La «Zahria de Marrakech» : Un Moussem au cœur de la tradition, de la culture et de l’environnement


Dans la cité aux mille éclats, le bigaradier, cet arbre béni, élément fondamental de l’écosystème de Marrakech, produit des fleurs blanches aux effluves délicats comme une promesse de beauté et d’allégresse.
Et à chaque floraison, mosquées, Zaouïas, Riads et jardins se remplissent de la Bahja, cette joie rayonnante, tandis que la distillation de la fleur d’oranger, savoir-faire citadin, transmis de génération en génération par les femmes, s’épanouit, préservant cet héritage culturel et spirituel.
L’engagement des femmes dans la distillation, qu’elles interviennent à domicile, au sein de coopératives ou à titre bénévole dans des associations patrimoniales, est un hommage à cet art précieux qui constitue le tissu social de la ville. En 2022, à la demande d’Al Muniya, association accréditée par l’Unesco, cet élément culturel a d’ailleurs été inscrit sur les listes de l’Icesco, et l’association travaille avec le ministère de la Culture à son inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Elle a aussi transformé le Moussem en un événement public vibrant, enrichi d’une dimension scientifique, artisanale (depuis quelques années, les commandes d’alambics se multiplient, pour le grand bonheur des dinandiers), littéraire, mémorielle, musicale et environnemental (mobilisation pour la réhabilitation et la plantation en masse de bigaradiers désormais menacés de disparition en milieu urbain).
En métamorphosant ce cérémonial familial en une célébration ouverte et festive, Al Muniya a insufflé une nouvelle dynamique à Marrakech, plaçant ainsi la régénération urbaine au cœur du matrimoine, héritage féminin séculaire de la Médina.
À l’heure où cette nouvelle fête s’étend, elle propose à la population locale et à des touristes de plus en plus nombreux, une expérience empreinte de poésie et ponctuée d’ateliers de distillation, d’un cortège de l’offrande, d’expositions, d’intermèdes musicaux, de conférences, et d’hommages…
Et pour sa 13e édition, le cercle du Moussem s’élargit davantage en incluant un plus grand nombre d’établissements scolaires et d’entreprises touristiques. L’Université a également choisi de s’engager dans la promotion de la «Zahria» en impliquant ses étudiants dans une recherche universitaire centrée sur le thème emblématique de la fleur d’oranger. À travers cette initiative, l’institution souhaite non seulement valoriser ce symbole fort de la culture marocaine, mais aussi encourager les jeunes chercheurs à explorer et à approfondir les diverses dimensions que recouvre cet héritage, tant sur le plan social, culturel, qu’environnemental.