Otmane Gair : l’INDH, le laboratoire Royal qui transforme le développement humain au Maroc

Le Matin : Comment l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) a-t-elle évolué depuis 2005 pour maintenir l’équilibre entre les objectifs d’inclusion sociale et l’optimisation de ses interventions, tout en restant fidèle à sa mission fondamentale ?
Quels sont les différents rôles que joue l’INDH dans l’écosystème du développement humain au Maroc, et comment ces fonctions complémentaires lui permettent-elles de remplir sa mission ?
Facilitateur : au niveau provincial et local, l’INDH joue un rôle d’intermédiation entre les besoins exprimés par les citoyens ou leurs représentants élus et l’État. Sa capacité à faire et à rassembler est un facteur de paix sociale non négligeable.
Incubateur : l’INDH l’est d’autant plus qu’elle permet l’avènement d’une solution efficace, optimisant les ressources disponibles. Le succès de l’INDH se manifeste lorsqu’un enjeu s’intègre progressivement aux missions des autres acteurs institutionnels de l’écosystème.
Catalyseur : l’INDH s’appuie sur la capillarité du réseau de l’administration territoriale et son accès aux parties prenantes détentrices de bonnes pratiques pour déployer sur le territoire des solutions éprouvées.
Fédérateur : l’INDH rassemble les parties prenantes pour prendre acte des avancées de leur projet commun, et pour renouveler son ambition en articulant les enjeux de sujets émergents. Ce fut le cas pour le lancement du pilote TaRL (Teaching at the Right Level).
Comment l’INDH applique-t-elle concrètement le principe de proximité et l’approche participative pour adapter ses interventions aux réalités spécifiques des différents territoires marocains ?
Ce principe est corollaire au principe de la subsidiarité des territoires, qui suppose des politiques au plus proche du citoyen et du territoire. Le constat montre que l’INDH se déploie sur le terrain selon les spécificités et les ressources de chaque territoire (régions montagneuses, régions frontalières, espaces urbains, espaces désertiques, etc.). Dans le même ordre d’idées, l’agilité territoriale caractérisant la mise en œuvre de l’INDH signifie que l’objectif de renforcement du capital humain est tout aussi primordial que la régulation sociale et la gestion des crises.
En quoi consiste le diagnostic participatif dans le cadre de l’INDH et quelle est son importance dans le processus de développement territorial ?
L’INDH repose sur une philosophie du développement qui prône la participation de toutes les parties prenantes au processus de prise de décision. Cela correspond à son rôle de fédérateur des acteurs de l’écosystème de développement humain, y compris les bénéficiaires. Le processus de prise de décision est conçu comme un processus allant de l’expression d’un besoin à la formulation d’un projet, sa mise en œuvre et son suivi-évaluation.
Comment est structuré le dispositif de gouvernance de l’INDH, et quelles évolutions a-t-il connues pour renforcer son efficacité aux différents échelons territoriaux ?
Comment l’INDH applique-t-elle dans ce sens le principe de convergence pour optimiser l’impact de ses interventions, et quels sont les mécanismes mis en place pour assurer la cohérence entre ses programmes et les autres actions de l’État ?
Par ailleurs, au-delà de la convergence des actions, l’INDH prône la convergence des approches. Celle-ci se décline à travers divers paramètres tels que la vision de développement, les méthodes de travail, les données probantes servant de base pour la prise de décision, etc. Cette forme de convergence est de nature à favoriser une meilleure cohérence entre les programmes INDH et les autres actions de l’État.
La convergence des acteurs de l’écosystème, jointe aux décisions fondées sur les données et les évidences (rendues possibles grâce à l’élaboration des théories de changement des différents programmes), devra permettre d’accroître l’impact des projets. En effet, l’élaboration d’une théorie de changement pour chaque programme de l’INDH permet d’orienter le choix des indicateurs et des données nécessaires à la prise de décision pour accroître l’impact des interventions.
Quels sont les mécanismes de partenariat adoptés par l’INDH pour la mise en œuvre de ses programmes ?
En quoi l’approche de l’INDH a-t-elle transformé les rapports entre l’État, les collectivités territoriales et la société civile, et comment cette vision mobilisatrice contribue-t-elle à son efficacité sur le terrain ?
