Maroc

Gestion de crises : la recette de Nacer Arji pour faire face aux aléas avec pragmatisme et proactivité

pour le Maroc ? C’est la question centrale de ce débat. De

, l’émission a permis d’examiner les enjeux stratégiques actuels. «Le monde évolue à une vitesse époustouflante devant nous», déclare d’abord

, citant Ibn Khaldoun pour mettre en évidence cette rapide évolution des civilisations. Il a souligné que cette accélération forçait les pays à développer une capacité d’adaptation et de prévision-anticipation sans précédent.

Une Décision Royale dictée par la nécessité

La première annonce marquante citée lors de ce débat concerne l’appel de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à éviter le sacrifice de l’aïd Al-Adha cette année. Une mesure inédite que Nacer Arji qualifie de «courageuse et visionnaire», prise en réponse aux effets du changement climatique et à l’état du cheptel marocain. «Vu les années de sécheresse successives, cette décision est un acte de responsabilité envers l’ensemble de la nation», a-t-il précisé. L’invité de Rachid Hallaouy a par ailleurs souligné que cette mesure visait également à limiter la spéculation sur le prix du bétail et à protéger les ménages les plus vulnérables.

S.M. le Roi invite les Marocains à s'abstenir d’accomplir le rite du sacrifice de l’Aïd Al Adha cette année

Nacer Arji a également mis en avant le lien entre cette décision et la stratégie plus large du Maroc en matière de transition écologique. «Cette décision est un signal fort qui s’inscrit dans une vision durable de préservation des ressources», a-t-il expliqué. En effet, face aux défis liés aux changements climatiques, le Maroc doit adapter ses pratiques agricoles et de consommation pour éviter une crise alimentaire future. Dans cet esprit, ce type de décision pourrait devenir plus fréquent à l’avenir si des politiques plus résilientes ne sont pas mises en place, met en garde l’invité de Rachid Hallaouy.

Trump 2 : imprévisibilité et pragmatisme à l’ordre du jour

Le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche alimente de nombreuses interrogations. Loin d’être simplement imprévisible, le Président américain est décrit par Nacer Arji comme un homme qui maîtrise désormais les rouages du pouvoir et qui pourrait accélérer la mise en œuvre de ses décisions. «Il faut comprendre que Trump n’est plus un novice en politique. Il a appris de son premier mandat et sait maintenant comment manœuvrer pour imposer ses choix en un temps record», affirme l’invité avant de mettre en avant la nécessité pour le Maroc d’anticiper les orientations de Trump 2, notamment en matière de commerce international et de coopération militaire.

«Nous devons être prêts à naviguer dans une diplomatie où les relations bilatérales primeront sur les grandes alliances multilatérales», avertit M. Arji. À ce propos, il rappelle que Trump privilégie les accords directs, ce qui signifie que le Maroc devra renforcer sa présence à Washington pour défendre ses intérêts. «Il faut comprendre que Trump raisonne en termes de transactions. Chaque pays doit prouver son utilité stratégique pour espérer maintenir un partenariat privilégié», a-t-il ajouté.

Le Maroc face aux recompositions géopolitiques

L’émission a également exploré la politique étrangère de Trump en Ukraine et ses potentielles répercussions sur l’Afrique. Selon Nacer Arji, le Président américain, fidèle à sa logique transactionnelle, pourrait chercher à redéfinir les relations bilatérales sur le continent. «Il ne faut pas se faire d’illusions : Trump considère les relations internationales sous un prisme économique. Pour lui, chaque soutien doit être justifié par un retour sur investissement tangible», a-t-il expliqué.

Le Maroc, qui bénéficie d’une relation historique avec les États-Unis et d’un accord de libre-échange unique en Afrique, se trouve en position avantageuse. «Notre pays peut tirer parti de cette dynamique en renforçant son rôle de hub économique et logistique», poursuit M. Arji avant de souligner la nécessité d’un engagement diplomatique accru pour garantir la pérennité du soutien américain à la marocanité du Sahara. «L’approche marocaine repose sur la constance et la cohérence. C’est en maintenant un dialogue actif et structuré que nous pourrons pérenniser les acquis diplomatiques des dernières années», a-t-il insisté.

L’impact positif possible des tensions commerciales sur l’économie marocaine

Avec la décision de surtaxer les importations européennes et chinoises, Donald Trump pourrait involontairement créer un levier de développement pour le Maroc. «Les États-Unis veulent réduire leur dépendance vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement asiatiques. Cela ouvre une fenêtre d’opportunité pour le Maroc, notamment dans les secteurs de l’industrie automobile et aéronautique», a souligné Nacer Arji.

C’est pour ces raisons qu’il a insisté sur l’importance d’une politique d’attractivité des investissements étrangers : «Nous devons nous positionner comme une alternative crédible en matière de production industrielle pour les entreprises américaines cherchant à relocaliser hors d’Asie». Le pays pourrait capitaliser sur son rôle important dans la transition énergétique mondiale, notamment grâce au développement des énergies renouvelables. «Le Maroc, avec son savoir-faire en énergies vertes, peut capter des investissements stratégiques dans un contexte où les États-Unis cherchent à diversifier leurs fournisseurs», a-t-il précisé.

Une diplomatie marocaine proactive est nécessaire

L’invité de l’émission a mis en exergue la nécessité pour le Maroc d’adopter une posture à la fois ferme et agile face aux mutations mondiales. «Les cycles diplomatiques sont de plus en plus courts et exigeants», rappelle Nacer Arji. Tout en insistant sur l’impératif d’un positionnement stratégique clair, il a rappelé que le Maroc devait continuer à renforcer ses alliances régionales tout en restant pragmatique dans ses relations avec les grandes puissances. «Nous devons être proactifs et éviter d’attendre que les décisions se prennent sans nous», a-t-il insisté.

Selon l’invité de «L’Info en Face», le Maroc a aujourd’hui une opportunité unique de s’affirmer comme un acteur central en Afrique et dans le bassin méditerranéen. Entre crise climatique, recomposition géopolitique et opportunités économiques, le Royaume dispose des atouts nécessaires pour transformer ces défis en leviers de croissance et de rayonnement international. «L’histoire nous enseigne que ce sont les nations qui anticipent et innovent qui réussissent à tirer leur épingle du jeu. Le Maroc doit impérativement s’inscrire dans cette dynamique», conclut Nacer Arji.