La France adopte une nouvelle méthode pour la neutralité carbone en 2050.
Le gouvernement a publié vendredi la stratégie actualisée de la France pour devenir « neutre en carbone » en 2050. L’objectif est de passer à 55% d’électricité dans la consommation énergétique en 2050, contre 37% en 2023.
Le gouvernement a lancé vendredi la version mise à jour de la stratégie française visant à atteindre une « neutralité carbone » d’ici 2050, un objectif particulièrement ambitieux qui implique, entre autres, l’abandon du pétrole et du gaz. Ce projet de troisième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC-3) est présenté exactement dix ans après la signature de l’Accord de Paris, un traité établi en France pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Depuis, le pays a maintenu son engagement à se défaire des activités industrielles et des énergies contribuant au réchauffement climatique, prétendant que cet engagement est compatible avec la croissance économique. « C’est un plan de relance économique et industrielle avant tout », a déclaré la ministre de la Transition écologique, Monique Barbut, dans le journal Les Échos.
La France, en collaboration avec l’Union européenne, bénéficie de partenaires partageant ces objectifs. Cependant, leur influence semble diminuer, comme l’ont illustré les récentes négociations internationales, notamment lors de la conférence climatique de novembre (COP30) à Belém (Brésil).
Les États-Unis, principaux producteurs de pétrole, envisagent un avenir reposant sur les hydrocarbures, tandis que leur président, Donald Trump, doute des prévisions des climatologues. De grandes nations émergentes ne souhaitent pas que la transition énergétique vers des sources non fossiles devienne un objectif explicite de la communauté internationale.
En France, l’opinion publique est divisée sur les changements de mode de vie radicaux que suppose cette « neutralité carbone ». Réductions de consommation de viande, d’essence, de voyages en avion et recours à d’autres modes de chauffage : de telles recommandations rencontrent parfois une certaine opposition, qualifiées par l’opposition d’extrême droite d' »écologie punitive ».
Cependant, la ministre a réagi, affirmant : « Attention, cette stratégie n’est pas une manière d’imposer des changements de mode de vie, elle met en avant les leviers déjà en place : développer davantage les pompes à chaleur, encourager l’utilisation de véhicules électriques… » Elle a ajouté : « Notre objectif est de bâtir un consensus social autour d’une décarbonation accessible. »
Certains objectifs spécifiques peuvent paraître ambitieux en raison de leur proximité dans le temps. Dans cette Stratégie nationale bas-carbone, il est notamment mentionné « 2040-2045 : sortie du pétrole » et « 2050 : fin du gaz fossile ».
La réduction de la dépendance aux importations d’hydrocarbures est un objectif largement approuvé, qui bénéficiera à la production nationale d’électricité, notamment renouvelable. L’objectif est d’atteindre 55 % d’électricité dans la consommation énergétique d’ici 2050, contre 37 % en 2023.
« Grâce à une électricité décarbonée en abondance, nous sommes dans une situation très favorable pour agir, tant pour le climat que pour notre compétitivité, notre indépendance énergétique et notre prospérité », a déclaré Benoît Leguet, directeur de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE).
Concernant le secteur des transports, l’électrique doit également progresser. Le gouvernement vise une part de 15 % de voitures électriques sur les routes d’ici 2030. En 2050, seuls les transports aériens continueraient à émettre du CO2, selon la Stratégie. Les marchandises seront transportées par des camions électriques, des trains et des péniches.
L’agriculture représente un autre domaine d’action essentiel pour la France. Les recommandations vont de « plus de fruits et légumes, et de légumineuses » dans l’alimentation à « réduire l’intensité carbone de l’élevage », notamment par le retour aux pâturages. De plus, le gouvernement souhaite « réduire le gaspillage alimentaire de 50 % d’ici 2030 par rapport à 2015 ».
Dans le secteur industriel, il s’agira de « réindustrialiser en décarbonant la production », et de « faire évoluer les modes de consommation pour réduire la demande en processus intensifs en carbone ».