La spécificité du positionnement de l’INDH se reflète dans sa culture, qui se veut à la fois pragmatique, du fait de la capacité de gestion des réalités de terrain de l’échelon central jusqu’à l’échelon local, et empreinte d’un souci d’efficacité, démultipliant les effets des interventions grâce à la fédération des acteurs de l’écosystème du développement humain. Ces deux sensibilités se retrouvent dans une culture du résultat et de concertation avec les différents acteurs, saluée comme la marque de fabrique de l’INDH.
Comment l’INDH joue-t-elle son rôle d’incubateur et de catalyseur d’innovations sociales, et pouvez-vous illustrer cette fonction à travers des exemples concrets de transformations territoriales ?
Quels impacts concrets l’INDH a-t-elle eus pour restaurer la dignité et favoriser l’inclusion des populations vulnérables ?
Quelles sont les nouvelles priorités de la phase III de l’INDH, et comment répondent-elles aux défis sociaux émergents auxquels le Maroc fait face actuellement ?
Avec le lancement de la phase III de l’INDH, de nouvelles attentes ont émergé partout pour que l’Initiative incube des solutions pour répondre, d’une part, au déficit d’inclusion des femmes et des jeunes, notamment les différentes catégories de NEET (ni en études, ni en emploi, ni en formation), et, d’autre part, à la pauvreté dans le milieu rural. Les attentes concernent aussi la culture et le sport qui ont fait l’objet d’un intérêt de la part de l’INDH, compte-tenu de la forte demande en ce sens.
Justement, quelles stratégies et programmes spécifiques l’INDH a-t-elle développés pour favoriser l’inclusion socio-économique des femmes et des jeunes, et quels résultats concrets ont été observés jusqu’à présent ?
Pour ce qui est de l’insertion économique des jeunes, notamment les différentes catégories de NEET, on peut considérer que l’INDH, à la faveur des nombreux atouts dont elle dispose en termes de capacité d’exécution (procédures simplifiées, appui de l’appareil d’État à tous les niveaux, etc.), a pu incuber des nouvelles solutions pour accompagner leur parcours de vie, dans le cadre d’écosystèmes dynamiques au niveau des bassins d’emploi.
Comment l’INDH assure-t-elle le suivi et l’évaluation de ses programmes, et quels mécanismes ont été mis en place pour mesurer l’efficacité et l’impact de ses interventions ?
L’INDH a prôné les principes de la bonne gouvernance, en instituant un dispositif de suivi et d’évaluation. En vue d’examiner l’état d’avancement du déploiement des axes programmatiques de l’INDH, des cadres logiques de résultats ont été formulés pour tous les programmes et axes programmatiques. Ils comportent des indicateurs visant à mesurer les effets produits selon la chaîne de résultats adoptée. L’objectif étant de mesurer l’efficience (moyens mis en œuvre), l’efficacité (réalisations par rapport aux objectifs escomptés) et l’impact (effet final sur les bénéficiaires) des projets et programmes.
Quels ont été les impacts concrets de l’INDH sur l’action sociale de l’État et comment a-t-elle contribué à améliorer la situation des populations vulnérables, particulièrement dans le contexte des récentes crises ?
L’INDH a généré une dynamique dans l’action sociale de l’État. En l’occurrence, l’INDH a permis de redonner de l’espoir à plusieurs catégories de la population en situation difficile (femmes seules, enfance abandonnée, jeunes sans emplois, etc.) et améliorer leur situation socio-économique, sur la base des contributions de l’INDH. Elle a aussi suscité le changement culturel par rapport à l’emploi et l’entrepreneuriat auprès de certaines catégories de jeunes, particulièrement dans les régions à faible tissu économique (informel, contrebande frontalière) ou se caractérisant par des dispositifs d’assistance substantiels, aussi bien en termes budgétaires ou en termes d’allocations versées. Par ailleurs, l’INDH a contribué de façon substantielle à atténuer les tensions sociales, surtout dans un contexte de précarisation liée aux récentes crises sanitaire et économique.
L’ONDH, pilier de l’évaluation des politiques de développement humain au Maroc
L’Observatoire national du développement humain, institution créée par Sa majesté le Roi Mohammed VI en 2006, est investi de la mission d’évaluation des programmes de développement humain, à travers un système d’observation, d’identification et de mesure des effets et de l’impact des différentes interventions publiques. Sa finalité est de générer des informations objectives et de produire des données probantes sur les principales dimensions du développement humain, pour améliorer la prise de décisions en matière de politiques publiques sociales et asseoir un système d’intervention public solide, équitable, transparent et ouvert sur la société en matière d’inclusion et de protection sociale.