Jane Goodall défend la cause des chimpanzés.
Jane Goodall, primatologue britannique, est décédée mercredi à l’âge de 91 ans. En 1965, elle obtient un doctorat en éthologie à l’Université de Cambridge, sans avoir aucun diplôme universitaire préalable.
Ambassadrice des chimpanzés, la primatologue britannique Jane Goodall, décédée mercredi à l’âge de 91 ans, a transformé la perception de l’homme sur sa place dans la nature et a sans relâche milité pour la cause environnementale.
Infatigable, Jane Goodall parcourait encore le monde pour défendre les chimpanzés, ces grands singes qu’elle avait commencé à étudier en Tanzanie il y a plus de 60 ans, alors que le pays était encore le protectorat britannique du Tanganyika.
« Nous savons ce que nous devons faire. Nous avons les outils nécessaires. Mais nous nous heurtons à la pensée à court terme du gain économique, contraire à la protection à long terme de l’environnement », a déclaré Goodall. Lors de chaque conférence, elle accueillait son public avec une imitation précise du cri du chimpanzé, ses longs cheveux argentés repliés. Messagère de la paix des Nations unies depuis 2002, elle ne passait plus que quelques semaines par an dans le parc national tanzanien de Gombe, où avait débuté sa carrière scientifique.
Jane Goodall est née à Londres le 3 avril 1934, deux ans après l’Américaine Dian Fossey, qui avait consacré sa vie aux gorilles des massifs congolais et rwandais. Secrétaire de formation et naturaliste autodidacte, la jeune femme se rend pour la première fois en Afrique, invitée par des amis propriétaires d’une ferme au Kenya.
En 1957, elle rencontre Louis Leakey, conservateur du Musée national kényan et célèbre paléoanthropologue. Ce dernier lui propose d’observer des chimpanzés au bord du lac Tanganyika, un environnement similaire à celui de nos ancêtres. Grâce à sa persévérance, Jane Goodall parvient à se faire accepter par ces singes, devenant presque l’une d’entre eux.
Les scientifiques traditionnels sont choqués en lisant ses premiers rapports où elle utilise des noms tels que David Barbe-Grise, Flo, Mike, Mac Gregor, au lieu de sigles ou de numéros. Elle détaille la complexité de leur société et découvre qu’ils sont omnivores, et non végétariens.
En observant un chimpanzé utiliser une tige pour attraper des termites, elle devient la première à prouver que ces grands singes fabriquent des outils, une compétence jusque-là considérée comme réservée à l’Homme.
« Il faut désormais redéfinir l’Homme, redéfinir l’outil, ou accepter le chimpanzé comme humain », lui écrit Louis Leakey, qui l’envoie à l’Université de Cambridge où elle obtient un doctorat en éthologie en 1965, sans avoir de diplôme universitaire préalable. Avant elle, seules sept personnes avaient sauté les étapes dans cette institution prestigieuse.
En 1964, elle épousa le photographe néerlandais Hugo van Lawick, qui immortalisa son travail pour des magazines tels que Life et National Geographic. Le couple a un fils, Hugo, surnommé « Grub » (« asticot »).
« Chez les chimpanzés, il y a un lien extrêmement étroit entre la mère et l’enfant. La mère est constamment avec l’enfant, et j’ai élevé Grub de cette façon. Jusqu’à ses trois ans, je ne l’ai jamais laissé seul une journée entière. » Son deuxième mari, Derek Bryceson, directeur des parcs nationaux tanzaniens, entre dans sa vie en 1973 et décède sept ans plus tard d’un cancer.
Tout au long des années 70, Jane Goodall devient une figure emblématique de l’activisme pour la nature. En 1977, elle fonde son institut pour gérer des centres d’accueil pour les chimpanzés victimes du braconnage. Elle initie également le programme « ChimpanZoo » pour améliorer les conditions de vie des primates captifs, et le programme « Roots and Shoots » en 1991, qui sensibilise les jeunes à l’environnement.
En 2022, Mattel sort une Barbie à son effigie. « Je suggère depuis longtemps que les filles ne veulent pas seulement être des stars de cinéma. Beaucoup d’entre elles, comme moi, veulent être dans la nature à étudier les animaux. » Dans une tribune du Monde durant le Covid-19, elle fait le lien entre la pandémie et « notre manque de respect pour le monde naturel ».
Végétarienne convaincue, elle dénonce sans relâche les atteintes à la biodiversité. « Nous savons ce que nous devons faire. Nous avons les outils nécessaires. Mais nous nous heurtons à la pensée à court terme du gain économique, contraire à la protection à long terme de l’environnement. »
« Je ne prétends pas être capable de résoudre les problèmes », déclarait-elle à l’AFP en 2024. « Mais si nous regardons l’alternative, qui est de continuer à détruire l’environnement, nous sommes condamnés. »

