l’action associative.
Un héritage constitutionnel à préserver et à développer
Les rapports présentés s’inscrivent également dans la continuité de l’esprit de la Constitution de 2011, qui a accordé une place prépondérante à la société civile dans le paysage institutionnel marocain. «Nous savons que malgré tous les efforts déployés et les initiatives prises dans ce cadre par les différents acteurs institutionnels, chacun de sa position et selon son domaine d’intervention, que ce soit par le renforcement de la gouvernance de la gestion publique, l’adoption de nouvelles lois, la création de mécanismes pour soutenir le partenariat et renforcer les capacités et stimuler le travail associatif sérieux…», a rappelé M. Belkouch, évoquant les défis persistants liés à l’augmentation importante du nombre d’associations et à la diversification de leurs domaines d’activité.
Cette évolution quantitative et qualitative du tissu associatif marocain nécessite, selon lui, «davantage d’efforts qualitatifs pour permettre aux organisations non gouvernementales de remplir leurs fonctions de proposition, de plaidoyer, de sensibilisation et de rayonnement de la meilleure façon possible et d’améliorer leurs performances pour renforcer leur position en tant que partenaire de poids dans l’équation».
Perspectives d’avenir : un partenariat renforcé au service du développement durable
Les rapports 2022-2023 ne se limitent pas à un simple état des lieux, mais ouvrent également des perspectives pour l’avenir du partenariat entre l’État et les associations au Maroc. Parmi les défis majeurs identifiés figure la nécessité de renforcer les capacités des associations dans plusieurs domaines clés : «l’intensification des actions qualitatives liées à la consécration de la culture des droits de l’homme», «l’achèvement des projets ouverts pour renforcer la démocratie participative et la consultation publique», ainsi que «la poursuite des efforts de renforcement des capacités dans le domaine des droits de l’Homme, afin d’améliorer leurs compétences dans le suivi de la mise en œuvre des engagements et la participation effective aux échéances internationales».
M. Belkouch a également souligné l’importance de «poursuivre les efforts de renforcement des capacités de la société civile dans les domaines de la planification et de la gestion de projets et du développement des ressources financières et humaines, de manière à renforcer les capacités organisationnelles et de gestion des associations et à élever la bonne gouvernance au rang d’action et de pratique complémentaires de la démocratisation des performances et de l’indépendance des décisions».
Un bilan positif pour un avenir prometteur
Au terme de cette présentation, le constat est clair : le partenariat entre l’État marocain et les associations de la société civile connaît une dynamique positive, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. L’augmentation constante des financements, la diversification des mécanismes de partenariat et la prise de conscience de l’importance stratégique des associations dans le développement du pays témoignent d’une volonté politique forte d’impliquer davantage la société civile dans les processus de décision et de mise en œuvre des politiques publiques.
Comme l’a souligné Othman Gayer, ce vingtième anniversaire du Discours Royal qui a lancé l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) marque ainsi une étape importante dans l’évolution des relations entre l’État et la société civile au Maroc, avec la promesse d’un partenariat encore plus structuré et efficace pour les années à venir, au service du développement inclusif et durable du Royaume.