Le Congrès annuel de la SMCR façonne l’avenir de la médecine.
Le congrès annuel de la Société marocaine de chirurgie robotique se tient ce samedi à Casablanca, rassemblant des experts nationaux et internationaux pour discuter de l’essor de la chirurgie robotique au Maroc. La chirurgie robotique offre des avantages tels que des cicatrices plus petites, une récupération plus rapide et souvent moins de complications pour les patients.
Des experts marocains et internationaux se rassemblent pour envisager l’avenir d’une chirurgie plus précise, plus sûre et accessible à tous

Le programme officiel prévoit une journée riche et exigeante, incluant des conférences de haut niveau scientifique, des sessions plénières internationales et des retransmissions en direct de séries de chirurgies, le tout au DoubleTree by Hilton de la métropole économique. L’objectif du congrès est clair : mettre en lumière la croissance rapide de la chirurgie robotique au Maroc, échanger des expériences et des normes, et tenter de définir les contours d’une intégration durable et équitable de ces technologies sur le territoire.
Ce qui se déroule aujourd’hui à Casablanca dépasse la simple succession de communications savantes. C’est une expression d’une ambition nationale visant à intégrer le Royaume dans l’ère de la chirurgie robotique. L’accélération se fait ressentir : des équipes marocaines ont déjà procédé à des opérations utilisant des systèmes robotiques, et certains groupes hospitaliers privés affichent des bilans significatifs en urologie et en chirurgie oncologique. Ces avancées confirment que le débat sur la robotique au Maroc n’est plus théorique, mais réellement clinique et organisationnel.
Le programme de la journée reflète cette dynamique. Les thèmes abordés vont de l’anesthésie spécifique pour la chirurgie robotique intra-abdominale aux enjeux médico-légaux de la téléchirurgie, en incluant une réflexion sur la formation et les compétences non techniques des équipes opératoires. Les intervenants forment un aréopage international — professeurs et praticiens venus d’Europe, des États-Unis et du monde arabe — aux côtés de chirurgiens marocains directement impliqués dans l’application quotidienne de ces techniques. L’événement combine séances plénières, tables rondes, symposiums industriels et retransmissions opératoires, unissant savoir académique et démonstration pratique.
La question de la formation est au centre des échanges. Les robots ne remplacent pas le chirurgien, mais requièrent de nouveaux apprentissages et une pédagogie rigoureuse : simulation, mentorat, certification et évaluation des résultats. Des experts internationaux de renom partagent leurs expériences et présentent des modèles de formation éprouvés dans d’autres pays. L’objectif est précis : former des opérateurs compétents et établir un cadre de confiance garantissant des bénéfices mesurables pour les patients.
La téléchirurgie représente également un point fort du congrès. Le Maroc a récemment connu une première nationale marquante : une opération robot-assistée réalisée à distance entre Casablanca et Laâyoune. Cet exploit technique a démontré qu’il était possible de transcender la contrainte géographique grâce aux infrastructures numériques et à la coordination clinique. Cependant, il soulève des questions essentielles : sécurité, responsabilité médicale et pertinence dans un pays où de fortes disparités territoriales en matière d’accès aux soins perdurent. Une table ronde est précisément consacrée aux dimensions médico-légales de cette pratique, rassemblant juristes et praticiens pour définir des garde-fous solides.
Le congrès met aussi en avant l’essor de l’intelligence artificielle dans le domaine opératoire. Planification préopératoire, assistance à la décision durant l’intervention, analyse d’images : l’IA devient un partenaire de la chirurgie robotique. Les discussions visent à dépasser la fascination pour explorer concrètement les conditions de son intégration, avec une priorité absolue sur l’amélioration de la sécurité et de la qualité des soins.
Enfin, les enjeux éthiques et le coût traversent toutes les interventions. La chirurgie robotique repose sur des investissements conséquents, des consommables spécifiques et une maintenance avancée. Dans un système de santé aux moyens limités, la question de l’équité d’accès s’annonce cruciale. Comment s’assurer que ces avancées ne soient pas réservées à une minorité de patients urbains et aisés ? Les intervenants appellent à l’élaboration de stratégies réfléchies, capables de concilier innovation et justice sanitaire.
En réunissant aujourd’hui à Casablanca des experts nationaux et internationaux, la Société marocaine de chirurgie robotique offre une plateforme unique pour transformer l’enthousiasme technologique en progrès médical tangible. Ce congrès constitue un moment clé : il ne se limite pas à exposer la prouesse technique, mais pose les fondations d’une vision plus large, où la robotique devient un outil au service de la précision chirurgicale, de la sécurité des patients et de l’équité d’accès aux soins.
M.O
La chirurgie robotique consiste à utiliser un système robotisé contrôlé par le chirurgien pour effectuer une opération. Contrairement à une idée reçue, ce n’est pas le robot qui opère seul : il s’agit d’un outil de haute précision, piloté depuis une console. L’avantage principal réside dans la délicatesse des gestes, une vision 3D améliorée et une réduction du traumatisme opératoire. Pour les patients, cela signifie des cicatrices plus petites, une convalescence plus rapide et souvent moins de complications.
La téléchirurgie, une avancée supplémentaire
La téléchirurgie permet à un chirurgien d’opérer à distance en contrôlant un robot situé dans une autre ville. Grâce à une connexion sécurisée et ultra-rapide, le praticien peut réaliser l’intervention comme s’il était présent dans la salle d’opération. Cette technologie est particulièrement prometteuse pour des pays comme le Maroc, où certaines régions demeurent éloignées des grands centres hospitaliers.
Un impact direct sur les patients
Ces innovations ouvrent la voie à une médecine plus équitable et moderne. Elles permettent d’accéder à des soins de pointe sans nécessiter de longs déplacements, tout en améliorant la sécurité et le confort postopératoire. Cependant, elles posent aussi des défis : coûts élevés, nécessité d’une formation continue et réflexions éthiques pour garantir que ces avancées bénéficient à tous, et pas seulement à une minorité.

