Mégaprojet ferroviaire du Grand Casablanca : La Banque mondiale injectera 350 millions de dollars

Dans le cadre de ce projet majeur, un sous-programme baptisé «Pôle de mobilité et de logistique des passagers du Grand Casablanca» a été élaboré pour un investissement de 1,1 milliard de dollars. Il cible principalement les projets liés au renforcement du transport ferroviaire régional et à l’amélioration de la logistique ferroviaire. Il exclut certains investissements majeurs, comme la construction d’une nouvelle ligne à grande vitesse entre Casablanca et Benslimane, ainsi que l’acquisition de matériel roulant.
L’appui de la Banque mondiale
Ce financement couvrira plusieurs axes spécifiques du chantier ferroviaire. Il s’agit, d’abord, du développement des services ferroviaires régionaux, avec l’augmentation de la fréquence des trains, l’amélioration de la ponctualité et de l’accessibilité des gares, la modernisation de l’infrastructure ferroviaire et des systèmes de signalisation.
En parallèle, la dimension logistique du programme ambitionne de désengorger le port de Casablanca et de favoriser le recours au fret ferroviaire. Actuellement, environ 75% du transport de marchandises au Maroc se fait par la route, générant d’importants embouteillages autour du port. Le projet inclut ainsi la création d’un nouveau corridor ferroviaire de fret reliant le port à la zone logistique de Zenata, permettant un transfert plus efficace des marchandises entre le rail et la route. Ce volet logistique vise globalement à rendre le transport ferroviaire plus compétitif pour les entreprises et à encourager le développement de plateformes logistiques multimodales.
L’amélioration de l’accessibilité ferroviaire constitue un autre pilier majeur du programme. La construction de cinq nouvelles gares multimodales et la modernisation de cinq gares existantes sont prévues afin d’optimiser l’interconnexion avec les autres modes de transport urbain et régional. Ces infrastructures incluront des aménagements facilitant l’accès aux personnes à mobilité réduite et des dispositifs renforçant la sécurité des usagers, notamment pour les femmes. L’objectif est de favoriser un report modal vers le rail, en particulier pour les populations les plus dépendantes des transports publics.
Un Contrat-Programme multi-annuel ONCF-État
Le programme est piloté par plusieurs institutions clés. Le ministère des Transports et de la Logistique assure la supervision stratégique et l’alignement du projet avec la politique nationale de mobilité. Le ministère des Finances joue un rôle central dans la négociation et la gestion des financements, notamment ceux liés au prêt de la Banque mondiale. L’Office national des chemins de fer (ONCF), en tant qu’agence d’exécution, est responsable de la mise en œuvre du programme, incluant la planification, la gestion des infrastructures, l’exploitation des services ferroviaires et la coordination avec les autres parties prenantes.
Le programme s’inscrit dans une logique de transition écologique en favorisant l’électrification du réseau et en réduisant la dépendance aux camions et aux voitures particulières. Il est aligné avec les objectifs climatiques du Maroc et les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris. Le calendrier prévisionnel table sur un déploiement progressif jusqu’en 2029.
Casablanca-Settat constitue la plus grande agglomération urbaine du Maroc et abrite plus de 13% de la population totale du pays, sur une superficie équivalente à seulement 0,6% du territoire national. Compte tenu des contraintes foncières existantes, la majeure partie du développement urbain à Casablanca, en particulier, se déroule en périphérie de la ville, à des densités relativement faibles, loin des zones à forte concentration urbaine.
Nouveaux défis pour la région
La population de la région devrait passer de 6,9 millions aujourd’hui à 8,3 millions en 2030. Toutefois, cette croissance économique et ces avancées s’accompagnent de défis majeurs en matière de développement. La région de Casablanca-Settat représente environ un tiers des émissions nationales de CO₂ du Maroc. En outre, les niveaux de mobilité physique dans la région varient considérablement en fonction du revenu, du genre et de l’emplacement du logement, faisant du service de transport public régional un puissant levier d’inclusion. Les lignes ferroviaires de la région de Casablanca-Settat offrent une option immédiatement viable pour soutenir la croissance économique grâce à une logistique à faibles émissions et à un service voyageurs élargi.
D’ailleurs, les marchés du transport ferroviaire de passagers et de marchandises dans la région sont déjà bien développés. Environ 75.000 tonnes de marchandises et près de 90.000 passagers transitent chaque jour par le rail dans la région, représentant ainsi 90% du trafic ferroviaire national. Toutefois, le réseau ferroviaire de Casablanca-Settat possède un potentiel encore plus grand pour offrir les services de transport nécessaires au développement économique régional et garantir un accès inclusif à la population. Si les ambitions du Masterplan se concrétisent, Casablanca-Settat pourrait devenir un modèle de mobilité ferroviaire en Afrique.