Le Pôle digital de l’Agriculture transforme le secteur équin.
Le Pôle digital du ministère de l’Agriculture a présenté pour la première fois des solutions concrètes dédiées à la filière équine lors de la 16ᵉ édition du Salon du cheval d’El Jadida. Le réseau de fermes digitales, qui travaille actuellement avec 56 fermes, inclut pour la première fois deux haras (Bouznika et El Jadida) dans ce dispositif.
Le Pôle digital du ministère de l’Agriculture a dévoilé pour la première fois des solutions concrètes pour la filière équine lors de la 16ᵉ édition du Salon du cheval d’El Jadida.
Ces solutions, déjà opérationnelles, incluent un observatoire de veille technologique, un assistant virtuel, un ERP-CRM pour la gestion d’élevage et un réseau de fermes digitales. L’innovation dans la filière équine repose désormais sur une intégration accrue des technologies numériques.
**L’équine intégrée à l’observatoire Agripulse**
Parmi les solutions phares figure l’observatoire de veille technologique agricole, nommé « Agripulse », qui intègre désormais la filière équine. Cet outil permet de rassembler et de structurer, d’un simple clic, des données relatives aux projets, startups, technologies, entreprises et formations dans le secteur agricole.
« Cette année, pour la première fois, la filière équine est incluse dans notre observatoire », a déclaré Loubna El Mansouri, directrice du Pôle digital de l’Agriculture, de la Forêt et Observatoire de la sécheresse, soulignant l’importance de cet outil. « Il ne s’agit pas d’une simple plateforme mais d’un véritable observatoire de veille active, qui offre une information juste, fiable et à jour », a-t-elle précisé.
Équipé d’un assistant en intelligence artificielle, l’observatoire propose des recommandations personnalisées. Selon Mme El Mansouri, cet outil sera élargi au public dans une logique de crowdsourcing, afin d’assurer une mise à jour continue et participative.
**Un chatbot au service de la filière**
La deuxième innovation présentée est le chatbot « KhAIl Conncet », développé en partenariat avec la Société Royale d’encouragement du cheval (SOREC). Cet assistant virtuel se distingue par sa capacité à communiquer en darija, en arabe classique et en français, intégrant des fonctionnalités vocales et multilingues.
« Ce chatbot a été formé sur 6.000 documents nationaux et les bases de données de la SOREC. Les corpus en français et en arabe classique ont été adaptés en darija, ce qui lui permet de tenir une conversation complète dans notre dialecte », a expliqué Mme El Mansouri.
Ancré dans des données nationales et locales, cet assistant IA est conçu pour être accessible et utile aux professionnels. « L’objectif est de faciliter l’accès à l’information et d’accompagner les utilisateurs dans la compréhension et l’appropriation des innovations numériques », a-t-elle ajouté.
**Le réseau des fermes digitales : une expérimentation en conditions réelles**
Le réseau de fermes digitales, projet phare du ministère, vise à rapprocher les technologies du terrain. Contrairement aux sites expérimentaux, il s’agit de fermes de production réelles où les solutions numériques sont testées en condition opérationnelle.
« Nous travaillons aujourd’hui avec 56 fermes, dont sept sont déjà opérationnelles. L’idée est de tester les technologies dans des conditions réelles, de mesurer leur impact et de créer des espaces dynamiques de formation, de recherche et d’instruction », a déclaré Mme El Mansouri.
Ce réseau combine démonstration, formation et évaluation des effets économiques, sociaux et environnementaux. Dans le cadre du Salon du cheval, deux haras (Bouznika et El Jadida) ont été intégrés pour la première fois dans ce dispositif.
**Un ERP-CRM de gestion pour les haras nationaux**
La quatrième innovation concerne l’expérimentation d’un ERP-CRM pour la gestion d’élevage dans les haras de Bouznika et d’El Jadida. Conçu par une startup belge active dans plus de 30 pays et gérant chaque année plus de 200.000 chevaux, le logiciel de gestion des écuries « Equicty » centralise toutes les informations relatives aux animaux : identification et traçabilité, nutrition, suivi sanitaire, entraînement et gestion documentaire.
L’ERP-CRM repose sur une fiche signalétique numérique pour chaque cheval, intégrant son identité, sa puce d’identification et ses données génétiques. Il centralise également le suivi sanitaire (vaccinations, traitements, visites vétérinaires), le programme alimentaire, l’entraînement quotidien ainsi que l’historique des performances.
« Nous avons choisi une approche progressive : tester, apprendre, puis déployer. L’ERP-CRM que nous expérimentons dans les haras doit prouver sa valeur ajoutée avant toute généralisation », a souligné Mme El Mansouri, en insistant sur l’importance d’une adaptation au contexte marocain.
**Une gouvernance structurée pour piloter la digitalisation**
Créé il y a près de trois ans sous la forme d’un groupement d’intérêt public, le Pôle digital est soutenu par les ministères de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et Forêts, et de l’Économie et des Finances. Il regroupe onze membres fondateurs provenant d’instituts de recherche et de formation, d’agences de développement et de financement, ainsi qu’un large réseau de partenaires nationaux et internationaux.
Sa mission est de coordonner et d’accélérer la transformation numérique du secteur agricole, en s’appuyant sur quatre pôles d’action : le centre de digitalisation agricole, l’observatoire de la sécheresse, le centre de coopération Sud-Sud et le centre d’inclusion des femmes dans le foncier. Cette structuration permet d’aborder la digitalisation de manière transversale et inclusive, intégrant toutes les filières, y compris celle de l’équitation.
**Par Yassine AHIZOUNE (MAP)**

