Maroc

Le Festival de Tétouan célèbre trois figures du cinéma méditerranéen : Nabil Ayouch, Nicolas Philibert et Aida Folch

Figure incontournable du cinéma marocain, Nabil Ayouch n’a cessé d’explorer les aspirations d’une société en mutation. De «Ali Zaoua» (2000, Sélection Berlinale Generation 14plus) à «Much Loved» (2015, Quinzaine des réalisateurs à Cannes), en passant par «Les chevaux de Dieu» (2012, sélection «Un Certain Regard» à Cannes) et «Razzia» (2017, Toronto), son regard incisif et sa mise en scène percutante ont mis en lumière des réalités longtemps tues, enrichissant les débats bien au-delà des écrans. En 2021, son film «Haut et Fort» fait sensation en compétition officielle à Cannes, une première pour le Maroc. En 2024, il dévoile «Everybody Loves Touda». Sélectionné au Festival de Cannes et au Festival international du film de Marrakech (FIFM), le dixième long-métrage de Nabil Ayouch a été choisi pour représenter le Maroc aux Oscars (Meilleur film étranger), et devient aussi le premier film marocain à se qualifier pour les catégories majeures des Oscars, et à être éligible dans toutes les catégories des César 2025. Ayouch continue de jouer un rôle clé dans la promotion du cinéma marocain sur la scène internationale, avec un engagement fort pour les histoires qui donnent une voix aux invisibles. L’engagement de Ayouch va bien au-delà de ses films. À travers la Fondation Ali Zaoua, il œuvre depuis plus de quinze ans pour l’accès des jeunes à l’art et à la culture, multipliant les initiatives pour démocratiser l’expression artistique.

Le Festival On Marche de retour du 4 au 12 avril à Marrakech

Nicolas Philibert, réalisateur et maître du cinéma du réel, a marqué l’histoire du documentaire par une œuvre exigeante, subtile et profondément humaine. Son regard, attentif et empreint de délicatesse, s’est toujours porté sur des lieux et des visages souvent laissés dans l’ombre, révélant la richesse de ceux qui peuplent notre quotidien. Après le succès mondial de «Être et avoir» (2002), portrait d’une classe unique dans un village de montagne, il poursuit son exploration des marges, avec des films comme «Le Pays des sourds» (1993) ou «La Moindre des choses» (1997), qui questionnent les frontières entre silence et parole, entre normalité et altérité. En 2023, son film «Sur l’Adamant», consacré à un centre de jour accueillant des adultes souffrant de troubles psychiques, remporte l’Ours d’Or à la Berlinale. Avec une sensibilité rare, Philibert parvient à filmer la douleur, la souffrance et les moments d’espoir de ses personnages, tout en capturant des instants de beauté dans des lieux souvent mal compris ou ignorés. Sa filmographie, qui compte des titres tels que «Retour en Normandie» (2007), «Nénette» (2010), ou «La Maison de la radio» (2013), continue de faire rayonner un cinéma qui allie poésie, engagement et une recherche constante de l’humanité partagée.

En 2024, il poursuit son exploration de la psychiatrie avec deux nouveaux films : «Averroès & Rosa Parks» et «La Machine à écrire et autres sources de tracas» qui viennent compléter un triptyque où il réhabilite la parole des patients et explore des institutions en lutte contre la déshumanisation. De film en film, Nicolas Philibert construit une œuvre intemporelle et universelle, où chaque rencontre est une invitation à s’interroger sur notre condition humaine.

Aida Folch, actrice espagnole originaire de Tarragone, s’est affirmée comme l’une des grandes figures du cinéma espagnol contemporain. Sa première grande occasion se présente en 2000, quand elle est choisie parmi 3.000 filles de toute l’Espagne pour jouer un rôle dans la production espagnole Le Sortilège de Shanghai (2002), du réalisateur espagnol oscarisé Fernando Trueba. Elle a alors quatorze ans. Peu de temps après, Fernando León de Aranoa la choisit pour le film primé «Los lunes al sol» (2003), qui a remporté le Prix du Meilleur film au Festival de San Sebastián.

Puis elle intervient dans des productions espagnoles telles que «Aquitania» (2006), «La mirada violeta» (2009), «Fin de curso» (2007), «Salvador» (2006), «Las vidas de Celia» (2008), et «25 kilates» (2008), entre autres. Aida travaille également dans des téléfilms comme Inocentes (2006), «No estás sola» (2007), Sara (2008), «Morir en 3 actes» (2008) ou «Volveremos» (2009).

En 2008, elle est remarquée dans le personnage de Françoise dans la mythique série télévisée espagnole «Cuéntame cómo pasó», diffusée sur «La1», qui retrace la vie espagnole pendant les années 1970, avant et après la transition démocratique. Elle travaille à l’étranger dans la superproduction historique «Henri 4» (2010) de Jo Baier, et dans «Mi universo en minúsculas» (2012), une production mexicaine de la réalisatrice Leticia Tonos Paniagua.

En 2012, dans «L’Artiste et son modèle» de Fernando Trueba, Aida Folch joue le rôle de Mercè, une jeune espagnole fuyant la guerre civile. Dans ce film tourné en français, elle travaille aux côtés de Jean Rochefort et Claudia Cardinale.