France : le Sénat approuve un texte ciblant Shein et la fast fashion

Pour être mis en oeuvre, le texte doit désormais faire l’objet d’un accord députés–sénateurs lors d’une commission mixte paritaire (CMP) attendue à l’automne. Entre temps, la Commission européenne aura été notifiée et aura pu adresser des observations à la France sur ce dossier parfois complexe.
Pénalités pour les entreprises polluantes, publicité interdite, influenceurs sanctionnés: la proposition de loi met en place des outils pour limiter ce phénomène en pleine expansion.
Face à « l’invasion » de la mode « ultra éphémère », cette proposition de loi est « un bon point de départ pour agir au niveau européen », a salué la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, promettant une notification à la Commission européenne pour sécuriser juridiquement la démarche.
Particulièrement visée, la plateforme Shein est accusée de vendre des vêtements très polluants et fabriqués dans des conditions de travail déplorables. L’entreprise basée à Singapour, se distingue des acteurs historiques par la multiplication de ses produits, avec 7.220 nouvelles références par jour en moyenne, selon une analyse réalisée par l’AFP du 22 mai au 5 juin. Un chiffre à comparer aux quelque 290 nouvelles références quotidiennes dans la catégorie « vêtements femmes » et 50 dans celle « vêtements hommes« , du site du suédois H&M.
L’ambition du Sénat comme du gouvernement français est donc de cibler Shein plutôt que H&M, l’espagnol Zara ou encore le français Kiabi, une volonté assumée que certains ont regrettée, notamment à gauche ou à l’Assemblée nationale.
La vision des sénateurs a été critiquée par Shein: « On se retrouve finalement avec une loi anti-Shein, et anti-clients de Shein. Cette loi, si elle vient à passer, pénalisera directement le portefeuille de nos clients et réduira drastiquement leur pouvoir d’achat« , a assuré Quentin Ruffat, porte-parole de l’entreprise en France.
Une fois le texte adopté au Sénat, une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sénateurs et députés, devrait être convoquée à la rentrée. Ils seront chargés d’aboutir à un texte commun, préalable à l’adoption définitive de cette loi.
Accusé tour à tour de pollution environnementale, de pratiques commerciales trompeuses, de concurrence déloyale, d’incitation à la surconsommation, de travail indigne dans les usines de ses fournisseurs voire de travail forcé, Shein est devenu le symbole de tous les maux de l’ultra fast fashion.
Dernière action en date, le 5 juin, 25 associations européennes de consommateurs ont déposé une plainte contre l’entreprise auprès de la Commission européenne pour « pratiques litigieuses ».