Maroc

Fin des concours d’accès aux masters : place à une sélection nationale sur dossier

Afin de rompre avec les scandales ayant terni l’image de certaines universités, notamment le scandale de la vente de diplômes à l’université Ibn Zohr d’Agadir et le limogeage de son président, le ministère de l’Enseignement supérieur a décidé de mettre fin aux concours écrits et oraux d’accès aux masters. Une réforme majeure du cycle master entre ainsi en vigueur après la publication dans le Bulletin officiel du 14 août 2025 de l’arrêté (n°1891.25) du 25 juillet 2025 (29 Moharram 1447) portant approbation du cahier des normes pédagogiques de ce cycle.

Qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans l’université marocaine ?

Sur le thème «Former pour transformer : enseignement supérieur et industrie», le Forum des économistes du Parti du progrès et du socialisme a organisé, le 24 juin dernier à Rabat, un débat qui a disséqué en profondeur les maux de l’université marocaine. Mohammed Amine Sbihi, membre du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, professeur à l’Université Mohammed V et ancien ministre de la Culture, a fait à cette occasion un diagnostic sans concession du système universitaire marocain, identifiant les lacunes qui grèvent sa compétitivité et les moyens de les surmonter. Alors que l’université marocaine – qui ne brille ni par sa gouvernance ni par son esprit d’innovation – est considérée par beaucoup comme un «refuge», M. Sbihi a plaidé pour en faire un véritable «moteur» de développement, d’innovation et d’excellence.

La grande nouveauté consiste en la suppression des concours écrits et oraux pour accéder au master. L’accès se fera uniquement sur dossier, en fonction des notes et moyennes obtenues durant le cycle licence. Chaque filière accréditée doit établir une fiche descriptive précisant ses critères de sélection. Les décisions seront prises par des commissions présidées par les doyens ou leurs représentants, composées d’enseignants du cycle.

La réforme ne se limite pas à l’admission. Elle définit également la structure et les règles pédagogiques du master, de manière détaillée et uniforme pour toutes les universités :

  • La formation de master dure quatre semestres.
  • Elle correspond à 120 crédits capitalisables et transférables.
  • Les unités d’enseignement sont organisées selon un système national harmonisé de notation et de validation, commun à toutes les universités.
  • Un projet de fin d’études (PFE) est obligatoire au quatrième semestre et doit être soutenu devant un jury.

Ces dispositions s’appliquent à toutes les filières accréditées dans les universités relevant du ministère, qu’elles soient publiques ou privées, et entreront en vigueur dès la rentrée universitaire 2025-2026. L’objectif est d’établir un cadre transparent, lisible et équitable, en supprimant les disparités locales et en mettant fin aux pratiques contestées qui entouraient certains concours d’accès.

L’inscription restera gratuite pour les étudiants, alors que les fonctionnaires devront continuer à payer des frais dans le cadre du système du « temps aménagé », qui sera généralisé à toutes les facultés.