Les cabines de bronzage triplent le risque de mélanome.
L’étude publiée dans la revue Science Advances indique que les personnes fréquentant des cabines de bronzage courent près de trois fois plus de risques de développer un cancer de la peau. Selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), le mélanome a tué près de 60.000 personnes dans le monde en 2022.
Adolescente, l’Américaine Heidi Tarr se rendait plusieurs fois par semaine dans une cabine de bronzage avec ses amis, dans le but d’imiter une célébrité. Des années plus tard, elle a survécu à un mélanome et a participé à une étude révélant que le risque de développer ce cancer triple après avoir utilisé ces cabines. « Tout le monde voulait cette belle peau, bien bronzée », a confié cette spécialiste des études de marché de 49 ans lors d’un appel vidéo depuis Chicago. Cependant, un jour, alors qu’elle était dans la trentaine, Heidi Tarr a découvert un grain de beauté étrange sur son dos.
C’était un mélanome, le cancer de la peau le plus mortel. Ce type de tumeur ressemble souvent à un grain de beauté, avec des caractéristiques telles que l’asymétrie, des bords irréguliers, plusieurs couleurs, un grossissement ou un changement d’apparence. Bien qu’ayant détecté sa maladie à temps, Heidi a dû subir une douzaine d’interventions pour enlever d’autres grains de beauté.
Aujourd’hui, sa fille de 15 ans, Olivia, regarde des vidéos sur TikTok de personnes montrant leurs marques de bronzage et demande à sa mère comment en obtenir également. En réponse, Heidi a décidé de faire enlever un autre fragment de peau, cette fois pour des recherches.
L’étude, publiée vendredi dans la revue Science Advances, révèle que les personnes utilisant des cabines de bronzage présentent près de trois fois plus de risques de développer un cancer de la peau. Les chercheurs ont également identifié avec précision, pour la première fois, la façon dont ces dispositifs de bronzage artificiel induisent des mutations de l’ADN dans la peau, rendant leurs utilisateurs plus sensibles au cancer.
Selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), relevant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’incidence du mélanome cutané, en forte hausse, est attribuée à plus de 80 % à l’exposition aux rayons ultraviolets (UV). Certains de ces UV sont naturels, tandis que d’autres proviennent des cabines de bronzage artificiel.
Le dermatologue et chercheur Pedram Gerami, de l’université Northwestern (Illinois), s’est intéressé à cette question lorsqu’il a constaté un nombre « inhabituellement » élevé de jeunes femmes souffrant de plusieurs mélanomes, parfois sur des parties du corps normalement « relativement protégées du soleil ».
Après avoir comparé les dossiers médicaux de 3.000 personnes ayant utilisé des cabines de bronzage avec ceux de personnes du même âge qui ne les avaient pas fréquentées, son équipe a découvert qu’un mélanome avait été diagnostiqué chez 5 % des utilisateurs de cabines, contre 2 % dans le groupe témoin.
Après avoir pris en compte divers facteurs (âge, antécédents de coups de soleil, antécédents familiaux, etc.), les chercheurs ont estimé que les utilisateurs de cabines de bronzage avaient 2,85 fois plus de risques de développer un mélanome. De plus, ces utilisateurs semblaient également plus susceptibles de développer ce cancer sur des zones du corps normalement protégées du soleil, comme le bas du dos et les fesses. Pour évaluer l’ampleur des dommages causés par les cabines de bronzage à l’ADN des cellules cutanées, les scientifiques ont séquencé 182 biopsies, y compris celle d’Heidi Tarr.
Ils ont utilisé une nouvelle technologie pour examiner spécifiquement les mélanocytes, cellules de la couche superficielle de la peau dont la prolifération aboutit à la formation d’un grain de beauté. Les résultats ont montré que les mélanocytes des utilisateurs de cabines de bronzage présentaient près de deux fois plus de mutations. De plus, « les utilisateurs de cabines de bronzage âgés de 30 à 40 ans avaient un nombre de mutations bien supérieur à celui des personnes de la population générale âgées de 70 à 80 ans », a précisé le Dr Bishal Tandukar, co-auteur de l’étude, dans un communiqué.
Selon le CIRC, qui classe le risque de cancer des cabines de bronzage au même niveau que celui du tabagisme et de l’amiante, le mélanome a causé la mort de près de 60.000 personnes dans le monde en 2022.
Certains pays, comme l’Australie et le Brésil, ont interdit ces cabines, tandis que d’autres, tels que le Royaume-Uni et la France, les ont bannies pour les moins de 18 ans. Aux États-Unis, la réglementation varie selon les États.
« Au minimum, il faut les interdire aux mineurs », a conseillé M. Gerami. À tous, Heidi Tarr « recommandent vivement de ne pas les utiliser ». Elle conseille aussi aux anciens utilisateurs réguliers d’examiner leur peau et de consulter un dermatologue. « Pour obtenir un teint hâlé, mieux vaut opter pour de l’autobronzant », a-t-elle ajouté.

