Menace russe : l’UE veut accélérer la mobilité militaire en Europe
L’UE présente mercredi un ensemble de mesures pour accélérer la mobilité des armées sur le continent, face à la menace russe, visant à éviter que des colonnes de chars basés en Espagne n’arrivent en Pologne « après la guerre ». La Commission propose de consacrer au moins 17 milliards d’euros à la mobilité militaire sur la période 2028-2034, soit dix fois plus que pour la période précédente (2021-2027).
L’Union européenne a présenté mercredi un ensemble de mesures visant à améliorer la mobilité des forces armées sur le continent, en réponse à la menace russe. L’objectif est d’éviter qu’une colonne de chars en provenance d’Espagne n’arrive en Pologne « après la guerre », a résumé un responsable européen. Actuellement, il est essentiel d’obtenir des autorisations pays par pays pour faire transiter ces chars au sein de l’Union européenne. Une fois ces autorisations obtenues, les véhicules peuvent être contraints d’emprunter des itinéraires alternatifs pour éviter des routes ou des ponts trop fragiles pour les supporter.
Il convient de noter que certains chars « n’ont pas reçu l’autorisation de se déplacer dans un Etat membre en raison de leur poids qui dépassait la limite fixée par les règles de circulation routière », a signalé en avril la Cour des comptes de l’Union européenne dans un rapport critique sur la mobilité militaire. Environ 500 points de passage obligatoires ont été identifiés le long des corridors qui pourraient être utilisés par les armées de l’UE en cas de conflit. La plupart de ces points nécessitent par ailleurs une modernisation urgente pour permettre cette mobilité des troupes, particulièrement mise en avant depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Pour résoudre ces problèmes de mobilité, la Commission européenne propose d’instaurer un « permis unique » valable dans toute l’Union, afin de simplifier le processus et d’éviter une multitude de demandes d’autorisation, certaines devant être faites 45 jours à l’avance. En cas d’urgence, des règles claires seraient établies, comme des autorisations de passage prioritaires, pour éviter tout blocage.
Dans cette optique, un « mécanisme de solidarité » serait mis en place, permettant de mutualiser les capacités de défense nationales, afin que chaque État membre puisse y accéder facilement. Pour garantir l’efficacité de ces mesures, la Commission prévoit d’organiser régulièrement des « stress tests », afin de s’assurer que les infrastructures sont bien praticables.
La Commission propose également de consacrer au moins 17 milliards d’euros à la mobilité militaire entre 2028 et 2034, soit dix fois plus que pendant la période précédente (2021-2027). Cette prise de conscience des retards en matière de mobilité militaire n’est pas nouvelle. La Commission européenne a déjà présenté deux plans d’action sur ce sujet, dont le dernier, rendu public en novembre 2022, a suscité des critiques de la part de la Cour des comptes de l’UE.
Cette institution a signalé en avril dernier que, malgré les mesures annoncées à la fin de 2022, les progrès restaient « variables ». En réponse, Bruxelles a souligné que la mobilité militaire était « un domaine d’action relativement nouveau » où les institutions de l’UE disposent « d’une marge de manœuvre limitée » en raison des compétences nationales en matière de défense.
Par ailleurs, la Commission européenne prévoit d’annoncer mercredi un plan visant à rapprocher l’industrie de défense européenne des nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, le quantique ou le spatial. Bien que les industriels de l’armement utilisent déjà largement ces technologies, Bruxelles souhaite encourager des projets collaboratifs. Dans cette perspective, elle envisage que les « usines d’intelligence artificielle », des plateformes de test de solutions en IA, soient accessibles aux industries de défense. Actuellement, environ 19 de ces usines existent déjà dans l’Union européenne, et d’autres, y compris des « giga-usines » encore plus performantes, sont en projet.

