Maroc

Incident du caïd giflé : la femme impliquée risque une « sanction exemplaire », estime un juriste

L’affaire remonte au mercredi 19 mars, lorsqu’un caïd relevant de la 7e annexe administrative de Témara a été pris à partie par une femme, accompagnée de son mari et d’un groupe de personnes. Une vidéo, largement relayée sur les réseaux sociaux, montre une jeune femme d’une vingtaine d’années giflant l’agent d’autorité à plusieurs reprises. Les réactions indignées ne se sont pas fait attendre, de même que les interrogations sur les motivations de ce comportement et ses conséquences.

Le 24 mars dernier, l’émission « Istichara Kanounia », diffusée sur MedRadio, a accueilli l’avocat Saïd Naoui pour analyser les implications juridiques de cet incident. Le juriste a entamé son intervention en rappelant que toute réaction, même face à une provocation, devait impérativement s’inscrire dans le cadre légal. Insistant sur le fait que la loi reste l’unique rempart contre l’escalade de la violence, l’avocat a souligné la nécessité, autant pour les autorités que pour les citoyens, de respecter les règles juridiques en vigueur afin de préserver l’ordre public.

La légalité doit primer sur la provocation

Dans son analyse, Saïd Naoui a insisté sur le fait que rien ne justifie le recours à la violence, laquelle reste condamnable en toutes circonstances. « Ce n’est pas parce qu’un acte vous provoque que vous devez y répondre par une violence », a-t-il souligné. Tout en reconnaissant l’émoi suscité par cet événement, il a rappelé que toute réaction doit impérativement s’inscrire dans le cadre légal. Selon lui, même face à des situations susceptibles de susciter une forte émotion, la réponse doit être rationnelle et toujours conforme à la loi. « Il y a des garanties juridiques », a-t-il précisé, insistant sur l’importance de suivre les procédures légales et de ne pas se laisser emporter par la colère ou la frustration. « Les gens doivent comprendre que la réaction légale est la seule voie à suivre », a-t-il ajouté.

L’examen juridique de l’affaire

À travers sa lecture des faits, l’avocat a souligné la responsabilité, autant pour les autorités que pour les citoyens, de se conformer aux principes fondamentaux de la loi dans la gestion de telles situations. Me Naoui a également précisé que le Code pénal prévoit des sanctions strictes en cas d’agression contre un agent de l’État. Selon lui, l’article 263 dispose que : insulter, menacer ou agresser un agent public dans l’exercice de ses fonctions est passible d’une peine de prison et d’une amende. Ces dispositions légales visent à garantir le respect de l’autorité publique tout en encadrant les comportements pouvant être considérés comme une atteinte à l’ordre public, a rappelé l’avocat, prédisant un jugement exemplaire à l’encontre de la femme en question.

Les responsabilités du caïd et la notion d’équilibre

Dans son analyse, Saïd Naoui a également abordé la question de la responsabilité des agents d’autorité, notamment dans le contexte de la gestion des conflits et des agressions. « Toute intervention doit être faite avec des moyens légaux », a précisé l’avocat, rappelant que les caïds doivent, eux aussi, respecter la loi et ne pas abuser de leur position. « Certes, on ne peut pas humilier un agent d’autorité, mais de même, l’agent d’autorité ne doit pas non plus humilier le citoyen », a-t-il insisté, soulignant la nécessité de préserver la dignité de tous les citoyens, quel que soit leur statut. Me Naoui a ajouté qu’il est essentiel de maintenir un équilibre dans la gestion des conflits, afin d’éviter que de petites erreurs ne se transforment en problèmes plus graves pouvant conduire à des procès regrettables.

Le juriste a tenu à préciser que les caïds sont parfois confrontés à des situations difficiles, et que la gestion de celles-ci requiert beaucoup de tact et un grand sens de la responsabilité. « Ce qui s’est passé à Témara est inadmissible : asséner des gifles à un caïd est inacceptable. Je salue ce caïd qui s’est retenu face à cette agression », a-t-il souligné.

Ce que dit le Code pénal

Article 263 : «Est puni de l’emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 250 à 5.000 dirhams, quiconque, dans l’intention de porter atteinte à leur honneur, leur délicatesse ou au respect dû à leur autorité, outrage dans l’exercice de leurs fonctions ou à l’occasion de cet exercice, un magistrat, un fonctionnaire public, un commandant ou agent de la force publique, soit par paroles, gestes, menaces, envoi ou remise d’objet quelconque, soit par écrit ou dessin non rendus publics

Article 267 : «Est puni de l’emprisonnement de trois mois à deux ans, quiconque commet des violences ou voies de fait envers un magistrat, un fonctionnaire public, un commandant ou agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions ou à l’occasion de cet exercice.»