Maroc

La voix du Marocain Anass Habib pour incarner la lumière à Nimègue

Connu pour une œuvre riche et interculturelle, à la jonction de la musique et du théâtre, Theo Hoek ne peut qu’ouvrir l’espace de création à de nouvelles rencontres et à des expériences inédites. Si son précédent projet «Die Donker» (Cette obscurité) abordait les thèmes de la dépression et de la création, sur une base autobiographique, le spectacle «Die Licht» fait la part belle à la lumière ainsi qu’aux multiples nuances de tendresse, d’intensité et d’espérance.

Dans ce tableau visuel et musical, le compositeur a fait appel à des voix venues d’horizons divers, symbolisant la rencontre entre Orient et Occident. Parmi elles, une voix retient particulièrement l’attention : celle de l’artiste marocain Anass Habib.

Dans la mosaïque culturelle de cette composition en treize parties, Anass Habib incarne la profondeur des traditions musicales arabes, aux côtés de l’Indienne Prewien Pandohi-Mishre et de la Néerlando-Tchèque Marianne Svašek. La composition fait entendre les sonorités du sarangi, du saz, du saxophone baryton ou encore des percussions, donnant vie à un dialogue entre les cultures et les époques.

Dans cette expérience sensorielle, la lumière se devine et se voit, notamment grâce aux projections visuelles. Ces images, créées par Mathijs Stegink, accompagnent la musique pour intensifier l’expérience et rendre la lumière perceptible.

De son vrai nom Anass Azami Hassani, le chanteur, né à Fès, révéla dès l’âge de cinq ans un talent exceptionnel en interprétant avec naturel des mélodies arabes classiques. Il donna son premier concert à douze ans avant de poursuivre sa formation musicale en Syrie, où il perfectionna son art auprès de grands maîtres du maqam et des techniques du chant arabe classique. C’est avec Ghada Shbeir, au Liban, qu’il affina ensuite son art, avant de rejoindre à Paris une figure emblématique du chant sacré oriental, Sœur Marie Keyrouz.

Après l’obtention d’un diplôme d’État de professeur de chant à Lyon, il parcourut le monde en donnant concerts et masterclass au Maroc, en France, en Pologne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Afrique du Sud. Aujourd’hui encore, il enseigne la musique arabe et les musiques sacrées du Moyen-Orient, afin de préserver et de transmettre ce riche héritage aux nouvelles générations d’artistes désireux de s’y plonger.

Dans le répertoire d’Anass Habib, Fairouz et Oum Kalthoum occupent une place de grandes maîtresses, aux côtés de la puissance de Sabah Fakhri, de la subversion de Ziad Rahbani ou de la générosité de Wadih Al Safi. Les poèmes soufis, les chants maronites ainsi que les mélodies andalouses et séfarades médiévales sont interprétés avec autant de maestria que de sensibilité. Se produisant le plus souvent a cappella, parfois accompagné de sa propre percussion, Anass Habib chante en arabe, en araméen, en ladino ou en grec ancien.