Hausse des prix du poisson : C’est la loi de l’offre et de la demande (Zakia Driouich)
Au moment où la grogne populaire contre les prix élevés du poisson ne cesse de monter, force est de constater que le gouvernement n’a entrepris jusqu’à présent aucune initiative de nature à réguler le marché des produits de la mer, qui reste en proie aux spéculateurs et intermédiaires. Tout ce qu’il a pu faire, c’est de rappeler que les prix des poissons restent soumis aux lois du marché, notamment celles de l’offre et de la demande. Une justification qui peine à convaincre une opinion publique de plus en plus exaspérée de l’incapacité du gouvernement à protéger son pouvoir d’achat. D’autant que l’initiative de «Moul L7out» (un jeune Marrakchi qui propose la sardine à 5 DH en évitant le circuit des intermédiaires) a mis à mal l’argumentaire du gouvernement et montré à quel point la spéculation est la principale cause de la cherté du poisson.
Les raisons de la hausse selon le gouvernement
Dans le même ordre d’idées, elle s’est félicitée des efforts déployés pour structurer la vente en gros et renforcer la professionnalisation des distributeurs. Elle a évoqué aussi le renforcement des infrastructures – avec la création de nouveaux marchés de gros et la digitalisation des enchères. Elle a en outre rappelé les mesures prises pour améliorer l’approvisionnement et la distribution des produits de la pêche. «Le Maroc dispose désormais de 70 marchés de gros de poisson situés dans les ports, aux points de débarquement et dans les villages de pêcheurs, dont 14 marchés de nouvelle génération représentant un investissement de 635 millions de dirhams. À cela s’ajoutent 10 marchés de gros hors ports ainsi que deux nouveaux marchés en cours de réalisation dans les provinces de Fès et Nador, pour un investissement total de 655 millions de dirhams», a souligné la responsable gouvernementale dans sa réponse, précisant que l’objectif affiché est de structurer le marché intérieur et de garantir une meilleure traçabilité des produits via la digitalisation du système de vente aux enchères dans 34 marchés, en attendant la généralisation de cette mesure.
Il faut dire que tous ces efforts sont indéniables, sauf que le consommateur final ne voit pas l’impact de ces «progrès» qui ne résolvent pas un problème fondamental, celui des marges excessives.
Le poisson congelé comme solution ?
Avec l’avènement du mois sacré, l’Exécutif a reconduit son initiative annuelle «le poisson à prix raisonnable», visant à encourager la consommation de poisson congelé. Mais cette mesure, mise en place depuis six ans, soulève une question de fond : pourquoi les Marocains, dont le pays dispose d’un littoral riche et de ressources maritimes abondantes, devraient-ils se contenter de poisson congelé faute de pouvoir s’offrir du poisson frais ? Une question d’autant plus légitime que le Maroc a importé en 2023 environ 113.000 tonnes de poisson selon la secrétaire d’État. Pour la responsable gouvernementale, ces importations avaient pour but d’alléger la pression sur le marché intérieur, en alimentant les unités de valorisation et de mise en conserve. Avec un volume de débarquements atteignant 1,42 million de tonnes en 2024 et une progression annuelle de 1,7% depuis 2010, les Marocains sont en droit de se poser des questions sur les vraies raisons de l’envolée des prix de cette denrée très prisée des petites bourses comme des grandes.