Fin de l’exigence du bac pour les agents de sécurité et d’hygiène des hôpitaux publics (CDT)


Le Syndicat national des agents de sécurité, de propreté et de cuisine relevant de la Confédération démocratique du travail (CDT) a annoncé, dans un communiqué daté du 25 août, que le ministère de la Santé a supprimé l’exigence du baccalauréat dans les cahiers des charges des marchés externalisés de gardiennage, de propreté et de restauration des hôpitaux publics. Désormais, le niveau collège suffira, et la situation sociale des candidats sera également prise en compte.
Le syndicat rappelle avoir interpellé le ministre le 19 août pour dénoncer des critères « éliminatoires », déconnectés de la réalité d’un secteur marqué par la précarité. Derrière cette exigence, la centrale voyait le risque d’écarter des centaines d’agents expérimentés qui travaillent de longues heures pour des salaires dérisoires, souvent sans couverture sociale ni protection juridique.
Interrogée par Le Matin, Loubna Najib, secrétaire générale du syndicat, explique :« Il est absurde d’exiger le bac à des agents qui travaillent douze heures par jour pour 1.500 à 2.500 dirhams, souvent en dessous du SMIG, et qui doivent faire vivre leurs familles. Si cette condition avait été maintenue, beaucoup auraient perdu leur emploi au profit de titulaires du bac, alors que ce métier repose avant tout sur une formation pratique et une organisation rigoureuse du travail. »
Mais cette annonce ne suffit pas à masquer un constat plus dérangeant, un secteur livré à lui-même sans véritable cadre légal : « Faute de loi, les agents demeurent exposés aux licenciements arbitraires et au monopole des entreprises sur leurs droits, tandis que les commissions de contrôle, trop peu nombreuses, peinent déjà à suivre toutes les entreprises prestataires impliquées ; dans les petites villes, le suivi est presque inexistant », déplore la secrétaire générale.
>>Lire aussi : Hôpitaux publics : comment les agents de sécurité dictent leur loi
L’introduction initiale de la condition du baccalauréat répondait sans doute à une volonté de rehausser le profil de ces métiers et de leur donner davantage de crédibilité. Mais la véritable crise est ailleurs. Dans les hôpitaux publics, les patients dénoncent depuis des années un manque de formation des agents, des comportements autoritaires, du favoritisme, et, dans les cas les plus graves, des pratiques de racket aux portes des services.
Pour le syndicat, l’exigence d’un diplôme ne saurait résoudre ces dysfonctionnements structurels. La réponse réside dans la mise en place d’une formation continue et adaptée, d’un encadrement clair des missions et surtout dans l’adoption d’un cadre légal garantissant droits et responsabilités. À cela s’ajoute la nécessité d’un dispositif de contrôle rigoureux et permanent, afin de prévenir les abus et d’assurer un accueil digne, tant pour les patients que pour les agents eux-mêmes, en première ligne du fonctionnement des hôpitaux publics.

